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La qualité sanitaire de l’air ne tient qu’à un fil

04/08/2021

La qualité sanitaire de l’air ne tient qu’à un fil

Natacha Kinadjian-Caplat, présidente et fondatrice de Pure-Nat, a conçu un filament qui, une fois tissé, permet de réaliser des filtres durables et performants qui éliminent virus, bactéries et polluants chimiques. ÉMILIE DROUINAUD

Natacha Kinadjian-Caplat développe un matériau capable de détruire polluants chimiques et virus présents dans l’air et qui peut s’intégrer dans des objets du quotidien

Un fil à coudre qui dépollue l’air. C’est, de façon très résumée, ce que propose Natacha Kinadjian-Caplat. La jeune femme est présidente fondatrice de Pure-Nat, société qu’elle a installée début 2020 dans les locaux du générateur d’activités Arkinova, à Anglet. Il ne s’agit bien sûr pas d’un fil classique, mais de l’aboutissement de la thèse entreprise par cette doctoresse en physico-chimie des matériaux. Un long travail de recherche, entamé bien avant l’arrivée du Covid-19 et qu’elle a entrepris entre Bordeaux, Lièges en Belgique et Waterloo dans l’Ontario, dans le prolongement de son diplôme d’ingénieur en physique et électronique des matériaux. Elle a parachevé ses recherches à Anglet au sein de Nobatek/Inef 4, centre de recherche appliquée et Institut national pour la transition énergétique et environnementale du bâtiment, voisin d’Arkinova. Soutenue par l’Agglomération Pays basque, la Région, la BPI et la Satt Aquitaine, elle recherche aujourd’hui des partenariats pour des mises en application.

20 000 décès par an

Ce fil très spécial et innovant est conçu comme une structure biomimétique basée sur les diatomées, algues microscopiques qui maximalisent leurs capacités d’échanges et de filtrage. Natacha Kinadjian-Caplat est parvenue à créer un filament en y incluant un procédé qui reproduit ces propriétés. L’enjeu est essentiel face aux terribles statistiques qui font apparaître que les problèmes de qualité de l’air dans les intérieurs provoquent chaque année 20 000 décès et ont un coût de 19 milliards d’euros, selon l’Anses. « Dans un milieu clos, la pollution de l’air est dix fois supérieure à celle enregistrée à l’extérieur, explique Nathalie Kinadjian-Caplat. Je suis très sensible à tout ce qui touche à l’environnement et j’ai orienté mes études dans cette direction. Mes travaux m’ont permis d’élaborer ce fil, qui peut être transformé pour s’adapter à de nombreuses applications. » Pure-Nat garantit un résultat réel et propose des services d’accompagnement pour la mise en oeuvre de ce procédé, qu’elle souhaite aujourd’hui industrialiser.

Masques et vêtements

Des industriels ont déjà manifesté leur intérêt. « Nous menons actuellement des projets de mise en forme à partir du filament. Il a la capacité de filtrer tout ce qui est organique, virus, bactéries, et substances chimiques présents dans l’air. L’enjeu est d’élaborer les systèmes qui permettent de rendre l’air propre là où se trouvent les gens. Ce qui doit conduire notamment à repenser la conception et le positionnement des purificateurs d’air.» Le fil Pure-Nat peut aussi être utilisé pour la réalisation de masques, de vêtements professionnels pour les Ehpad, crèche, hôpitaux, etc. Tissé en filtre, il peut s’introduire dans différents équipements existants. La seule contrainte est de disposer d’une source de lumière ultraviolette pour activer les composants du fil. Ensuite, nul besoin de nettoyage ou de changement pendant une longue durée. Les virus comme le Covid-19, les bactéries ou polluants chimiques, sont détruits. À l’issue, le textile est propre.

Source : Sud-Ouest - Jean-Pierre Tamisier

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