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Eclairage : un relamping tout en led

20/11/2021

Eclairage : un relamping tout en led

Depuis cinq ans, les collectivités engagent le « relamping » de leurs terrains extérieurs avec des leds. Efficaces, celles-ci respectent les exigences des sportifs, en réduisant la consommation et la maintenance. Pour limiter la pollution lumineuse, des opérateurs prônent des systèmes intelligents et un travail avec les usagers.

Comme un mouvement inéluctable, les collectivités mènent depuis trois à cinq ans de vastes opérations de “relamping”, ou relampage de leurs terrains sportifs extérieurs. « Les demandes d’aide pour le remplacement du sodium ou du iodure par des leds sur les courts extérieurs ont augmenté ces trois dernières années », constate Nicolas Maignan, ingénieur de la fédération française de tennis (FFT).  L’enjeu écologique et économique est énorme. Alors qu’en France, l’éclairage représente plus de 10 % de la consommation nationale totale d’électricité selon l’Ademe (1), la technologie promet une réduction de 50 à 70% de la consommation, avec des coûts d’installation qui, s’ils restent importants, ont baissé ces dernières années, pouvant avoisiner 50 000 € pour un petit stade, jusqu’à 100 000 euros pour un grand.

Maintenance réduite

« Au stade du Hameau, qui accueille le Top 14 en rugby et, parfois, des matchs de ligue 2 de foot, on prépare le passage en led. Un relamping complet des 190 projecteurs se chiffre à 100 000 euros, explique Guilhem Massip, chargé de la transition énergétique à la communauté d’agglomération de Pau, qui a créé une cellule énergie en 2003 – devenue référente en éclairagisme – et qui transfère depuis 2015 tous ses éclairages en led dont, depuis 2018, ceux des équipements sportifs extérieurs. Il faut analyser le coût global de tels investissements et, d’abord, l’énorme écart de consommation. »

Pour l’ingénieur, également expert de l’association française de l’éclairage (AFE), qui pointe que « le passage en led prévient les difficultés d’approvisionnement que risque d’engendrer la fin de la production de certaines lampes par les fabricants », la nouvelle technologie augmente la durée de vie des luminaires (on table, selon les usages, sur 50 000 à 100 000 heures, ndlr) et annule presque leur maintenance qui, dit-il « devient vite compliquée et onéreuse lorsque des prestataires interviennent en haut d’un mât avec des nacelles.  Cela va accélérer le retour sur investissement ».

Au Grand Châlon, qui a lancé cette année un programme de rénovation de terrains de foot et de rugby qui intègre, en 2022-2023, le passage des lampes au sodium au Led, Gilles Vechambre, directeur des sports, espère aussi de fortes économies de maintenance, « souvent effectuée en nacelle, voire par des cordistes ces dernières années ». Même volonté de limiter l’impact et le coût de la consommation et de la maintenance à Chambéry, où la ville qui a engagé une campagne pour tout passer en led, « qui aidera aussi à faire homologuer les terrains pour organiser des rencontres de foot en soirée et désengorger les stades le dimanche après-midi », souligne Christophe Valentino, le directeur des sports.

Répondre aux exigences des « fédés »

« Avec les leds, on gagne en puissance, en précision et en homogénéité, poursuit-il. Et on module plus facilement les niveaux d’éclairement selon les besoins, de l’entraînement à la compétition retransmise par la télé ». Les règlements fédéraux se réfèrent à la norme NF 12 193 et requièrent, selon les types d’usage, des valeurs d’intensité d’éclairage, mais aussi une homogénéité de lumière sur l’ensemble du terrain et de limitation d’éblouissement. Ainsi, en tennis, au-delà des 300 lux requis sur des terrains extérieurs, « il s’agit d’éviter l’éblouissement et de bien éclairer la balle jusqu’à 7 mètres de hauteur, souligne Nicolas Maignan, à la FFT, donc d’être attentif à la hauteur de poteaux ou au positionnement des leds sur les clôtures ». En athlétisme, avec une même problématique de hauteur pour les lancers et des valeurs de lux variant selon les classes d’événements, Christian Charpentier, président de la commission des équipements sportifs de la Fédération française (FFA), voit aussi dans le recours aux leds un grand intérêt pour, en phase d’entraînement, « opérer des réglages sectoriels et éclairer les ateliers d’athlétisme sans éclairer le stade, ou la moitié de la piste, selon des besoins des entraîneurs ».

La lumière juste

Pour Guilhem Massip, les leds « permettent de moduler l’intensité la lumière, mais aussi de mieux orienter les lentilles et les flux lumineux pour les focaliser sur des points et travailler à une meilleure homogénéité ». Pour autant, pondère le responsable qui recommande aux communes ayant beaucoup d’équipement de se doter de compétences en éclairagisme, « il faut maîtriser ces flux et mettre le strict nécessaire, au moment nécessaire, chercher un équilibre pour éviter les éblouissements et effets de halo générés par une trop grande intensité de lumière et qui peuvent aussi nuire à la biodiversité ».

Dans le même sens, Laurent Gascard, responsable pôle Paysage et Aménagement de l’agence d’architecture Chabanne, observe que « les leds offrent une excellente capacité de dimensionnement de la lumière selon les usages. Et que les systèmes intelligents de gestion centralisée élargissent la gamme de fonctionnalités, du simple allumage/extinction à, par exemple, la variation d’intensité de l’éclairement selon l’horaire et les besoins. Cela aide à maîtriser les faisceaux ou des halos parasites ». Dès la conception ou l’installation des équipements, ajoute-t-il, « il importe aussi de s’enquérir des besoins des usagers pour construire un schéma qui cherche l’équilibre entre l’exigence d’éclairement, souvent forte en sport et la réduction des gênes »…

Avec les usagers

Associer les usagers à la réflexion sur l’éclairage est au cœur du travail de Nicolas Houel, docteur en urbanisme nocturne et consultant à Nantes qui, en 2019 dans le cadre d’une thèse (2), a mené un travail en vue d’éclairer le skate parc de Vincent-Gâches, en bord de Loire, avec le service des sports de la ville de Nantes et la Samoa (société publique locale en charge de l’aménagement de l’île de Nantes). Sur une période d’environ six mois, le chercheur, Morvan Dupont, chef de projet Nantes Terrain de jeux et la Samoa ont construit un dialogue avec des représentants des trois pratiques du lieu, le skate, le parkour et le street workout, en trois étapes : exposition des demandes, élaboration d’une proposition, évaluation terrain.

Dans ce lieu en bord de Loire, il s’agissait d’accorder la demande d’un meilleur système d’éclairage de la part des sportifs au respect de l’environnement : le fleuve et un hôtel proche. « Dès le premier rendez-vous avait été fixé un cadre avec les enjeux d’éclairement de la collectivité : ne pas éclairer vers la Loire ni en direction du ciel et éteindre l’éclairage après 22h30 pour ne pas gêner les locataires de l’hôtel, note Nicolas Houel. Nous avons posé les bases d’un éclairage respectueux, à partir desquelles se sont ensuite construits les échanges avec les usagers, puis l’élaboration d’un schéma d’éclairage, inauguré en septembre 2019 ».

www.lagazettedescommunes.com

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