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Quels sont les effets de la pollution de l’air sur la santé ?
10/11/2024
La pollution de l'air entraîne le développement de nombreuses maladies respiratoires et cardiovasculaires. © RomanWhale studio / Adobe Stock
La pollution atmosphérique est responsable de la mort prématurée de millions de personnes à travers le monde. Asthme, cancers, AVC… l’air pollué favorise le développement de nombreuses pathologies, notamment en raison des particules fines qu’il contient.
Chaque année en France, 40 000 personnes décèdent à cause de la pollution atmosphérique. L’air est un élément essentiel à la vie et, chaque jour, un adulte en inhale entre 10 000 et 20 000 litres. Mais selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 99 % de la population mondiale vit dans des endroits où la qualité de l’air ne respecte pas les standards préconisés. Les polluants contenus dans l’air peuvent être d’origine naturelle, comme la poussière ou les pollens, ou d’origine humaine : trafic routier, industrie, agriculture… Et leur impact sur la santé n’est pas négligeable.
Sur le long terme, la pollution atmosphérique a une influence sur le développement de maladies respiratoires qui peuvent être graves. La réduction de la capacité respiratoire, l’augmentation de la réactivité des bronches et une croissance cellulaire anormale peuvent entraîner une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), mais également des cancers comme celui du poumon. Selon l’OMS, en 2019, 18 % des décès prématurés liés à la pollution de l’air étaient dus à des BPCO, et 11 % à des cancers des voies respiratoires. Et 36 % des cancers du poumon seraient liés à la pollution.
Les particules fines, un danger "invisible" et "inodore"
Si les affections du système respiratoire dues à la pollution semblent évidentes, d’autres le sont beaucoup moins. Les polluants de l’air impactent négativement le rythme cardiaque, la pression artérielle et la coagulabilité sanguine, ce qui peut entraîner des maladies coronariennes, tel que l’infarctus du myocarde, et des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Selon l’OMS, cela représente même 37 % des décès imputés à la pollution de l’air.
À plus court terme, l’exposition aux polluants peut provoquer des irritations des yeux, du nez ou de la gorge, et favoriser ou aggraver des pathologies respiratoires chroniques comme l’asthme ou les bronchites.
" Au banc des accusés, principalement, les particules émises par le diesel, fines à ultra-fines, qui pénètrent très profondément dans l’appareil respiratoire et peuvent même passer à travers les vaisseaux et se retrouver dans la circulation "
De toutes les particules polluantes présentes dans l’air, ce sont les particules fines qui représentent le plus gros danger "car elles sont de l’ordre du nanomètre soit un milliardième de mètre", explique dans un communiqué le Dr Fabrice Nesslany, directeur du laboratoire de toxicologie génétique de l’Institut Pasteur de Lille. Elles échappent donc aux filtres naturels de l’organisme. "Invisibles, inodores, elles se logent dans les alvéoles des poumons […]. Au banc des accusés, principalement, les particules émises par le diesel, fines à ultra-fines, qui pénètrent très profondément dans l’appareil respiratoire et peuvent même passer à travers les vaisseaux et se retrouver dans la circulation".
Ces particules peuvent également absorber des allergènes qu’elles amènent ensuite très profondément dans le système respiratoire, ce qui va aggraver l’inflammation des poumons et amplifier les pathologies respiratoires telles que l’asthme.
Les transports en commun, véritables réservoirs de particules fines
Les particules fines sont présentes dans l’air extérieur, notamment lors de pics de pollution, mais également en intérieur. En particulier dans les stations de transports en commun. D’une part, en raison du prélèvement de l’air extérieur qui s’effectue depuis des grilles au niveau de la chaussée, où l’air est particulièrement chargé en particules issues du trafic routier. D’autre part, les trains souterrains génèrent également des particules fines à cause du freinage, mais aussi de l’usure des roues et des rails. Selon une campagne effectuée par le magazine Vert de Rage, en moyenne, les usagers du métro parisien doublent leur exposition journalière aux particules fines.
Au niveau mondial selon l’OMS, la pollution extérieure et la pollution intérieure — qui comprend aussi, dans une moindre mesure, celle des logements et autres locaux fermés — sont responsables chaque année de la mort prématurée de près de 7 millions de personnes. Mais des initiatives se développent.
Pour limiter la pollution extérieure liée aux véhicules thermiques les plus polluants, comme les moteurs diesels, de plus en plus d’agglomérations mettent en place des zones à faibles émissions (ZFE) dans lesquelles seuls les véhicules les plus propres peuvent rouler. Et si de nombreux Français s’opposent à ce système, par crainte d’un accroissement des inégalités sociales et territoriales, des études ont prouvé leur efficacité. Les ZFE permettraient de diminuer l’asthme ou le faible poids de naissance chez les enfants, catégorie d'âge la plus touchée par la pollution de l'air.
Le 9 octobre dernier, la Cour d’appel de Paris a d’ailleurs rendu deux décisions inédites qui confirment le lien entre la gestion défaillante de la lutte contre la pollution de l’air par l’État et les préjudices sanitaires subis par deux enfants. Une décision "qui fera date", se réjouissent les avocats de l’une des familles, puisqu’il s’agit "de la première indemnisation de victimes de la pollution de l’air en France".