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Ces politiques climatiques que Trump ne pourra complètement défaire aux États-Unis
30/11/2024
Donald Trump visite un terminal de gaz naturel liquéfié en construction en Louisiane en 2019. AP Photo/Evan Vucci
Bien qu’il n’ait pas publié de programme en matière de climat, le cahier des charges de Trump la dernière fois qu’il était au pouvoir donne une idée claire de ce qui nous attend. Le futur président devrait sortir de l’accord de Paris et infléchir des décennies d’efforts en matière de diplomatie climatique, mais il n’aura pas entièrement les mains libres sur d’autres aspects de la politique intérieure.
Alors que les États-Unis se préparent à accueillir une nouvelle administration Trump, la politique climatique du pays est sans ambiguïté dans la ligne de mire du futur président.
Bien qu’il n’ait pas publié de programme officiel concernant ses futures mesures sur la question du climat, le cahier des charges de Donald Trump lors de son dernier passage dans le bureau ovale et ses fréquentes plaintes concernant les énergies propres donne un aperçu clair de ce qui nous attend. Malgré tout, le futur pourrait ne pas voir les mains aussi libres qu’il le voudrait.
Sortie de l’accord de Paris en vue
Moins de six mois après le début de son premier mandat, en 2017, Donald Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat – l’accord international de 2015 signé par la quasi-totalité des pays pour lutter contre la hausse des températures et les autres effets du changement climatique.
Cette fois-ci, un risque plus important, mais encore sous-estimé, est que Trump ne s’arrête pas à l’accord de Paris.
Donald Trump lors d’une réunion de l’ONU
Trump à une session du Sommet de l’action climatique des Nations unies en 2019. Lorsqu’il a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat en 2017, il a déclaré qu’il essaierait de renégocier l’accord mondial pour le rendre ce qu’il considérait comme plus équitable pour les États-Unis. AP Photo/Evan Vucci
En plus de sortir à nouveau de l’accord de Paris, Trump pourrait essayer de provoquer le retrait des États-Unis de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ce traité de 1992 est le fondement des négociations internationales sur le climat. Un retrait rendrait presque impossible, pour une future administration présidentielle américaine, de réintégrer la CCNUCC, car cela nécessiterait le consentement des deux tiers du Sénat.
Les répercussions d’une telle mesure se feraient sentir dans le monde entier. L’accord de Paris n’est pas juridiquement contraignant et repose sur la confiance mutuelle et le leadership. La position adoptée par la première économie mondiale influence donc ce que les autres pays sont prêts – ou non – à faire.
Elle confierait également à la Chine le rôle de leader mondial en matière de climat.
Les financements américains destinés à aider d’autres pays à développer les énergies propres et à s’adapter au changement climatique ont augmenté de manière significative au cours de l’administration Biden. Le premier plan américain de financement de la lutte contre le changement climatique prévoyait ainsi 11 milliards de dollars en 2024 pour aider les économies émergentes et en développement.
Les engagements de la U.S. International Development Finance Corporation ont grimpé à près de 14 milliards de dollars au cours des deux premières années de la présidence de Joe Biden, contre 12 milliards de dollars au cours des quatre années de la présidence de M. Trump. Le président sortant s’est également engagé à verser 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat des Nations unies.
Sous la présidence de Trump, tous ces efforts seront probablement réduits à néant, une fois de plus.
Rétropédaler sur les énergies propres ne sera pas si simple
Dans d’autres domaines, toutefois, Trump pourrait avoir moins de succès.
Il s’est beaucoup exprimé en faveur d’un recul des politiques de soutien aux énergies propres. Malgré tout, il lui sera plus difficile de revenir sur les investissements massifs réalisés par l’administration Biden dans les énergies propres, qui sont liés à des investissements indispensables dans les infrastructures et l’industrie manufacturière dans le cadre de la loi sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi et de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).
En effet, ces deux lois ayant été adoptées par le Congrès, Donald Trump aura besoin d’une majorité dans les deux chambres pour les abroger.
