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Comment Carbios compte devenir le leader mondial du plastique recyclé

07/05/2024

Comment Carbios compte devenir le leader mondial du plastique recyclé

© Carbios

L’entreprise ultra-innovante Carbios a choisi la Meurthe-et-Moselle pour implanter son usine de biorecyclage : 225 millions d’euros pour traiter l’équivalent de 2 milliards de bouteilles plastiques par an, 150 emplois, l’ambition de devenir un leader mondial et un projet salué par Emmanuel Macron… À Longlaville, quelque chose de grand sort de terre.

Les chiffres qui se cachent derrière l’ambition de Carbios en Meurthe-et-Moselle ont de quoi donner le tournis : l’entreprise ultra-innovante basée à Clermont-Ferrand qui a posé la première pierre de son usine de biorecyclage jeudi 25 avril à Longlaville face à 200 personnes vise le traitement de 50 000 tonnes de PET préparés par an. Ça ne vous parle pas ? Le PET, pour polytéréphtalate d’éthylène, est le deuxième plastique le plus utilisé au monde. Aujourd’hui, il est majoritairement fabriqué à base de pétrole. Demain, grâce à la technologie de biorecyclage enzymatique développée par Carbios, le PET ne sera plus issu de l’exploitation pétrolière, mais de ses propres déchets. Autrement dit, il deviendra recyclable à l’infini ou presque. « Nous nous apprêtons à rendre les déchets plastiques circulaires à très grande échelle », affirme Emmanuel Ladent, le directeur général de la structure auvergnate. 50 000 tonnes de PET, c’est l’équivalent de 2 milliards de bouteilles colorées, 2,5 milliards de barquettes alimentaires ou 300 millions de tee-shirts. Un tour de force que n’a pas manqué de saluer Emmanuel Macron sur X le 24 avril.

« Une révolution technologique se concrétise avec la pose de la première pierre de l’usine Carbios à Longlaville : première filière de biorecyclage au monde. Fierté française ! Transition écologique et croissance, fabriqué en France et innovation vont de pair », a indiqué le chef de l’État sur le réseau social.

L’aventure Carbios a démarré en 2011. « On s’est dit qu’il commençait à y en avoir marre de pouvoir admirer les bouteilles en plastique lors des plongées sous-marines », explique le docteur Philippe Poletty, président de Carbios.

« Actuellement nous sommes en capacité de recycler 10 % du plastique. Il en va de la fierté française que d’être capable favoriser les solutions innovantes qui permettront d’améliorer ce ratio. La pollution liée au plastique est un véritable fléau. À ce rythme-là, en 2060, on trouvera plus de plastique que de poissons dans nos océans », regrette Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, dans une vidéo diffusée à l’occasion de la cérémonie. Le ministre a d’ailleurs participé à Ottawa (Canada) au Sommet sur la pollution plastique qui s’est achevé le 29 avril et qui vise à négocier, d’ici fin 2024, un traité mondial de lutte contre la pollution plastique qui soit juridiquement contraignant.

225 millions d’euros et des emplois

« Tout est né suite à une intuition et à de la chance, mais certainement pas grâce à un business plan de polytechnicien », poursuit le président avant d’ajouter : « Soit on se met la tête dans le sable en disant qu’on laissera le sauvetage de la planète à nos enfants, soit on fait du Mélenchonisme en se disant que l’on retourne à l’époque de l’homme Néandertal en faisant de la décroissance ou alors on fait de la très belle science que l’on transforme ensuite en une technologie qui participe au nettoyage de la planète. »

Depuis que Carbios a obtenu son permis de construire en octobre 2023, le calendrier s’est accéléré. L’usine est actuellement en construction sur un terrain officiellement acquis auprès d’Indorama Ventures le 14 février 2024. Ce même mois de février, Carbios et la société De Smet Engineers & Contractors (DSEC) ont annoncé leur collaboration pour mener à bien la construction de l’entité qui devrait être opérationnelle à partir de 2026.

À Longlaville, 150 emplois directs et indirects seront générés pour permettre à Carbios de devenir le « leader mondial du plastique recyclé d’ici 2035 », évoque Philippe Poletty. « Le chantier génèrera aussi de l’emploi. Nous aurons jusqu’à 500 travailleurs pour parvenir à tenir nos délais », continue le président.

225 millions d’euros ont été débloqués pour que le projet puisse sortir de terre. Le financement est assuré à 25 % par l’État et les collectivités. Avec son initiative dans l’air du temps, l’entité auvergnate a notamment pu obtenir un accompagnement à hauteur de 30 millions d’euros par l’État dans le cadre de France 2030, ainsi que 12,5 millions d’euros par la Région Grand Est. Au global, l’entreprise de biotechnologie a réuni 54 millions d’euros d’aides publiques.

Mais où est la caméra cachée ?

L’émergence d’une telle filière industrielle dans le Grand Est apparaît comme une aubaine pour le territoire. « Je me souviens de la première réunion où Carbios nous avait indiqué vouloir implanter son usine chez nous. C’était le 3 février 2022. Sur le coup j’ai réellement cru à une caméra cachée. Quand j’ai compris que le projet était sérieux, je me suis plongé dedans. J’ai compté 35 réunions liées à l’implantation de cette usine », rembobine Hamdi Toudma, le maire de la commune de 2 500 âmes. « Longlaville a longtemps été la route du pétrole. Désormais, nous sommes la ville sans pétrole », se réjouit encore l’élu.

L’histoire sonne comme une belle revanche pour la commune frontière entre le Pays-Haut, la Belgique et le Luxembourg qui a longtemps été surnommée le « Far West » lorrain suite à la restructuration industrielle des années 1970 qui a causé nombre de conflits sociaux et culturels. La fin de l’âge d’or du fer, les débâcles entrepreneuriales… les dernières décennies ont été difficiles. Le territoire se souvient notamment de la société Daewoo accueillie dans les années 1990 pour contribuer à la reconversion sidérurgique. Le groupe coréen bénéficie alors de 40 millions d’euros d’aides publiques directes pour créer trois usines en Lorraine dont une spécialisée dans la fabrication de tubes cathodiques à Mont-Saint-Martin, près de Longwy (600 salariés). Les trois sites fermeront en catastrophe au début des années 2000 et le groupe laissera une ardoise de 153 millions d’euros aux banques et collectivités. « Nous devons détruire les vestiges d’un autre temps, gérer les friches », estime Serge de Carli, président de la communauté d’agglomération de Longwy. Carbios a reçu le message 5 sur 5.

lasemaine

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