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Au One Planet Summit, le Covid-19 accélère les engagements pour sauver la biodiversité

12/01/2021

Au One Planet Summit, le Covid-19 accélère les engagements pour sauver la biodiversité

Plus de 14 milliards de dollars ont été promis à la Grande muraille verte, à l'occasion du quatrième One Planet Summit.  © DR

La France a organisé, lundi 11 janvier, un One Planet Summit totalement dédié à la biodiversité, un sujet rendu prégnant par l'impact grandissant des zoonoses. Des engagements ont été annoncés par Emmanuel Macron, le Président de la République, qui dirigeait les débats.

La quatrième édition du One Planet Summit s’est tenue lundi 11 janvier à Paris et à distance sous l'égide du Président de la République Emmanuel Macron et de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Barbara Pompili. Un sommet totalement dédié à la biodiversité, durant lequel les intervenants ont rappelé les conséquences de sa destruction et des dérèglements environnementaux dans les épidémies transmises de l’animal à l’homme. Ces zoonoses, tel le Covid-19, se multiplient avec la destruction des habitats sauvages et les contacts plus fréquents entre les humains et les espèces sauvages.

Un grand nombre de dirigeants étaient réunis à Paris ou à distance, parmi lesquelles la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, le Président de la République islamique de Mauritanie Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la Première ministre de Norvège Erna Solberg, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue canadien Justin Trudeau. Etaient également présents le Président du Conseil des ministres italien Giuseppe Conte, le Président de la République du Costa Rica Carlos Alvarado Quesada, le Prince Charles de Galles et le prince de Monaco Albert II. Han Zheng, le premier vice-Premier ministre de la République populaire de Chine, s’est contenté d’une vidéo enregistrée. Jean-Pascal Tricoire, président-directeur général de Schneider Electric, était le seul représentant des entreprises au sommet.

Plus de 14 milliards pour la Grande muraille verte

Dans la matinée, lors du forum de l’investissement pour la Grande muraille verte, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité, Franck Riester, a rappelé que "3,2 milliards de personnes vivent sur des terres dégradées", tandis que le Prince Charles dénonçait "un risque de voir disparaître le Sahel", si ce projet ne va pas à son terme. Cette grande muraille d'arbres pour stopper la désertification au-delà du Sahel et du Sahara, qui doit s’étendre sur 8000 kilomètres du Sénégal à Djibouti, avait été lancée par l’Union africaine il y a quinze ans. Elle est loin d'avoir atteint ses objectifs: seuls 4 millions d’hectares de terres dégradées, sur les 100 millions d'hectares prévus pour 2030, ont été réhabilitées.

Il en va tout autrement de ce forum, destiné à mobiliser 10 milliards de dollars pour relancer ce projet. Emmanuel Macron s'est réjoui de voir l’objectif dépassé, les engagements ayant atteint 14,3 milliards de dollars. Le Président de la République a conclu la matinée en rappelant que "la pandémie a aggravé  ce que le terrorisme faisait vivre à la région. Et tous ces défis passent par la Grande muraille verte, qui permettra de séquestrer 250 millions de tonnes de CO2 en 2030." Ce projet doit aussi créer 10 millions d’emplois verts. La France s'est par ailleurs engagée, par la voix de son chef de l’Etat, à augmenter de 50 % sa contribution au FIDA (Fonds d’investissement de développement agricole).

Préparer Kunming et Glasgow

L'après-midi, le One Planet Summit avait pour mission, sous la présidence du Chef de l’Etat français, de relancer une diplomatie verte en panne, après un an de pandémie. Le but étant que chacun prenne des engagements sur la protection des écosystèmes terrestres et marins, la promotion de l’agro-écologie, la mobilisation des financements sur la biodiversité et la protection des forêts tropicales, des espèces et de la santé humaine. Des engagements qui doivent servir à mobiliser la planète dans l’optique, notamment, des prochaines COP15 de la biodiversité, en mai prochain à Kunming (Chine), et COP26 à Glasgow (Royaume-Uni) en fin d’année.