Même si les républicains remportent un « trifecta » – en contrôlant les deux chambres du Congrès et la Maison Blanche – l’abrogation de ces lois serait un véritable défi.
Cela s’explique par le fait que les avantages de ces lois profitent largement aux États républicains. Les alliés de Donald Trump dans l’industrie pétrolière et gazière bénéficient également des crédits d’impôt prévus par la loi pour le piégeage du carbone, les biocarburants avancés et l’hydrogène.
Bien que la loi sur la réduction de l’inflation ne puisse peut-être pas être abrogée, elle sera très certainement modifiée. Le crédit d’impôt accordé aux consommateurs qui achètent des véhicules électriques sera probablement supprimé, tout comme la réglementation de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) qui renforce les normes de pollution des gaz d’échappement. Tout cela rendrait les voitures électriques non rentables pour de nombreuses personnes.
Donald Trump pourrait également ralentir les travaux du Bureau du programme de prêts (Loan program office) du ministère de l’énergie, qui a contribué à stimuler plusieurs secteurs de l’énergie propre. Là encore, ce n’est pas une surprise – il l’a déjà fait lors de son premier mandat – mais l’impact serait plus important, étant donné que la capacité de prêt du bureau est passée depuis à plus de 200 milliards de dollars, grâce à la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act).
Jusqu’à présent, seul un quart du total a été distribué, il est donc urgent pour l’administration sortante d’accélérer le rythme avant les débuts de la nouvelle administration Trump en janvier.
« Drill, baby, drill » ?
Donald Trump parle également d’augmenter la production d’énergies fossiles. Il est presque certain qu’il prendra des mesures pour stimuler l’industrie en déréglementant et en permettant le forage pétrolier sur davantage de terres fédérales. Mais les perspectives d’une augmentation massive de la production de pétrole et de gaz semblent faibles.
Les États-Unis produisent déjà plus de pétrole brut que n’importe quel autre pays. Les compagnies pétrolières et gazières rachètent leurs actions et versent des dividendes aux actionnaires à un rythme record, ce qu’elles ne feraient pas si elles voyaient de meilleures opportunités d’investissement.
L’état des marchés suggère aussi une baisse du prix du pétrole, qui pourrait être aggravée par un ralentissement de la demande. En effet, si Trump met à exécution sa menace d’imposer des droits de douane sur toutes les importations, il pourrait provoquer des désordres au plan économique.
Il tentera probablement de revenir sur les politiques climatiques liées à la réduction des énergies fossiles, principales sources des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement planétaire, comme il l’a fait avec des dizaines de mesures au cours de son premier mandat.
Cela inclut l’élimination d’une taxe fédérale récente sur les émissions de méthane de certaines installations. Il s’agit de la première tentative du gouvernement américain d’imposer une redevance ou une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. Le méthane est le principal composant du gaz naturel et un puissant gaz à effet de serre.
Donald Trump a également promis de soutenir l’approbation de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), que l’administration Biden avait tenté de suspendre et qu’elle s’efforce toujours de ralentir.
Les marchés ont leur mot à dire en ce qui concerne l’énergie propre
L’énergie nucléaire est l’une des sources d’énergie propre que Trump est susceptible de vouloir soutenir.
En dépit de ses critiques à l’égard de l’énergie éolienne et solaire, les investissements dans les énergies renouvelables continueront probablement d’augmenter en raison de la dynamique du marché, en particulier avec les projets éoliens terrestres et solaires à grande échelle qui deviennent plus rentables que le charbon ou le gaz.
Malgré tout, un retrait des États-Unis de l’accord de Paris, avec l’incertitude réglementaire et politique que l’on peut attendre d’un nouveau mandat Trump ralentiront probablement le rythme des investissements. L’impact inflationniste attendu de ses politiques économiques est susceptible d’annuler les avantages de la baisse du coût du capital qui devait se traduire par une baisse des taux d’intérêt par les banques centrales cette année. Or, c’est un résultat que la planète en plein réchauffement ne peut pas se permettre.