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L’agrivoltaïsme, pour concilier rendements agricoles et énergies renouvelables

04/02/2021

L’agrivoltaïsme, pour concilier rendements agricoles et énergies renouvelables

L'agrivoltaïsme consiste à associer agriculture et production d'énergie sur une même surface. ©Jenson/Shutterstock

Derrière ce nom composite se cache une pratique simple en apparence, mais ambitieuse et qui semble en mesure de concilier les enjeux de la production d’énergie avec ceux des rendements agricoles.

L’agrivoltaïsme, ou agrivoltaïque, désigne l’usage de panneaux solaires sur une exploitation agricole, et non pas à côté, dans une double optique. Les panneaux, placés au-dessus d’une partie des cultures, génèrent ainsi de l’ombre et créent une sorte de microclimat sur la zone de culture. Résultat : plus de fraîcheur, donc moins de besoins en eau pour les végétaux, mais aussi moins de pertes liées à l’évaporation.

Une expérience prometteuse

Cette pratique, qui gagne en visibilité depuis plusieurs années, est expérimentée à plusieurs échelles, notamment dans le Sud de la France, où le climat chaud et sec justifie pleinement son emploi. Depuis 2009, elle fait l’objet d’un programme de recherche baptisé "Sun’Agri", mené de concert par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et de l’entreprise française Sun’R, spécialisée dans l’énergie solaire photovoltaïque. En 2018, la firme a inauguré la première centrale agrivoltaïque sur un domaine viticole des Pyrénées-Orientales, dispositif qui fera office d’expérience grandeur nature. Les panneaux y sont installés à une hauteur de 4,5 mètres, et sont pilotés automatiquement par un algorithme qui gère leur inclinaison en fonction des besoins en lumière des végétaux. La structure intègre également la structure d’irrigation.

Selon les experts du photovoltaïque et les agriculteurs, cette technique pourrait bien surmonter une des impasses de l’énergie renouvelable en France : le conflit entre l’implantation des équipements nécessaires à la production d’énergie et les autres activités dans un même périmètre. Par exemple, un projet d’installation de parcs éoliens au large de la baie de Saint-Brieuc a récemment provoqué le mécontentement des professionnels de la pêche, ceux-ci faisant valoir que la transition énergétique ne devait pas entraver ou compromettre leurs pratiques.

La France en retard sur les renouvelables

Or, en termes d’énergies renouvelables, la France est déjà en retard sur ses objectifs. Certes, leur part augmente dans la production totale, mais à un rythme insuffisant pour respecter la feuille de route fixée par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). En particulier, la filière photovoltaïque doit voir sa capacité portée entre 35 GW et 44 GW d’ici 2028, alors que les projections actuelles font état d’environ 18 GW. Même si un coup de fouet est donné à la production, reste que la surface nécessaire à cette croissance sera difficile à trouver. Comme le rappelait à La Croix Bruno Bensasson, PDG d’EDF Renouvelables, cela "revient à installer 3 000 MW par an. À raison de 1 MW par hectare, il faut donc trouver environ 160 000 hectares sur huit ans".

Encore peu développé, l’agrivoltaïsme commence donc tout juste à se doter d’un cadre légal. Le 19 janvier dernier, la charte des bonnes pratiques signée par la FNSEA, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture et EDF Renouvelables a posé une première pierre à l’édifice. Au cœur des enjeux de l’accord, précisément, la question du foncier agricole. Des milliers d’hectares de terres disparaissent chaque année sous la pression de l’urbanisation et de la production d’énergie. L'agrivoltaïsme pourrait donc contribuer à contrer ce phénomène, en fournissant, de surcroît, une plus-value à certaines filières agricoles en difficulté financière.

www.linfodurable.fr


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