"Toutes nos vulnérabilités sont liées et c’est à une transformation rapide et profonde que nous sommes appelés, a prévenu Emmanuel Macron en ouverture du sommet. Nous pouvons changer la donne si nous le voulons." Lui qui milite pour un sommet de toutes les COP a aussi rappelé qu’"au niveau international, aucun des objectifs fixés" ces dernières années pour protéger la biodiversité "n'a été atteint. Il y a beaucoup d’engagements, mais il y aura un suivi scrupuleux."

"Mettre un prix sur le carbone"

"2021 doit être l’année de la réconciliation entre l’homme et la nature, a plaidé Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Et pour bâtir le monde d’après la pandémie, "il nous faut des politiques intelligentes pour reconstruire notre économie et la rendre résiliente. En ce sens, Kunming sera décisif. Il est temps de mettre un prix sur le carbone et de transférer les charges fiscales sur les pollueurs. Il faut créer une véritable coalition mondiale pour la neutralité carbone." Et de prévenir que la COP26 ne pouvait être "un nouveau rendez-vous manqué".

Alors que seulement 23 % de la planète reste sauvage, les représentants des Etats présents et de l’Europe se sont engagés à aller plus loin. La Coalition de la Haute ambition pour la nature et les peuples, dont le but est de défendre l'objectif de protection d'au moins 30% des espaces naturels d'ici 2030, était à l'origine co-pilotée par la France et le Costa Rica. ils ont été rejoints par une cinquantaine de pays dont l’Allemagne, le Canada et la Grande-Bretagne.

Le Premier ministre britannique a dressé un constat alarmant, avant de réclamer la fixation d'objectifs ambitieux lors de la COP15. "70 % des oiseaux du monde sont des poulets et 4% des mammifères sont des animaux sauvages, a dénoncé Boris Johnson. Pour moi, c’est catastrophique."

Emmanuel Macron, quant à lui, a indiqué que la France atteindrait cet objectif en 2022. Mais les 30 % d’aires protégées ne sont pas un objectif démesuré pour la France, où 29,5% des terres et 23,5 % des eaux le sont déjà.

Le rôle de l'industrie évoqué

Le PDG de Schneider Electric Jean-Pascal Tricoire est venu "témoigner de l’engagement de l’industrie pour la protection de la biodiversité. Quand on est industriel, on réalise qu’on ne peut pas y aller seul". Et d’évoquer le fait que les entreprises aident leurs fournisseurs pour qu’ils se dirigent vers des matériaux durables. "Nous nous sommes engagés à zéro contribution à la destruction de la biodiversité en 2030. Nous aidons nos clients à économiser 100 millions de tonnes de carbone par an, mais le rôle des entreprises est aussi d’amener des solutions innovantes et nous devons travailler ensemble pour communiquer sur ce qu’il est possible de faire."

Pour lutter contre la déforestation et développer l’agro-écologie, Emmanuel Macron a rappelé qu’il fallait réduire les importations de protéines et développer leur culture en Europe. Il a réclamé que 30 % des financements publics soient destinés au climat et à la biodiversité. L’Agence française pour de développement (AFD) a déjà annoncé cet engagement à l’horizon 2025, avec un doublement des investissements dans la biodiversité pour atteindre 1 milliard d’euros. Sur la protection de la santé, le One Planet Summit lance une initiative Prézode, pour prévenir les prochaines pandémies en lançant une alliance de recherche et en fédérant les programmes existants.

Bilan mitigé des ONG

Si Greenpeace évoque des mesures réchauffées et des annonces en trompe l’œil mettant à l’honneur des initiatives déjà lancées, Oscar Soria, directeur de campagne de l’ONG Avaaz rappelle dans un communiqué que "l'objectif de 30 % d'ici 2030 représente un doublement de la masse terrestre sous protection officielle et serait donc un grand pas dans la bonne direction, mais il ne va pas assez loin : les scientifiques disent que nous devons protéger au moins la moitié de la planète pour faire face à la perte de biodiversité d'ici 2030, et cette protection ne peut se faire qu'avec le leadership et la pleine consultation des peuples autochtones, en respectant pleinement leurs droits et en écoutant leur sagesse. La protection des forteresses n'est pas la solution, elle fait partie du problème."

www.usinenouvelle.com



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