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La moitié des grandes entreprises ne seraient plus rentables si elles payaient pour leurs émissions carbone

08/06/2024

La moitié des grandes entreprises ne seraient plus rentables si elles payaient pour leurs émissions carbone

La facture carbone des entreprises francaises - Photo de Anne Nygård sur Unsplash

Stellantis, Renault, AirLiquide, TotalEnergies… La plupart des grandes entreprises ne seraient plus rentables si elles devaient payer le coût réel de leurs émissions de CO2. C’est ce que révèle l’indice Vérité 40, qui analyse le score carbone des grandes entreprises françaises.

Et si les grandes entreprises françaises payaient le vrai prix de leurs émissions de CO2 ? C’est l’idée clé derrière Vérité 40. Depuis 2021, cet indice proposé par la société de conseil financier Axylia, calcule l’Ebitda (le bénéfice d’une société avant que n’en soient soustraits les intérêts, les impôts sur les sociétés, les dotations aux amortissements et les provisions sur immobilisations) ajusté des émissions carbone des grandes entreprises françaises.

Une manière alternative de mesurer la soutenabilité climatique des entreprises françaises, en comparant leur performance financière à leurs émissions de CO2. Résultat : la moitié des entreprises du CAC40 serait en déficit si elles devaient payer leur facture carbone. Stellantis, TotalEnergies, Airbus ou encore Renault et Michelin seraient par exemple incapables de payer le coût réel de leurs émissions, qui dépasserait ainsi largement leurs bénéfices.

Facture carbone : les bons et les mauvais élèves

Pour faire ces évaluations, Axylia utilise une méthodologie simple. D’abord, il s’agit de mesurer les émissions de CO2 des entreprises du SBF120 sur les trois scopes, c’est-à-dire les émissions directes de l’entreprise et ses émissions indirectes sur l’ensemble de sa chaîne de valeur. Par souci de précision, les émissions évitées ou compensées sont exclues du calcul, afin de donner une vision plus juste de l’impact carbone réel des entreprises. Ensuite, Vérité 40 applique à ces émissions un prix par tonne de CO2 émise, en se basant sur les données du GIEC reprises dans l’Accord de Paris. A 142 euros la tonne de CO2 en 2023, on obtient alors la facture carbone de l’entreprise, qui est ensuite comparée à son EBITDA. On peut alors savoir quelle entreprise resterait rentable si elle devait payer le coût de son impact carbone. “On a voulu contribuer à ce mouvement plus large qui pousse les entreprises à plus de transparence sur leurs indicateurs carbone” explique Vincent Auriac, président d’Axylia.

Vérité 40 regroupe ainsi les entreprises qui s’en sortent le mieux dans les différents secteurs de l’économie française du point de vue carbone. Parmi les bons élèves, on retrouve notamment Essilor, Vivendi, Bureau Veritas, le producteur d’énergie solaire Neoen, ou encore des grandes entreprises comme Bouygues, Danone, ou Schneider Electric. Mais parmi les grands groupes français, notamment dans les grands secteurs industriels ou du transport, encore très dépendants des énergies fossiles, certains sont au contraire à la peine. Airbus par exemple a une facture carbone équivalente à 817 % de ses bénéfices, ce chiffre est de 292 % pour Stellantis, 245 % pour ArcelorMittal… Plusieurs grands acteurs français, notamment dans le secteur financier, sont par ailleurs exclus des calculs de l’indice, car ils ne fournissent pas les données complètes de leurs émissions de CO2. C’est le cas notamment de BNPParibas, Crédit Agricole et Société Générale, qui manquent de transparence sur les émissions liées à leurs investissements, ou de Publicis, qui ne dévoile pas l’impact carbone des produits promus par la publicité.


Le classement Vérité 40

Un indice pour comparer les trajectoires climatiques

Selon François Gemenne, chercheur et co-auteur du sixième rapport du GIEC, “l’indice Vérité 40 va permettre aux entreprises de juger concrètement leur valeur réelle par rapport à leur facture carbone, et surtout de voir comment évolue leur trajectoire.” L’indice intègre d’ailleurs un score du carbone dynamique, qui permet de prévoir les évolutions des scores carbone des entreprises en fonction de leurs objectifs climatiques et économiques futurs. En ce sens, il constitue un outil permettant aux parties prenantes, et notamment aux investisseurs, de mieux identifier les entreprises les plus avancées dans leurs transition climatiques.

Reste à savoir si d’autres indices du même type seront développés pour mesurer les autres impacts environnementaux des entreprises, comme la biodiversité, la pression sur les ressources ou sur l’usage de l’eau. “Le focus sur le carbone ne doit pas nous faire oublier les autres enjeux…Il y a 9 limites planétaires, et pour mesurer l’impact des entreprises sur ces 9 limites, il faudra des indicateurs composites, ce qui est plus complexe” commente Fabrice Bonnifet, président du Collège des Directeurs du Développement Durable.

novethic

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