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Le projet de H2V en Moselle, mirage ou réalité ?

03/12/2024

Le projet de H2V en Moselle, mirage ou réalité ?

©La Semaine

Spécialiste de la production d’hydrogène vert, H2V projette de construire d’ici 2030 une usine de production d’hydrogène vert et de fabrication de carburant de synthèse pour le transport maritime et aérien, sur la ZAC de l’Europort de Thionville-Illange. Un projet ambitieux à 800 millions d’euros qui tâtonne. 

Il suffit parfois d’un grain de sable pour enrayer une belle mécanique ou plutôt un grand projet. L’implantation d’une usine de production de e-carburant sur la ZAC Europort à Illange-Thionville, sur la zone du Parc à fonte, un terrain de 31 hectares, est toujours dans les cartons pour H2V, mais la décarbonation de l’industrie n’est pas une partie de plaisir et pourrait remettre pas mal de choses en questions. « L’idée de départ visait à produire de l’hydrogène vert (obtenu par électrolyse de l’eau avec des énergies renouvelables) destiné à alimenter le monde industriel et des flottes de poids lourds. Nos études ont montré que les besoins étaient moindres que prévus, notamment car la décarbonation de l’industrie patine. Les grands groupes se posent des questions, il faut le dire. La décarbonation a un coût qui implique des subventions (qui font défaut à l’échelon national comme européen) alors que les Chinois et les Américains ont fortement augmenté les leurs », a reconnu Alexis Martinez, directeur général H2V, lors d’une récente conférence de presse visant à faire le point sur l’avancée du projet d’usine de production annoncé du côté de la ZAC de l’Europort (Thionville-Illange). Autre frein également évoqué par le dirigeant : le prix de l’électricité qui est trop élevé et ne permet pas à l’hydrogène décarboné d’être financièrement compétitif. L’électricité représente trois quarts de son prix de revient.

Copie revue et corrigée

Les feux ne sont donc pas vraiment au vert, mais H2V (propriété de la société d’investissement indépendante Samfi-Invest) n’est pas du genre à baisser les bras à la première contrariété et cherche à s’adapter au marché, avec un projet alternatif, revu légèrement à la baisse. L’usine initiale de 400 MW (4 unités de production de 100 MW) pourrait laisser place à un projet d’usine de production d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau d’une capacité de 200 MW et de carburant de synthèse (e-méthanol). « L’ambition est de produire, dès 2030, 28 000 tonnes d’hydrogène vert destinés à produire 150 000 tonnes d’e-méthanol », précise le groupe. Autre précision importante, le site sera alimenté par de l’électricité renouvelable ou bas-carbone grâce au raccordement de RTE, via une liaison souterraine de 225 000 volts et par du CO2 biogénique capté dans l’industrie, le traitement des déchets ou grâce aux nombreux méthaniseurs locaux.

Vers un hub de la décarbonation ?

Le projet développé fait donc partie d’une stratégie plus globale visant à créer un « hub de la décarbonation pour la France et une grande partie de l’Europe » . Avec trois autres projets, à Dunkerque, Le Havre et Fos-sur-Mer qui connaissent également des tâtonnements à différents niveaux. Ce fameux Hub pourrait donc encore évoluer au fil du temps, compte tenu de l’évolution du marché et du prix de l’énergie, des décisions prises à Bruxelles, des projets portés par les industriels et la concurrence (et il y en a), des évolutions technologiques, des partenariats noués… Pour l’heure, à Thionville, l’année prochaine sera celle de la concertation et du débat public. « La décision finale d’investissement devrait être prise fin 2027 pour un lancement de la production en 2030 », a précisé le dirigeant. 800 millions d’euros d’investissement (contre 550 millions pour le premier projet) sont évoqués avec à la clé la création d’une centaine d’emplois directs. Mais ce qui est annoncé aujourd’hui, en termes d’enveloppe, ne sera peut-être plus vrai demain, faute de visibilité. « On est en train de créer le marché » pour reprendre les termes d’Alexis Martinez, mais sans détenir toutes les clés.

À noter que les autres projets d’investissements en cours sur la ZAC Europort (200 hectares) avancent, a confirmé Jean-Charles Louis même si « c’est long ». Le président de E-Log’in 4 (le syndicat mixte ouvert créé pour développer la ZAC) a également profité de la thématique « décarbonation » du jour pour préciser que la zone d’activités produira sa propre énergie solaire. « 120 000 panneaux solaires seront notamment installés sur les bâtiments du groupe de transport et de logistique Chevallier », a-t-il indiqué.

Fabrice Barbian / journaldelindustrie

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