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La France veut donner de la visibilité a son indice réparabilité pour lutter contre l'obsolescence programmée

27/05/2021

La France veut donner de la visibilité a son indice réparabilité pour lutter contre l'obsolescence programmée

En 2020 en France seulement 40% des appareils électriques et électroniques en panne sont réparés. Bruno /Germany de Pixabay

Cinq mois après avoir rendu obligatoire l'indice de réparabilité sur les téléphones, les ordinateurs ou les lave-linge, le gouvernement entend faire mieux connaître ce nouvel affichage en lançant une grande campagne de sensibilisation. L'enjeu est de guider les consommateurs tout en poussant les fabricants à revoir la conception de leurs produits. 

C’est un petit nouveau dans l’affichage environnemental. Depuis le 1er janvier, sur les lave-linge, smartphones ou encore ordinateurs, les fabricants doivent obligatoirement apposer un indice de réparabilité. Il est calculé de 1 à 10 en fonction de la disponibilité des pièces détachées ou du coût de la réparation. Pour donner de la visibilité à ce nouvel indice, dont le but est de lutter contre l’obsolescence programmée, le gouvernement, en partenariat avec l’Agence de la Transition écologique (Ademe), vient de lancer une vaste campagne de sensibilisation. L’objectif est que chacun puisse "s’approprier cet indice", assure Barbara Pompili.

Les notes peuvent être retrouvées sur le site gouvernemental longuevieauxobjets.gouv.fr. Pour l’instant, cinq familles d’objets sont concernées : les lave-linge, les smartphones, les télévisions, les ordinateurs et les tondeuses à gazon électriques. Dans la catégorie des smartphones par exemple, l’appareil le moins bien noté avec 4,5/10 est l’Iphone 11 d'Apple. Ceux qui s’en sortent le mieux sont les smartphones Athesi qui obtiennent une note de 9,6/10. Côté ordinateur, le Surface Book 2 de Microsoft obtient seulement 3,5/10. En cause une indisponibilité des pièces détachées. Celui qui remporte la palme de l’ordinateur le plus réparable est l’Asus Strix G17 avec une note de 7,3/10. 

Une demande de transparence

"L’indice de réparabilité va permettre de sensibiliser les consommateurs et de les guider. Le prix ne sera plus le seul critère d’achat", espère Lætitia Vasseur, co-fondatrice de l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP). Alors que la réparation est de plus en plus sollicitée par les Français en raison de ses avantages économique et écologique, il devient un véritable enjeu pour les fabricants. "Certains constructeurs commencent à se dire qu’il faut qu’ils conçoivent leur machine autrement maintenant qu’il y a l’indice de réparabilité", affirme Barbara Pompili.

Les derniers chiffres de l’Ademe montrent une hausse de l’affichage de l’indice en magasin et sur Internet. Mais il faudra attendre le 1er janvier 2022 pour que 100 % des fabricants jouent le jeu, date à laquelle le gouvernement a fixé la mise en place de sanctions financières après une année pilote. Toutefois, plusieurs associations, dont HOP, réclament un suivi et un contrôle issu de la société civile. Car les notes sont renseignées par les industriels, selon le cahier des charges fourni. Une auto-évaluation qui déplaît. "HOP est persuadée de la pertinence d’un tel outil pour aider les consommateurs à aiguiller leurs choix et à terme tirer le marché vers de meilleurs standards. Néanmoins l’enjeu du contrôle est capital afin de permettre la pleine confiance des consommateurs dans l’indice", écrit l’association. 

Une première étape vers l'indice de durabilité

D’autant que les fabricants ne sont pas prêts à lever entièrement le voile. Apple par exemple refuse de diffuser les schémas électroniques de ses produits. Le 11 mai dernier, l’un de ses plus gros fournisseurs, Quanta, a été victime d’une cyberattaque. Des documents confidentiels dévoilant le fonctionnement d’éléments comme la carte-mère ont été publiés. Des informations précieuses dont se sont emparés les réparateurs indépendants. "Plutôt que d’attendre des hackers une aide à la réparation, ne serait-il pas plus sain d’obliger les metteurs sur le marché à diffuser les schémas électroniques des produits deux ans après leur première commercialisation sur le sol européen", demande Joel Courel, délégué de la Fédération nationale des professionnels de l’électricité et de l’électronique (Fedelec) à la promotion de la réparation. 

L'indice de réparabilité devrait monter en puissance dans les années à venir pour se transformer, dès 2024 en indice de durabilité, prenant ainsi en compte la robustesse et la fiabilité des produits. La réparation est ainsi une première étape pour lutter, de manière plus globale, contre l'obsolescence programmée. La méthodologie est encore à définir et devrait faire l'objet de bataille entre fabricants et associations écologistes. Le résultat sera scruté à la loupe par nos voisins européens, la France étant pionnière en la matière. 

Marina Fabre / www.novethic.fr

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