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Gigafactory de batteries de Douai : « une formidable opportunité, qu’on entend connecter fortement au territoire »

23/08/2023

Gigafactory de batteries de Douai : « une formidable opportunité, qu’on entend connecter fortement au territoire »



Le 30 mai 2023, la première gigafactory de batteries de France, construite par ACC (Automotive Cells Company), la coentreprise de PSA, Mercedes-Benz et TotalEnergies dédiée aux batteries de véhicules électriques, a ouvert à Douvrin (62), sur le territoire du Pôle métropolitain de l’Artois (PMA). Dans un entretien au Monde de l’Énergie, Alain Bavay, Président du Pôle Métropolitain de l’Artois, revient sur cette inauguration et sur la volonté des Hauts de France de devenir « la Vallée de l’électromobilité européenne ».

Le Monde de l’Énergie —Que va apporter l’ouverture de la gigafactory d’ACC au territoire de l’Artois, et comment s’intègre-t-elle au tissu industriel automobile local, actuel et futur ?

Alain Bavay —Du temps de l’exploitation minière puis de la Française de mécanique, on a été bénéficiaire d’une mono-industrie et, lorsque les activités ont disparu, on en a beaucoup souffert. En l’occurrence, la leçon qu’on a tirée c’est qu’ “il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier”. On développe des solutions clé-en-main, en local, pour décarboner l’industrie et pour créer tout un écosystème autour d’ACC. Ce n’est pas un hasard si le site de recyclage de batteries du canadien Li-Cycle va s’implanter à Harnes par exemple. Mais nous avons également la préoccupation de profiter de l’éclairage positif apporté sur le territoire par cette implantation majeure pour développer d’autres activités économiques non dépendantes d’ACC et l’innovation pour obtenir un développement plus endogène.

Le Monde de l’Énergie —Quel sera l’impact de cette nouvelle filière industrielle sur votre territoire ?

Alain Bavay —Depuis 2020, ce sont 2,5 milliards d’investissements qui ont été réalisés sur le territoire du Pôle Métropolitain de l’Artois, avec plus de 4 000 emplois annoncés à l’horizon 2025. Il y a ACC, bien sûr, mais pas que : citons aussi Black Star à Béthune, le spécialiste des enveloppes de pneus rechapées (200 emplois), CRVO à Lens, le plus grand centre de reconditionnement de véhicules d’occasion de France (500 emplois) ou encore Renault Electricity à Ruitz (ex-STA) qui représente l’écosystème de la voiture électrique (170 emplois).

L’arrivée d’ACC constitue une formidable opportunité, qu’on entend connecter très fortement au territoire : à l’ensemble des filières – amont et aval -, au Parc d’innovation de l’Artois, aux centres de recherche, aux autres modes de déplacement doux… On entend profiter de cette opportunité pour abonder dans le rebond industriel global, tourné vers la transition écologique. Il faut aussi vérifier qu’elle génère de nouvelles activités qui, elles-mêmes, vont générer de l’emploi.

Le Monde de l’Énergie —Comment le PMA prépare-t-il la formation aux nouveaux métiers offerts par ces nouveaux équipements industriels ?

Alain Bavay —Le Comité Grand Artois, qui a pour objectif de rapprocher l’école et l’entreprise, a un rôle fondamental à jouer à l’échelle métropolitaine. Encouragé par l’État (le rectorat, la préfecture) et plébiscité par le patronat, il organise le dialogue entre proviseurs et chefs d’entreprises. Ça conduit à des actions très concrètes comme la parution d’un catalogue des formations dans les 36 lycées généraux, professionnels et technologiques détaillant les périodes de stages et les savoir-faire acquis par les élèves chaque année. Récemment, c’est une filière Bac Pro “Pilote de ligne de production” qui a réouvert au lycée Voltaire de Wingles pour répondre aux besoins nés avec la Vallée de l’électro-mobilité.

En post-bac, une nouvelle école d’ingénieurs voit le jour à Béthune à la rentrée et l’Université d’Artois offre à quelques 12 000 étudiants un maillage de formations supérieures sur tout le périmètre métropolitain. Forte de 17 laboratoires et centres de recherche, d’une nouvelle école d’ingénieurs dans la filière “Génie électrique” et d’outils comme le TECH3E, plateforme d’innovations partagées avec les industriels locaux dans le domaine de l’éco-efficacité (des moteurs notamment), elle est ouverte aux partenariats avec le monde de l’entreprise.

C’est en misant sur l’adaptation de l’ensemble de notre système de formation au nouveau contexte industriel misant sur l’écotransition que l’on compte faire monter en compétence la main d’œuvre sur tout le territoire.

Le Monde de l’Énergie —Plus globalement, les Hauts-de-France veulent devenir « la grande région européenne de la mobilité électrique » : quels sont les autres projets, validés ou en négociation, qui s’intègrent à cette volonté ?

Alain Bavay —En effet, la dynamique concerne l’ensemble de la Région. Au moins 3 autres gigafactories sont en projet dans le Dunkerquois et le Douaisis. D’ailleurs, un Collectif Régional des acteurs de l’ElectroMobilité (le COREM) piloté par la Région Hauts-de-France a récemment été mis en place pour traiter collectivement les différents enjeux de formation, de recherche, de structuration de la filière, etc. Le Pôle Métropolitain de l’Artois en constitue un des membres exécutifs.

À notre échelle, nous avons réalisé une mission de prospection, avec l’aide d’un bureau d’étude spécialisé (Ancoris). Elle nous a permis d’identifier plusieurs investisseurs intéressés par les activités amont, aval ou annexe à l’usine ACC. Nous étudions les dossiers et aurons prochainement l’occasion de communiquer sur ceux que nous retenons. Ils sont prometteurs et illustrent l’attractivité retrouvée de notre territoire.

lemondedelenergie

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