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la baisse du niveau des lacs aussi problématique que l'élévation du niveau des océans

21/01/2021

la baisse du niveau des lacs aussi problématique que l'élévation du niveau des océans

Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne                Crédit : Faik Nagiyev / Pixabay - Licence : CC0

Le réchauffement climatique est principalement redouté parce qu'il augmente le niveau moyen des océans, ce qui menace l'intégrité des littoraux et d'importantes activités et concentrations humaines. Cependant, l'augmentation des températures menace également le niveau des lacs. Une conséquence redoutable et pourtant largement méconnue.

Alors que le réchauffement climatique entraîne l'augmentation du niveau moyen des mers et océans, des températures plus élevées auront l'effet inverse en ce qui concerne les étendues d'eau douce fermées.

Autrement dit, le changement climatique en cours fait diminuer le niveau de l'eau dans les lacs qui pourront même s'assécher. Une conséquence majeure qui ne bénéficie pas de l'attention qu'elle mériterait selon Matthias Prange, Thomas Wilke de l'Université Justus Liebig de Gießen, et Frank P. Wesselingh de l'Université d'Utrecht et du Naturalis Biodiversity Center Leiden (Pays-Bas).

Selon la base de données GLOWABO, il y aurait environ 117 millions de lacs sur l'ensemble de la surface du globe (hors zones glaciaires). Ils couvrent une superficie totale d'environ 5 millions de km2, soit 3,7 % de la surface terrestre.

Grâce à GLOWABO, les chercheurs ont pu montrer qu'en terme de superficie, ce sont les grands lacs et ceux de tailles intermédiaires qui dominent.

L'exemple dramatique de la mer Caspienne

La mer Caspienne est un important réservoir d'eau régional entouré par le Kazakhstan, le Turkménistan, l'Iran, l'Azerbaïdjan et la Russie. Malgré sa teneur en sel relativement élevée, elle est une ressource essentielle pour ses 100 millions de riverains et un carrefour de biodiversité.

La mer Caspienne, située en Asie occidentale, est la plus grande étendue d'eau fermée avec une superficie de 371 000 km². En raison de sa salinité relativement élevée (12 g de chlorures par litre d'eau contre 38g dans l'océan), la Caspienne est considérée comme une mer même si elle n'a pas de débouché avec l'océan. Son plus grand affluent est la Volga.

Or, le plus grand lac du monde devient de plus en plus petit chaque année. Depuis les années 1990, le niveau de l'eau baisse de quelques centimètres chaque année. Cette baisse s'accélérera au cours des prochaines décennies.

Le niveau d'eau est déterminé par les influences des affluents qui se déversent dans le lac, des précipitations et de l'évaporation. Le réchauffement climatique entraîne une augmentation de l'évaporation, ce qui entraîne une baisse du niveau de l'eau.

Selon l'ampleur du réchauffement climatique, le niveau d'eau de la mer Caspienne pourrait baisser de 9 à 18 mètres au cours de ce siècle. 18 mètres, c'est une diminution d'un tiers de la superficie de la mer Caspienne.

En outre, cela affectera les écosystèmes uniques de la région, avec leurs oiseaux migrateurs, le béluga et le phoque endémique de la Caspienne, qui élève ses blanchons sur la banquise au nord de la mer Caspienne. Cela aura également des conséquences désastreuses pour les millions de personnes vivant près de la mer et autour des rivières qui en dépendent, "les économies de tous les pays limitrophes seraient affectées, y compris les ports, la pêche et la pisciculture." précise Matthias Prange. Les tensions géopolitiques seront également exacerbées.

"La mer Caspienne peut être considérée comme représentative de nombreux autres lacs dans le monde. Beaucoup de gens ne savent même pas qu'un lac intérieur se rétrécit considérablement en raison du changement climatique, comme l'indiquent nos modèles", ajoute Matthias Prange.

Les auteurs de cette étude soulignent que le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ne tient pas compte des lacs et encore moins des conséquences sociales, politiques et économiques du réchauffement climatique sur les régions lacustres. "Cela doit changer. Nous avons besoin de plus d'études et d'une meilleure compréhension des conséquences du réchauffement climatique." dans la région de la mer Caspienne.

C'est pourquoi, les auteurs insistent pour que la mer Caspienne soit étudiée pour évaluer la vulnérabilité de certaines régions à la baisse des niveaux d'eau. Pour cela, ils proposent la constitution d'un groupe de travail mondial pour élaborer et coordonner des stratégies entre les états riverains, sous l'égide du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement).

L'article propose également que les « fonds internationaux pour le climat » pourraient offrir une possibilité de financement de projets et de mesures d'adaptation si les changements du niveau du lac sont clairement attribués au changement climatique.

Les chercheurs insistent sur le besoin de sensibiliser aux conséquences du changement climatique sur les mers intérieures et les lacs afin que des stratégies appropriées puissent être développées, y compris des approches pour d'autres grands lacs et régions confrontés à des défis similaires.

Les lacs deviennent des zones mortes qui émettent des gaz à effet de serre

Autre écueil : en raison de l'utilisation des terres et du changement climatique, les lacs et les réservoirs dans le monde connaissent une forte diminution des concentrations d'oxygène dans leurs eaux de fond.

Si la première conséquence est immédiate pour la vie aquatique qui disparaît et la qualité de l'eau qui régresse, cela engendre aussi une augmentation des concentrations en méthane, un puissant gaz à effet de serre.

D'après une étude menée par des chercheurs de Virginia Tech et publiée dans Limnology and Oceanography Letters, de faibles concentrations d'oxygène dans les lacs et les réservoirs du monde entier, se traduisent par des teneurs plus élevées en méthane, ce qui entraînera un réchauffement climatique plus important.

Partout dans le monde, un certain nombre d'études ont mis en évidence la modification du cycle du carbone dans les écosystèmes terrestres et marins. Cependant, cette étude est l'une des rares à aborder ce phénomène dans les lacs et les réservoirs, qui sont souvent négligés dans les bilans carbone.

La principale cause de la perte en oxygène des étendues d'eau fermées, provient de leur eutrophisation à cause de l'épandage massif d'engrais utilisés dans l'agriculture.

www.notre-planete.info


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