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Hydrogène : “la France dispose de fantastiques cartes en main”

27/10/2020

Hydrogène : “la France dispose de fantastiques cartes en main”

Après les annonces du plan de relance concernant la filière hydrogène, quel est réellement la place du développement de l’hydrogène vert en France ? On en parle avec Thomas Branche, senior vice-président Transition Energétique & Infrastructures chez Assystem, deuxième groupe d’ingénierie mondial.

Le plan de relance doit consacrer un peu plus de 7 milliards d’euros à la filière hydrogène. Est-ce suffisant selon vous pour faire décoller réellement l’hydrogène en France ?

Il faut saluer l’effort très important annoncé par le gouvernement français pour soutenir le développement de la filière hydrogène. Celui-ci a annoncé un plan doté de 7 milliards d’euros d’ici à 2030, dont 2 sur la période 2021-2022.

Cet effort financier est historique puisqu’il est près de 7 fois supérieur au dernier plan hydrogène. Il revient désormais aux différents acteurs de la filière d’être à la hauteur.

En effet, au-delà du sujet des financements, l’autre sujet clé est celui des usages et de la capacité des écosystèmes industriels à s’organiser, en particulier au service des transports collectifs (ferroviaire comme bus).

Pourquoi l’énergie hydrogène suscite-t-elle beaucoup d’espoir pour le rôle qu’elle pourrait jouer dans la réduction de nos émissions de CO2 ?

L’hydrogène représente aujourd’hui un grand espoir pour décarboner l’industrie et la mobilité lourde (transports collectifs et camions).

Concernant l’industrie lourde (chimie, raffinage, métallurgie, cimenterie), leur consommation d’hydrogène génère de l’ordre de 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

L’enjeu concernant ce segment est de remplacer l’hydrogène « gris », issu du vaporéformage de produits pétroliers, par de l’hydrogène dont la production serait décarbonée, notamment en utilisant une autre technologie, l’électrolyse de l’eau.

Le principe de ce procédé est d’utiliser l’électricité décarbonée pour séparer la molécule d’eau en dihydrogène et dioxygène via un électrolyseur.

Du côté des transports collectifs, l’enjeu est de remplacer l’usage du diesel par une énergie décarbonée.

La SNCF travaille par exemple au remplacement de ses trains fonctionnant au diesel par des trains hydrogène. De nombreuses collectivités se sont engagées dans la bascule de leur flotte de bus vers des bus à hydrogène. La bascule débute également du côté des bateaux.

Pour ces applications de mobilité lourde, la technologie sous-jacente est celle des piles à combustible, alimentées en hydrogène décarboné.

Pour ces deux grandes familles d’usages, la question n’est plus de savoir si la bascule vers l’hydrogène décarboné se fera, mais plutôt de savoir à quelle vitesse elle se fera, sachant qu’elle est engagée.

D’autres usages de l’hydrogène viendront probablement par la suite, mais c’est trop tôt pour le dire.

Pourquoi parle-t-on d’hydrogène vert ?

On parle d’hydrogène vert au sens d’hydrogène décarboné, par opposition à l’hydrogène industriel, qualifié d’hydrogène gris, qui représente l’immense majorité de la production mondiale d’hydrogène.

L’hydrogène gris est produit à partir de produits pétroliers, ce qui génère d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, aujourd’hui en France, lorsqu’on produit 1 tonne d’hydrogène, près de 10 tonnes de CO2 sont produits.

L’hydrogène vert est produit par une technologie tout à fait différente, l’électrolyse, à partir de deux « composants » : de l’eau et de l’électricité décarbonée. Elle ne génère donc pas d’émissions de gaz à effet de serre, à partir du moment où l’électricité est décarbonée.

À cet égard, la France dispose d’atouts indéniables, grâce au nucléaire, à l’hydraulique et aux autres énergies renouvelables.

À qui profitera l’hydrogène décarboné ?

Il profitera tout d’abord à la planète et à l’humanité en général, en contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Si on se place sur le plan économique, et géopolitique, la France dispose de fantastiques cartes en main. Au niveau des « matières premières » de l’hydrogène, nous ne manquons ni d’eau ni d’électricité décarbonée, dont nous sommes l’un des champions mondiaux.

Au niveau industriel, l’ensemble des acteurs de la filière se coordonnent au sein de « France Hydrogène », anciennement l’AFHYPAC[1] .

Nous avons la chance de disposer de grandes entreprises spécialistes de la chimie, de l’énergie ou des transports qui se sont emparées du sujet hydrogène depuis quelques années déjà. Nous comptons également dans nos rangs des PME spécialistes de la production d’équipements nécessaires à la production d’hydrogène, qui tous les jours font progresser la compétitivité de la filière. Enfin, nous disposons de sociétés d’ingénierie comme Assystem capables d’intégrer et assembler les problématiques et enjeux de la chaîne industrielle de l’hydrogène.

La France a ainsi beaucoup à gagner dans le développement de l’hydrogène, en France et à l’export, en s’appuyant dans la durée sur une électricité décarbonée, combinant nucléaire et renouvelables.

[1] ‘Association Française pour l’Hydrogène et les Piles à Combustible

www.lemondedelenergie.com

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