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Débordé par la fast-fashion, le secteur du recyclage des vêtements est en crise
23/03/2025

Recylcage de vêtements, illustration. (HENDRIK SCHMIDT / DPA)
Les dons de vêtements sont d'autant plus nombreux à cause de l'essor de la fast-fashion, l'achat de vêtements de mauvaise qualité jetés très rapidement. Sauf que plus personne n'en veut. Rencontre avec des acteurs du secteur dans les Bouches-du-Rhône.
C'est bientôt l'heure du ménage de printemps. L'occasion de faire le tri dans ses placards et de déposer des sacs de vêtements dans des bornes de collecte. Chaque année, 270 000 tonnes de textiles sont ainsi récupérées en France, mais les associations caritatives croulent sous les dons. La filière de recyclage du textile est en crise, à l'image de ces associations et entreprises des Bouches-du-Rhône, littéralement submergées par la fast-fashion, ces vêtements que l'on achète et que l'on jette aussi vite.
Il faut imaginer des montagnes de sac de vêtements empilés : "Il y en a partout", pointe Lisa Coinus, couturière et bénévole à la ressourcerie d'Arles. Ici, les vêtements prennent la pluie dehors faute de place pour tout stocker et la ressourcerie a même dû payer pour en jeter, au risque de faire faillite. "On a dû envoyer en déchetterie plus de 10 tonnes de linge humide et moisi, ce qui représente plus de 7 000 euros de dépense, raconte Lisa Coinus. Comme on a encore plus de 10 tonnes qui sont dehors et que personne ne veut récupérer, on se retrouve dans une situation pas très simple."
La ressourcerie d'Arles est débordée par les dons de vêtements, notamment de fast-fashion. (MATHILDE VINCENEUX / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Elle estime que "toutes les associations sont noyées, sans exception", et que "tant qu'on consommera des vêtements à outrance, au bout de la chaîne ça ne pourra pas se passer normalement".
"Des vêtements portés deux fois"
Dans la masse, difficile de trouver les bonnes pièces à revendre ou à réparer : "Il y a de plus en plus de vêtements de fast-fashion : les marques Shein, H&M... Ce sont des vêtements qui ont été portés deux fois", détaille la bénévole. Le constat est le même sur le tapis roulant de l'un des plus gros centres de tri de textile de la région, Provence TLC, à Vitrolles, près de Marseille. Inès Castillo contrôle la qualité et constate qu'elle "baisse excessivement" : "C'est beaucoup de synthétique..."
"On sent même le plastique", ajoute Zeynep Gules, directrice de Provence TLC. C'est ici qu'arrivent les vêtements jetés par les particuliers dans les 700 bornes de collecte de la région. "À l'époque, on se finançait avec la qualité des textiles qu'on arrivait à bien revendre à des friperies. Il y avait au moins 30 % de vêtements de très bonne qualité. Avec la fast-fashion, on n'est plus qu'à 3 %", se désole-t-elle.
Concurrence chinoise
Autre difficulté pour l'entreprise : réussir à vendre la friperie. En France, 90 % de la seconde main se revend à l'export, en Afrique notamment, mais le marché international est désormais inondé par la fripe chinoise. "Par exemple, il y avait le Niger avec lequel on pouvait travailler, reprend Zeynep Gules. Mais la Chine a pris le monopole et a fait interdire l'importation de friperies européennes. Maintenant, ce n'est que la Chine qui peut envoyer des vêtements."
La concurrence internationale est aussi rude pour les vêtements recyclés "en chiffon ou en isolant", explique la directrice. Les industriels préfèrent racheter des textiles recyclés à moindre coût à l'étranger.