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Érosion côtière : la France se prépare

11/04/2021


Avec des tempêtes de plus en plus fortes et fréquentes, les côtes françaises s’érodent rapidement. Un quart du littoral, soit 1 500 km, est touché par le phénomène. Les villes et leurs habitants sont en première ligne, alors qu'un Français sur dix vit sur la côte. Vont-ils devoir battre en retraite ?

Ausculter la côte

L’érosion ne date pas d’hier. Il y a plusieurs milliers d'années, les glaciers, en fondant, ont fragilisé les roches des montagnes. Les rivières ont ensuite transporté ces sédiments jusqu’à la côte. Cette dynamique est aujourd’hui terminée, et les plages sont de moins en moins approvisionnées en sable. 

En ajoutant à cela les marées, les tempêtes et le vent, l’érosion est aujourd’hui dramatique sur les côtes françaises.

Au pied de la dune du Pilat, Alexandre Nicolae Lerma promène sa drôle de perche, pour étudier l'érosion pour l'Observatoire de la côte Aquitaine. "Mon travail c’est d’essayer de comprendre comment la mer attaque le littoral", explique-t-il, en faisant ses relevés. L'érosion, rencontre entre la force de la mer et la disponibilité en sable, est particulièrement forte sur la côte Atlantique. "Les taux d’évolution moyens du littoral pour la côte girondine sont de l’ordre de 2.5 mètres par an, 1.7 mètres pour la côte landaise". La preuve à quelques dizaines de mètres avec un bunker, vestige de la Seconde Guerre mondiale : positionnées sur les crêtes des dunes pour empêcher un débarquement allié, ces installations sont aujourd'hui en contrebas, sur les plages, voire dans l'eau. Plus au nord, il existe même un "village de bunkers", tous submergés. "On a des littoraux qui aujourd’hui ont changé de forme, d’aspect, par rapport à ce qu’on pouvait observer il y a 100 ans", conclut le chercheur.

Les premières victimes

En France, dans la loi, l’érosion des côtes sableuses comme dans les Landes n’est toujours pas considérée comme une catastrophe naturelle. Les premières victimes sont pourtant déjà là.

André vit dans une des deux villas construites au bord de l’océan à Biscarrosse Plage. Mais peut-être plus pour longtemps : "La mairie estime qu'il y a un grand danger que la dune s’affaisse, qu’il y ait un éboulement. Tout simplement, que les villas tombent par terre", raconte le quinquagénaire. Une des deux maisons jumelles est déjà évacuée, la sienne suivra sans doute bientôt. "On est victime de l’érosion. Ils veulent nous virer, mais il n’y a pas de fonds pour nous indemniser. Ils n’ont rien." Le Landais est prêt à attaquer en justice pour obtenir gain de cause, comme les déplacés du Signal, immeuble emblématique évacué à Soulac-sur-Mer, 150 km plus au nord.  

Transport de sable

Les villes côtières ont chacune leur stratégie pour limiter l’érosion : digues, mur, plantations d’arbres ou rechargement en sable. La mairie de Biscarrosse a choisi cette dernière option, la moins chère.

Des pelleteuses creusent le sable, et les camions font l’aller-retour sur un kilomètre entre le sud et le nord de la plage. Vincent Bawedin, chargé de mission à la Communauté de communes des Grands Lacs dirige la manœuvre : "En moyenne on déplace 70 000 m³ de sable par an. Le record ça a été 2020, l’an dernier, plus de 100 000 m³. Si on ne faisait pas ça, il n’y aurait pas de plage possible pour la baignade l’été". Le ré-ensablement n’est pas la solution miracle, chaque hiver les équipes de Vincent Badewin rajoutent du sable, que la mer emporte. "Ces rechargements ne sont pas une fin en soi, ils sont faits pour gagner du temps".

Mais il va falloir trouver des solutions à long terme, multiplier les approches : "On n’a pas de temps à perdre. On est à l’aube d’une question qui devra être traitée dans les décennies à venir pour lesquelles les réponses ne sont pas trouvées", conclut Vincent Badewin.

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