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Les concentrations de gaz à effet de serre font un nouveau bond et atteignent un sommet inégalé en 2023

11/11/2024

Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record en 2023, ce qui expose la planète à une hausse des températures pendant de nombreuses années. Avec une hausse de plus de 10 % en à peine 20 ans, le dioxyde de carbone (CO2) s’accumule dans l’atmosphère plus rapidement que jamais dans l’histoire de l’humanité. 

Messages clés

  • Les concentrations de CO2 ont augmenté de 11,4 % en l’espace de 20 ans
  • La longue durée de vie du CO2 dans l’atmosphère accélère le réchauffement
  • El Niño et les incendies de végétation ont alimenté la hausse à la fin de l’année 2023
  • L’efficacité des puits de carbone tels que les forêts ne peut être considérée comme acquise
  • Une meilleure compréhension des rétroactions carbone-climat est nécessaire

Selon le Bulletin annuel de l’OMM sur les gaz à effet de serre, au cours de 2023, d’importantes émissions de CO2 dues aux feux de végétation et une éventuelle réduction de l’absorption du carbone par les forêts se sont ajoutées aux émissions toujours aussi élevées de CO2 provenant des combustibles fossiles et des activités humaines et industrielles pour entraîner une augmentation des émissions.

En 2023, la concentration moyenne de CO2 à la surface du globe a atteint 420 parties par million (ppm), celle du méthane (CH4)1 934 parties par milliard (ppb) et celle de l’oxyde nitreux (N2O) 336,9 ppb. Ces valeurs atteignent respectivement 151 %, 265 % et 125 % des niveaux préindustriels (avant 1750). Elles sont calculées sur la base des observations à long terme du réseau de stations de surveillance de la Veille de l’atmosphère globale (VAG).

«Une autre année. Un autre record – et un autre signal d’alarme pour les décideurs. Nous nous éloignons clairement de l’objectif de l’Accord de Paris, qui consiste à limiter le réchauffement de la planète à bien moins de 2 °C et à viser 1,5 °C au-dessus des niveaux de l’ère préindustrielle. Il s’agit de bien plus que de simples statistiques. Chaque ppm et chaque fraction de degré d’augmentation de la température ont un impact réel sur nos vies et notre planète», a déclaré Mme Celeste Saulo, Secrétaire générale de l’OMM. 

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère a été plus élevée en 2023 qu’en 2022, mais plus faible que les trois années précédentes. Le taux d’accroissement annualisé de 2,3 ppm en fait la 12e année consécutive enregistrant une augmentation supérieure à 2 ppm.

Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre est l’une des publications phares de l’OMM destinées à informer la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP); il en est à sa 20e édition. Au cours de cette période, le niveau de CO2 a augmenté de 11,4 % (42,9 ppm) par rapport au niveau de 377,1 ppm enregistré en 2004 par le réseau de stations de surveillance de la VAG de l’OMM. 

Le Bulletin sur les gaz à effet de serre rend compte des concentrations de gaz à effet de serre, plutôt que des niveaux d’émission. L’analyse des données montre qu’un peu moins de la moitié des émissions de CO2 reste dans l’atmosphère. Un peu plus d’un quart est absorbé par les océans et un peu moins de 30 % par les écosystèmes terrestres – bien que ces chiffres varient considérablement d’une année à l’autre en raison de phénomènes naturels tels qu’El Niño et La Niña. 

Le Bulletin sur les gaz à effet de serre complète le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Ces deux documents ont été publiés en prévision de la COP 29 qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan.

Pendant les années d’épisode El Niño, les niveaux de gaz à effet de serre ont tendance à augmenter car la plus grande sécheresse de la végétation et les incendies de forêt réduisent l’efficacité des puits de carbone terrestres. 

«Nous sommes confrontés à un cercle vicieux, met en garde le Bulletin. La variabilité naturelle du climat joue un rôle important dans le cycle du carbone. Mais les écosystèmes pourraient très bientôt devenir des sources plus importantes de gaz à effet de serre sous l’effet du changement climatique. Les incendies de forêt pourraient libérer davantage d’émissions de carbone dans l’atmosphère, tandis que l’océan plus chaud absorberait moins de CO2. Par conséquent, davantage de CO2 pourrait rester dans l’atmosphère et accélérer le réchauffement de la planète. Ces rétroactions climatiques constituent des préoccupations majeures pour l’humanité», a déclaré Mme Ko Barrett, Secrétaire générale adjointe de l’OMM.

De 1990 à 2023, le forçage radiatif – l’effet de réchauffement sur notre climat – dû aux gaz à effet de serre persistants a augmenté de 51,5 %, le CO2 représentant environ 81 % de cette augmentation, selon l’indice annuel d’accumulation des gaz à effet de serre de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), cité dans le Bulletin de l’OMM. 

Tant que les émissions se poursuivront, les gaz à effet de serre continueront à s’accumuler dans l’atmosphère, entraînant une augmentation de la température mondiale. Compte tenu de la durée de vie extrêmement longue du CO2 dans l’atmosphère, le niveau de température déjà observé persistera pendant plusieurs décennies, même si les émissions nettes sont rapidement ramenées à un niveau égal à zéro.

