Le salon des Solutions
environnementales & énergétique du
Grand Est
Les Actualités
Valoriser le bois qui ne l’est pas : la start-up Melia s’installe à Mulhouse
08/11/2024
Matthias Najjar, co-fondateur de Melia
Matthias Najjar, l’un des cofondateurs aux côtés de Lucas Lindecker, précise : « D’ici 2028, on prévoit d’en avoir une dizaine un peu partout en France. » Les deux entrepreneurs se sont connus « en prépa au lycée Kléber à Strasbourg avant de faire nos carrières à Paris ». Devenus ingénieurs énergéticiens, ils souhaitaient apporter leur contribution au chantier de la décarbonation. D’abord attirés par la « replantation de haies », une action bénéfique pour l’environnement, ils ont vite écarté cette option faute de rentabilité. Ils se sont alors orientés vers la filière du « bois non-forestier » et trouvé leur voie : créer un moyen de chauffage à partir de déchets verts. Leur première ligne de production de pellets verra le jour au Sud de Mulhouse, à Hirsingue, sur le site d’Agrivalor.
Actuellement, les granulés sont majoritairement issus des forêts et fabriqués à partir de sciure de bois. « La valorisation est bonne, mais on pourrait produire autre chose avec », souligne Matthias Najjar. Melia a pour ambition de valoriser le bois peu ou pas exploité, celui qui arrive sur les plateformes de compostage via les professionnels ou les particuliers qui déposent leurs déchets verts en déchetterie. Au lieu de finir en compost, chargé en minéraux et émettant du CO2, ce bois pourrait être mieux utilisé. La matière première sera composée uniquement de branchages d’une certaine taille, excluant les résidus de tonte. « Dans notre processus, le bois va être prétraité pour enlever les feuilles et les autres résidus. Ensuite, nous ajoutons de la sciure de résineux avant de tout transformer dans une presse à granulés », détaille Matthias Najjar. Grâce à ce procédé, la start-up espère produire « 3 000 tonnes par an d’ici 2025 ». Il leur faut d’abord boucler leur levée de fonds de 1,7 million d’euros.
Les granulés produits cibleront principalement les copropriétés et les municipalités équipées de grosses chaudières à pellets. « Parce qu’on a un taux de cendre un peu plus élevé que le granulé forêt. À un prix similaire, les particuliers ne voudront pas davantage nettoyer leur poêle », explique le cofondateur, confiant dans les débouchés. Une vingtaine de clients potentiels auraient déjà manifesté leur intérêt. Parmi eux, les responsables d’une communauté de communes du Haut-Rhin, qui souhaitent rester anonymes pour l’instant. « Notre avantage, c’est qu’on sera dans une économie circulaire totale », explique l’un des représentants. Valoriser leurs propres déchets verts permettra de créer un combustible décarboné pour leur chaudière, réduisant ainsi leur dépendance aux fournisseurs traditionnels. « On importe 1 pellet sur 5 en France et il y a et aura encore des tensions sur le marché », observe Matthias Najjar. Melia s’engage à proposer un tarif « pris à un instant T sur le cours du marché et fixé sur la durée du contrat ».
Marine Dumeny / journaldelindustrie