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Gabriel Attal défend une écologie à la française

05/02/2024

Gabriel Attal défend une écologie à la française

Le Premier ministre lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, ce mardi 30 janvier.

À l'Assemblée nationale, le Premier ministre s'est fait le chantre d'une écologie populaire et non punitive, sans autres perspectives qu'un allègement des normes et de maigres mesurettes en matière d'environnement ou de climat.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a eu beau mentionner les doutes des Français quant à l'avenir de la planète et sa volonté d'accélérer la transition écologique. Il a eu beau évoquer le dérèglement climatique qui « nous frappe, plus dur, plus fort, plus souvent », citer « un environnement plus respirable » parmi les quatre appels à l'action entendus selon lui de la part des Français, difficile de trouver une vision construite de l'écologie dans son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, ce mardi 30 janvier. Pas plus que de nouvelles pistes pour améliorer la biodiversité, protéger les écosystèmes ou accélérer la décrue des émissions de gaz à effet de serre.

Alors que l'évocation d'autres questions, comme l'école ou la santé, a été suivie d'annonces concrètes et précises, souvent assorties d'un calendrier, le domaine environnemental, lui, n'aura eu droit qu'à deux mesures pour le moins marginales : l'institution d'un service civique écologique et la mobilisation à venir des 50 sites les plus consommateurs d‘emballages plastique, afin de les inciter à réduire leur impact, à l'instar de l'action de décarbonation menée avec les 50 sites les plus émissifs de France.

L'environnement version AOC

Se satisfaisant du « bilan solide » de ses prédécesseurs et reprenant la terminologie du président de la République, le Premier ministre s'est au contraire fait le chantre d'une « écologie populaire », « à la française », « non punitive », non douloureuse, à rebours de celle qui, selon lui, « rimait avec nécessité plus qu'avec réalité », avant 2017, ou de celle qui passerait par la décroissance. « On ne fera pas l'écologie contre le peuple », a-t-il affirmé, en ajoutant à titre d'exemple que, pour beaucoup, « la voiture est gage de liberté », mais sans ouvrir aucune piste un peu substantielle.

On ne fera pas l'écologie contre le peuple ” - Gabriel Attal, Premier ministre

Évoquant de manière vague son ambition de continuer à développer les énergies renouvelables, Gabriel Attal a très vite glissé avec beaucoup plus d'enthousiasme vers le sujet du nucléaire. « J'assume d'être à la tête d'un gouvernement pro-énergie nucléaire », a-t-il rappelé, avant de réaffirmer la promesse d'investissements massifs dans les programmes consacrés au sujet. En termes d'adaptation au changement climatique, la moisson n'aura pas été plus riche. Seul projet précis au programme : une évolution du régime de catastrophe naturelle, afin que les territoires les plus à risque ne soient pas abandonnés.

De la souveraineté à la chasse aux normes

Axant essentiellement son discours sur la reconquête de la souveraineté française et européenne, la « matrice de son action », le chef de l'exécutif aura surtout insisté sur la nécessité d'une simplification tous azimuts des normes et des procédures sans offrir aucune garantie qu'elle ne se ferait pas aux dépens de l'écologie. Partant du principe que « trop de délais, c'est moins de projets », Gabriel Attal a ainsi révélé son dessein d'une nouvelle loi « Industrie verte », qui réduirait notamment les modalités de consultation du public en demandant à la Commission nationale du débat public (CNDP) de concentrer ses travaux uniquement sur « des projets d'envergure nationale ».

Même approche pour la question du logement, surtout abordée sous l'angle de l'offre et de la demande. Avec l'ambition de « déverrouiller » le secteur et de « créer un choc d'offres », le Premier ministre a annoncé sa volonté de réviser les normes et les diagnostics de performance énergétique (DPE), sans plus de précisions, de faciliter la densification, de lever les contraintes sur le zonage et d'accélérer les procédures. À cette fin, vingt territoires engagés pour le logement devraient être listés dans deux semaines et expérimenteront cette nouvelle méthode pour y créer 30 000 logements d'ici trois ans. Pas de nouvelles mesures en faveur de la rénovation énergétique, en revanche, si ce n'est une simplification de l'accès à MaPrimRénov'.

La thématique des territoires n'a pas été évoquée autrement. Ces derniers bénéficieront à l'avenir d'une meilleure différenciation et d'une adaptation des normes, a assuré Gabriel Attal. Même vision encore pour ce qui concerne l'agriculture. « Il doit y avoir une exception agricole française », a-t-il avancé, en critiquant, là encore, « l'empilement des normes » et « les décisions qui tombent d'en haut ». Dès cette semaine, l'ensemble des départements français pourront négocier avec les préfets l'abrogation de certains arrêtés, comme cela a été fait en Haute-Garonne. Le Premier ministre a par ailleurs insisté sur son désir de faire respecter les clauses miroir, de se battre à l'échelle européenne contre l'obligation de mettre en place des jachères dans le cadre d'une coalition de vingt-deux pays et d'inscrire dans la loi l'objectif de souveraineté alimentaire. « Un discours au parfum des trente glorieuses », estime France Nature Environnement. Pour le Réseau Action climat, le Premier ministre « est passé à côté du sujet ».

Nadia Gorbatko / actu-environnement.com

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