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Un isolant pour l'intérieur produit à base de vêtements en coton recyclés

07/04/2022

Un isolant pour l'intérieur produit à base de vêtements en coton recyclés

Le nouvel isolant compte se distinguer par sa facilité de pose.    © Raphael Demaret/Saint-Gobain

Isover, l’activité dédiée à l’isolation de Saint-Gobain, met sur le marché Isocoton, un matériau isolant recyclé et majoritairement biosourcé, puisque élaboré à partir de vêtements en coton collectés en France. Un moyen de se diversifier, en plus de la laine de verre et de la fibre de bois.

Du jean que vous portez au futur isolant de votre maison, il n’y a qu’un pas, ou presque. Mi-avril, le leader mondial des matériaux de construction Saint-Gobain (44,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, 166 000 salariés) lancera Isocoton, un nouvel isolant à base de textiles recyclés. Le produit sera commercialisé sous la marque Isover. « L’isolation va permettre de répondre à l’urgence climatique. L’opinion publique est de plus en plus sensible aux enjeux du recyclage, sujet auquel va répondre Isocoton », estime Nicolas Ferry, directeur marketing Isover et Placo.

Objectifs poursuivis par Isocoton : proposer un isolant « ultra-doux au toucher », facile à poser (la fibre de bois étant plus lourde et produisant de la poussière) et made in France. Des qualités qui se paient entre 15% et 20% plus cher qu’un isolant fibre de bois, mais auxquels la business unit de Saint-Gobain croit fortement. Même si « les isolants biosourcés sont encore une niche », ceux-ci bénéficient d’une demande tirée à la fois par les particuliers, les maîtres d’oeuvre (principalement publics), la réglementation (RE2020) et les multiples aides à la rénovation. Isocoton sera éligible, selon les usages, aux dispositifs tels que MaPrimeRénov’, l’éco-prêt à taux zéro, les certificats d’économies d’énergie et la TVA à 5,5%.

Des textiles collectés en France transformés en isolant

Dédié aux usages intérieurs (Isocoton n’étant pas hydrophobe), le nouvel isolant est issu de textiles collectés en France, parmi lesquels des fibres de coton à proportion égale ou supérieure à 50%. Une opération effectuée par Gebetex, une entreprise de tri textile située dans l’Eure, avec ses partenaires. Les collecteurs récupèrent les vêtements déposés dans des conteneurs en France et les envoient en balles chez Buitex, à Cours (Rhône). Les balles sont découpées et effilochées avec une cardeuse. Les produits sont transformés en nappe, avant l’ajout d’un liant thermo-plastique « légèrement au-dessus de 100 degrés ».

Le lambda (conductivité thermique du matériau) d’Isonat est de 37, contre 36 pour la fibre de bois (le chiffre doit être le plus faible possible). Le produit est souple à semi-rigide à partir de 100 millimètres d’épaisseur. La densité est de 25 kg par mètre cube. Une fiche de déclaration environnementale et sanitaire, indispensable dans le cadre de la nouvelle réglementation RE2020, sera produite dans un délai de douze à dix-huit mois.

Un gisement constant de matières locales

En 2021, le bois représentait 53% du marché des matériaux d’isolation biosourcés en nombre de mètres carrés posés, devant la ouate de cellulose (31% mais en décroissance) et le chanvre (10%). « Le chanvre et le coton sont les deux marchés qui nous semblent avoir du potentiel pour l’avenir. Sur le chanvre, il y a un problème de ressources. Il s’agit d’une matière première qui utilise des terres cultivables, et nous avons préféré jouer la circularité ». C'est ainsi qu'Eric Barnasson, responsable pôle marketing produits et systèmes Isover et Placo, justifie le recours au coton. En 2002, Isover avait déjà lancé, avec des partenaires européens, un premier produit à base de chanvre, Florapan Plus, un produit devenu 100% français trois ans plus tard.

Isover ne s’inquiète guère pour son gisement : chaque Français jette en moyenne 12 kg de vêtements chaque année. Environ 600 000 tonnes de textiles sont collectés chaque année auprès des ménages, et plus de 65 000 tonnes auprès des industriels du textile et de la confection.

Isover dispose d’une longue expérience dans le biosourcé, avec le lancement en 2012 d’un produit hybride fibre de bois et fibre de verre; l’acquisition en 2016 d’Isonat, et l’annonce en octobre 2020 du doublement de la capacité de son usine de Mably (Loire) à horizon 2023 pour produire plus de fibres de bois. A Orange (Vaucluse), dans la plus importante de ses usines, la business unit collecte par ailleurs de la laine de verre sur les chantiers pour la recycler dans son process (Oxymelt). D’autres acteurs sont déjà à l’origine d’isolants à base de textiles, comme l’association Le Relais et l’entreprise Ouatéco, dans les Landes.

www.usinenouvelle.com

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