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La détection du CO2, nouvelle arme pour combattre le Covid-19

05/05/2021

La détection du CO2, nouvelle arme pour combattre le Covid-19

Plusieurs villes de France multiplient les équipements en détecteur de CO2 dans les écoles.        © Nano Sense

Le lien est à présent établi : le taux de CO2 dans une pièce indique la quantité d'air exhalé par les personnes... et potentiellement, la quantité d'aérosols en suspension contenant le Covid-19. Au regard de ce constat, les détecteurs de CO2 deviennent ainsi le nouveau fer de lance dans la lutte contre la propagation du virus.

Les détecteurs de CO2 pourraient aider à combattre la propagation du Covid-19. De plus en plus d’études prouvent l’importance de la transmission du virus par les aérosols. Ces gouttelettes microscopiques sont dégagées par le corps humain, sans même éternuer et restent en suspension dans l’air en contenant potentiellement le Covid-19. Or, le taux de CO2 contenu dans une pièce est un indicateur du niveau d’air exhalé par les personnes et donc du risque de contamination aérienne. «Plus le taux de CO2 est élevé, plus le lieu est confiné et plus, potentiellement, la charge virale présente dans l'air est importante», indique Projet CO2, un collectif de travail rassemblant des enseignants-chercheurs spécialisés sur le lien entre le CO2 et la transmission du Covid-19.

500 détecteurs déployés dans les écoles parisiennes

Il en découle une demande croissante ces derniers mois en détecteurs de CO2 pour équiper les espaces intérieurs, principalement les salles de classe ou les espaces de travail. Ces détecteurs ne permettent pas d’éliminer le virus mais d’indiquer à quel moment il est nécessaire d’aérer ou purifier l’air d’une pièce. Le message est relayé par le gouvernement : «Nous encourageons […] les capteurs de CO2 et les purificateurs d’air, avait déclaré le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquier à l’occasion d’une conférence de presse du 22 avril 2021.

Entre mars et mai, la ville de Paris va ainsi déployer 500 capteurs de CO2 dans ses écoles et crèches, pour lutter contre la pandémie. Dans le reste de la France, les initiatives d’équipement restent disparates mais se multiplient comme à Lille (Nord) pour équiper les cantines scolaires, Cannes (Alpes-Maritimes), Brest (Finistère), Aix-les-Bains (Savoie) ou Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Les commandes par ville se situent entre 50 et 200 appareils.

Que dit la règlementation sur le CO2 ?

Il n’y a pour l’heure pas d’obligation mais seulement des recommandations concernant le niveau de CO2 dans une pièce, mesuré en ppm (partie par million). Le Règlement sanitaire départemental (RSD) recommande de ne pas dépasser 800 ppm, soit 0,8 ml de CO2 pour un litre d’air. Suite à la pandémie, le Haut conseil de santé publique (HCSP) s’est également prononcé en novembre 2020 pour fixer à 800 ppm le niveau de CO2 dans un espace clos recevant du public. A titre de comparaison, la concentration de CO2 dans l’air extérieur se situe à 420 pmm (ce chiffre était inférieur à 280 pmm en 1750, avant la révolution industrielle et ses fortes émissions).

Selon le collectif Projet CO2, il ne suffit que de quelques minutes pour dépasser les 600 ppm dans une salle de classe. «Les écoles primaires, qui sont des bâtiments très anciens, renouvellent leur air via les fuites d’air. Lorsqu’on rénove hermétiquement ces établissements non pourvus de systèmes de ventilation, le taux de CO2 peut facilement grimper à 4 000 ou 5 000 ppm en vingt minutes», ajoute à L’Usine Nouvelle Olivier Martimort, président de la Fédération Interprofessionnelle des Métiers de l'Environnement et de l’Air (FIMEA) Île-de-France et dirigeant de l’entreprise NanoSense.

Les fabricants de détecteurs de CO2 : entre aubaine et pénurie de composants

La France compte moins d’une dizaine de fabricants de capteurs de CO2. Les déclarations du gouvernement en faveur de ces appareils accroissent les demandes. Les deux usines de Pyrescom basées à Perpignan (Pyrénées Orientales), tournent à plein régime pour répondre à un carnet de commande rempli jusqu’à juin. Pyrescom fournit entre autres 200 des 500 détecteurs commandés par la ville de Paris. Cette entreprise de 75 salariés dont 30 ingénieurs en recherche et développement anticipe une augmentation de son chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, après avoir réalisé 11,5 millions en 2020. En plein contexte de pénurie de composants, elle a su tirer son épingle du jeu grâce à une duplication de ses sources de matière première – entre deux et six selon les intrants. «Nos réassorts sont réguliers et nous pourrons produire 10 000 capteurs jusqu’à la fin de l’année, explique à l’Usine Nouvelle Cédric Calmon, responsable du développement commercial Pyrescom. Nous sommes ISO 9001 et on se doit d’avoir du multisourcing pour éviter des pénuries.»

L’entreprise NanoSense qui a fourni les 300 autres capteurs pour la ville de Paris est quant à elle frappée de plein fouet par la pénurie de composants. «Nous allons lancer une nouvelle gamme dont certains composants ne seront pas disponibles avant mi-2022», explique Olivier Martimort, à L’Usine Nouvelle. Faute de composants, NanoSense ne peut maintenir sa production à un rythme soutenu et ne s’attend pas à augmenter son chiffre d’affaire pour 2021. Cette entreprise basée à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a réalisé 400 000 € en 2020 et emploie huit personnes.

Des détecteurs vendus plusieurs centaines d’euros l’unité

Le prix d’un détecteur de fumée incite certains établissements de n’équiper que certaines classes et de faire tourner les capteurs pour encourager les professeurs à aérer leur classe. Les capteurs de NanoSense sont vendus 210 € l’unité ce à quoi il faut rajouter le coût de l’installation. Ceux de Pyrescom sont vendu 250 € l’unité hors taxes. Olivier Martimort espère que la campagne d’équipement en détecteurs de CO2 se poursuivra après la crise sanitaire en précisant que les premières réglementations à ce sujet étaient destinées à améliorer la concentration des élèves. Celle-ci est en effet amoindrie lorsqu’un taux de CO2 est élevé dans une pièce. «Le lien entre CO2 et concentration a de nouveau été confirmé récemment aux Etats-Unis, ajoute Olivier Martimort, lors d’une expérience menée en 2015 par le professeur Joseph Allen dans les établissements tertiaires. La productivité augmentait significativement dans les pièces où on investissait dans un système de ventilation ».

www.usinenouvelle.com



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