La dernière fois que la Terre a connu une concentration comparable de CO2 remonte à 3 à 5 millions d’années, lorsque la température était de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer de 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui.


Évolution de la valeur moyenne à l’échelle du globe de la concentration de CO2 a) et de son taux d’accroissement b) de 1984 à 2023. Les colonnes ombrées en b) font apparaître les différences entre les moyennes annuelles successives. La ligne rouge en a) correspond à la moyenne mensuelle, après élimination des variations saisonnières; les points et la ligne en bleu en a) correspondent aux moyennes mensuelles.

 

Évolution de la valeur moyenne à l’échelle du globe de la concentration du CH4 a), et de son taux d’accroissement b) de 1984 à 2023. Les colonnes ombrées en b) font apparaître les différences entre les moyennes annuelles successives. La ligne rouge en a) correspond à la moyenne mensuelle, après élimination des variations saisonnières; les points et la ligne en bleu en a) correspondent aux moyennes mensuelles.

Évolution de la valeur moyenne à l’échelle du globe de la concentration de N₂O a), et de son taux d’accroissement b) de 1984 à 2023. Les colonnes ombrées en b) font apparaitre les différences entre les moyennes annuelles successives. La ligne rouge en a) correspond à la moyenne mensuelle, après élimination des variations saisonnières; sur ce graphique, la ligne rouge chevauche les points et la ligne en bleu qui correspondent aux moyennes mensuelles.

Dioxyde de carbone

Le CO2 est le gaz à effet de serre le plus important dans l’atmosphère à cause des activités humaines, représentant environ 64 % de l’effet de réchauffement sur le climat, principalement en raison de la combustion de combustibles fossiles et de la production de ciment.

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère enregistrée en 2023 a été plus élevée qu’en 2022, mais plus faible que les trois années précédentes. Le taux d’accroissement annualisé de 2,3 ppm en fait la 12e année consécutive affichant une augmentation supérieure à 2 ppm, et la hausse enregistrée en 2023 est l’une des plus importantes (2,8 ppm).

L’augmentation du CO2 à long terme est due à la combustion de combustibles fossiles, mais il existe des variations annuelles dues à El Niño-oscillation australe, qui influe sur l’absorption du CO2 par la photosynthèse, sur son rejet par la respiration et sur les incendies. En mai 2023, la Terre est passée d’un épisode La Niña de trois ans à un épisode El Niño.

En 2023, les émissions mondiales de carbone dues aux incendies ont été de 16 % supérieures à la moyenne, ce qui les place au 7e rang de toutes les saisons des incendies depuis 2003. Le Canada a connu la pire saison des incendies de forêt jamais enregistrée. D’août à octobre 2023, l’Australie a connu le trimestre le plus sec jamais observé, avec de graves incendies de forêt.

Méthane

Le CH4 est un puissant gaz à effet de serre qui demeure dans l’atmosphère pendant une dizaine d’années.

Le CH4 représente environ 16 % de l’effet de réchauffement des gaz à effet de serre persistants. Environ 40 % des rejets de CH4 dans l’atmosphère sont d’origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et environ 60 % d’origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, exploitation de combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse, etc.).

La croissance du CH4 atmosphérique en 2023 a été plus faible qu’en 2022, mais elle a atteint un niveau record pour la période de cinq ans. Une analyse détaillée indique une augmentation des émissions provenant de sources telles que les zones humides et l’agriculture, qui pourrait être due, du moins en partie, à la rétroaction climatique en cours qui accroît encore les émissions de gaz à effet de serre provenant des systèmes naturels.

Oxyde nitreux

Le N2O est à la fois un puissant gaz à effet de serre et un produit chimique qui appauvrit la couche d’ozone. Il représente environ 6 % du forçage radiatif induit par les gaz à effet de serre persistants.

Ses émissions dans l’atmosphère sont d’origine naturelle (environ 60 %) et humaine (environ 40 %), provenant notamment des océans, des sols, de la combustion de biomasse, des engrais et de divers processus industriels.

Quant au taux d’accroissement du N2O entre 2022 et 2023, il a été inférieur à celui observé entre 2021 et 2022, qui était le plus élevé de l’époque moderne.

Notes aux rédacteurs

Le Programme de la Veille de l’atmosphère globale (VAG) de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) coordonne les observations systématiques et les analyses des gaz à effet de serre et d’autres constituants de l’atmosphère. Les données de mesure des gaz à effet de serre sont archivées et diffusées par le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre (CMDGS), qui est hébergé par le Service météorologique japonais.

Un rapport distinct sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions a été publié par le PNUE le 24 octobre. Le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions analyse les dernières études scientifiques sur les émissions de gaz à effet de serre actuelles et prévues. Il les compare aux niveaux d’émissions autorisés pour que le monde progresse sur une trajectoire à moindre coût afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Cette différence entre «la situation future probable et la situation dans laquelle nous devrions être» est connue sous le nom d’écart d’émissions.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Clare Nullis  I  Attachée de presse de l’OMM  I  cnullis@wmo.int  I  +41 79 709 13 97

WMO Strategic Communication Office Media Contact I media@wmo.int

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