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Le spécialiste bordelais de l'hydrogène HDF entre en Bourse pour industrialiser le Power-to-x-to-power

21/06/2021

Le spécialiste bordelais de l'hydrogène HDF entre en Bourse pour industrialiser le Power-to-x-to-power

 HDF Energy a déjà un portefeuille de onze projets de centrale solaire-hydrogène pilotable dans le monde, dont celui de Los Cabos au Mexique.

Le bordelais Hydrogène de France annonce une levée de fonds de 100 millions d’euros en bourse pour industrialiser le power-to-x-to-power, qui permet de gommer l’intermittence des énergies renouvelables.

Le rendement énergétique n’est pas très bon, au mieux 35 %. Mais Hydrogène de France (HDF Energy) n’en a cure. Le "power-to-x-to-power", qui consiste à stocker à plus long terme que dans une batterie li-ion des électrons sous forme de molécules, souvent de l’hydrogène, pour ensuite produire à nouveau de l’électricité (mais à la demande) n’est pas une fin en soi. C’est un moyen de gommer l’intermittence des énergies renouvelables solaires et éoliennes et de continuer à fournir de l’électricité la nuit ou lorsqu’il n’y a plus de vent.

Et le bureau d’ingénierie Hydrogène de France a fini par convaincre la Commission de régulation de l’énergie et EDF, qu’il pouvait, avec ce système, construire une centrale solaire pilotable en Guyane.

Première centrale solaire pilotable en Guyane

Il ne manque plus qu’une toute dernière autorisation pour lancer cet été la construction de COEG, "la première centrale électrique hydrogène multimégawatts au monde". Elle sera composée de 55 MW de panneaux photovoltaïques, 15 MW d’électrolyseurs alcalins McPhy, 88 MWh de stockage hydrogène et d’une pile à combustible HDF-Ballard System de 2x1,5 MW. La centrale aura au final une capacité de 10 MW le jour et 3 MW la nuit, avec une disponibilité contractuelle garantie de 90 %. Elle sera raccordée au réseau d’EDF début 2023, avec un contrat de 25 ans "de type de ceux des groupes électrogènes de grande puissance", précise Damien Havard, président fondateur de HDF Energy. Elle produira 50 GWh par an. L’investissement total du projet est de 130 millions d’euros, apportés majoritairement par Meridiam et aussi Rubis Energies, Sara et la BEI.

Certes, l’électricité produite est plus chère que celle du solaire ou de l’éolien classique, mais elle est compétitive avec celles des unités décentralisées alimentées par des carburants importés, comme les centrales au fioul d’EDF. Et des centrales renouvelables pilotables de ce type, que le français appelle "Renewstable", HDF Energy compte en installer partout dans le monde. Il dispose déjà d’un portefeuille de 11 projets dans le monde, à Chypre, en Australie, en Nouvelle Calédonie, à la Barbade, en basse Californie et en Indonésie représentant un total de 80 MW de capacité de production et un investissement total de 1,3 milliard de dollars, dont 12 à 17 % pour HDF.

Produire des piles à combustible de forte puissance

Reste à industrialiser leur construction. "L’objectif est de passer du stade de pionnier à celui d'un acteur qui développe des projets", explique Jean-Noel de Charentenay, directeur général délégué de HDF Energy. Comme les piles à combustible de grande puissance n’existent pas sur le marché, HDF Energy va les assembler lui-même dans sa filiale HDF Industry, à Bordeaux, sur l’ancien site de Ford Blanquefort, grâce à une licence exclusive de sept ans sur la technologie du canadien Ballard Power System, spécialisé, lui, dans la mobilité hydrogène lourde (camion, train…). Il lui faut aussi recruter massivement des chefs de projets et disposer de capitaux pour investir dans les sociétés de projets, dont HDF ne gardera qu’une part minoritaire.

Pour accompagner ce développement, HDF Energy a annoncé le 10 juin son entrée en Bourse avec l’intention de lever 100 millions d’euros, dont 79,9 millions d’euros sont déjà sécurisés. Le distributeur international d’énergie Rubis, présent dans les Caraïbes, va investir 50 millions d’euros, le transporteur de gaz français Teréga Solutions, 10 millions d’euros, dans le cadre de partenariat stratégique. La CDC mise 10 millions d’euros (dont 5 millions d'euros via le fonds CDC Tech Croissance et 5 millions via CDC PME Croissance) et le fonds américain Heights Capital Management, 5 millions d’euros. "On a conscience que l'on ouvre une nouvelle voie de production d’électricité, explique Damien Havard. Mais il y a de la concurrence. L’introduction en Bourse va nous donner les moyens d’aller vite."

Développer des centrales électrique hydrogène

Ces fonds seront utilisés pour 30 % pour recruter des compétences pour le développement des projets à l’international, 20 % pour la construction de l’usine de pile à combustible à Bordeaux et 50 % pour investir dans les projets. Sachant que HDF Energy compte aussi construire des unités de production d’électricité de pointe, comme des centrales combinées gaz, pilotables avec de l’hydrogène, qui seraient, elles, placées sur les nouveaux réseaux d’hydrogène décarboné en prévision en Europe. Mais là, les projets dépendront de la maturité et des logiques de transition énergétique des différents pays. Et ne devraient pas arriver avant 2024-2025.

www.usinenouvelle.com

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