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Le bois-énergie, quelle place dans la transition environnementale ?

31/03/2021

Le bois-énergie, quelle place dans la transition environnementale ?

Première source d’énergie renouvelable produite en France, le bois-énergie occupe une place de poids dans la transition environnementale. Il contribue en particulier à décarboner la production de chaleur, largement dépendante des énergies fossiles. Co-produit de l’exploitation du bois, sa place doit être envisagée dans une logique circulaire prenant en compte l’ensemble des usages du bois. En réponse à l’urgence climatique, son usage devrait progresser : l’occasion de renforcer la gestion durable des forêts, sans laquelle aucun usage du bois ne serait possible. 

Une énergie renouvelable aux multiples usages

Bûche, plaquette forestière, ou granulés ? Quelle que soit sa forme, le bois-énergie est plus que jamais la première source d’énergie renouvelable produite en France. Cette utilisation du bois comme combustible pour produire de l’énergie représente 40% des énergies renouvelables produites en France. Il en existe plusieurs utilisations, à commencer par le chauffage : 70% de la production de chaleur renouvelable provenait du bois énergie en 2017, selon France Bois Forêt.

Des millions de foyers sont concernés : 7,4 millions de résidences sont équipés d’un chauffage au bois, et 400 000 logements utilisent les réseaux de chaleurs au bois pour leur chauffage ou la production d’eau chaude. Le bois-énergie est également impliqué dans la production des biocarburants de deuxième génération : la cellulose, l’hémicellulose et la lignine, trois composés présents naturellement dans le bois, sont transformés en glucose puis en éthanol.

Ces biocarburants ont vocation à se substituer aux carburants provenant d’énergies fossiles. Le bois énergie peut aussi produire de l’électricité grâce à la cogénération : la chaleur produite est alors utilisée pour chauffer un circuit d’eau qui entraîne une turbine et produit de l’électricité. Le bois-énergie représente ainsi près de 32% de la biomasse-énergie en France. Celle-ci représente plus de 55% de la production d’énergie finale, rappelle le site du Ministère de la transition écologique, et contribue donc fortement à la réduction de notre consommation d’énergies fossiles.

Un enjeu de taille, à l’heure où « nos besoins en chaleur, soit 42% de notre consommation énergétique, restent couverts à près de 80% par des énergies fossiles », rappellent Jean-Louis Bal et Michel Druilhe, respectivement président du Syndicat des énergies renouvelable et président de France Bois Forêt, dans une récente tribune. Une raison qui fait « du bois un levier essentiel pour décarboner notre production de chaleur ».

Bois-énergie et logique circulaire

Mais ce levier qu’est le bois-énergie ne doit pas faire oublier l’essentiel, à savoir que c’est toute une filière qui est ici impliquée. Si le bois-énergie joue un rôle déterminant dans la transition environnementale, celui-ci n’arrive qu’en bout de chaîne, après toute une série d’utilisation du bois comme matériau de construction ou produit d’emballage par exemple.  Une notion qu’il est important de maîtriser pour bien comprendre la place du bois-énergie au sein de la transition énergétique.

Pour Jean-Louis Bal et Michel Druilhe, « la production d’énergie intervient en bout de chaîne, valorisant les parties de l’arbre qui n’ont pas d’autres débouchés et contribuant à l’équilibre économique de toute la filière ».

Des propos que confirme Charles Gazan, propriétaire forestier privé en Normandie,  en charge d’un massif forestier de 100 hectares : « Lorsque l’on exploite une forêt pour produire de la ressource bois, c’est dans le but de vendre du bois d’œuvre car c’est celui qui a la plus forte valeur monétaire. Le bois énergie représente seulement un complément de revenu ». Des revenus nécessaires pour faire face aux coûts d’entretien de ces forêts privées.

La place du bois-énergie doit en réalité être envisagée dans une logique circulaire : utiliser le bois à des fins énergétiques n’intervient qu’après optimisation des usages précédents. Une logique vertueuse qui renforce les avantages finaux du bois-énergie, en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du bois : stockage du carbone dans les objets en bois, effet de substitution aux énergies fossiles qui viennent se cumuler avec la photosynthèse.

Une approche retenue dans la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), qui reconnaît les avantages des matériaux biosourcés dont le bois en s’appuyant sur cette analyse de cycle de vie dynamique : « Le principe d’ACV dynamique a été retenu par le gouvernement pour la RE2020, nous nous en félicitons. Cette méthode va permettre de mieux répondre aux enjeux de la stratégie bas carbone », se réjouit Frédéric Carteret, président de l’Union des Industriels et Constructeurs Bois (UICB).

Pas de bois-énergie sans gestion durable des forêts

Pour répondre à l’urgence climatique, nul doute que le bois-énergie joue un rôle croissant dans les années à venir. Au risque d’un impact négatif sur les forêts françaises ? Pas si l’on en croit une étude IGN/FCBA/ADEME sur la disponibilité forestière pour l’énergie et les matériaux à l’horizon 2035, selon laquelle 19,8 millions de m3 de bois supplémentaires pourraient être mobilisés annuellement, sans entamer la pérennité de la forêt. Car la forêt continue de s’accroître à un rythme moyen de 85 000 hectares par an depuis 1985, selon le memento inventaire forestier de l’IGN 2018, qui estime que la forêt française métropolitaine progresse de 0,7% par an depuis 1985.

Une pérennité de la forêt indissociable d’une gestion durable. C’est en permettant le renouvellement permanent du stock de bois que cette gestion durable donne au bois-énergie son caractère renouvelable.

Au point que les forêts non gérées durablement ne parviennent plus à jouer leur rôle de « poumon vert » : une étude publiée le 4 mars 2020 dans la revue Nature par une équipe de chercheurs du Musée royal de l’Afrique centrale et de l’Université de Leeds a montré que la forêt amazonienne, faute d’exploitation, verrait sa capacité à absorber le carbone tomber à zéro avant 2035.

Alors comment concilier essor du bois-énergie et pérennité des forêts françaises ? En privilégiant cette gestion durable des forêts, selon Jean-Louis Bal et Michel Druilhe : « La forêt a aussi besoin de l’homme, plus qu’avant, face à un changement climatique dont les manifestations requièrent un entretien adapté, qui, sous l’égide d’un code forestier exigeant, permet d’accroître ce patrimoine vivant ».

Très concrètement, cet entretien passe par des éclaircies, coupes sélectives qui permettent d’éliminer les espèces malades ou blessées, ou par des coupes de régénération qui participent au renouvellement des peuplements.

En particulier, le produit des coupes sanitaires, constitué de bois de petite taille ou de faible qualité, est valorisé sous la forme de bois-énergie. Celui-ci participe ainsi au renouvellement des peuplements et donc à la bonne santé économique de toute la filière. Celle-ci, dans son ensemble, représente 392 000 emplois en France.

www.lemondedelenergie.com


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