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Mission 2025 : des multinationales, investisseurs et gouverneurs s’allient pour contrer les reculs environnementaux

05/07/2024

Mission 2025 : des multinationales, investisseurs et gouverneurs s’allient pour contrer les reculs environnementaux

Mission 2025 vise à pousser les Etats du monde entier à tenir leur promesse et à présenter des engagements climatiques plus ambitieux d'ici février 2025. @Korakrich Suntornnites / iStock

A l’heure où les reculs environnementaux se multiplient, une coalition internationale d’entreprises, investisseurs, maires et gouverneurs appellent les Etats à poursuivre l’action climatique. Ils souhaitent rappeler aux gouvernements qui seraient tentés de céder au discours ambiant que des trajectoires alignées sur un scénario 1,5°C avec des objectifs concrets secteur par secteur sont indispensables pour réussir la transition.

“Il est temps de faire pencher la balance”. Voilà l’objectif de Mission 2025, une nouvelle coalition internationale d’acteurs privés et publics. Elle rassemble des grandes entreprises comme Unilever, Ikea, Iberdrola, des coalitions d’entreprises engagées comme We mean Business, mais aussi des maires, des gouverneurs et des investisseurs, avec l’appui de Christiana Figueres, l’une des architectes de l’Accord de Paris, cofondatrice de Global Optimism.

Il s’agit de pousser les Etats du monde entier à tenir leur promesse et à présenter des engagements climatiques (connus sous le nom de NDC, contributions nationales déterminées) plus ambitieux d’ici février 2025, pour la période allant jusqu’à 2035, conformément à ce que prévoit l’Accord de Paris. “Nous savons que cela peut débloquer des milliers de milliards d’investissements privés pour protéger notre nature, développer des énergies renouvelables bon marché, aider les industries à être compétitives dans une économie à faibles émissions de carbone et garantir le niveau de vie équitable de notre population”, écrivent-ils.

Réfuter les arguments contre la transition

Faire pencher la balance du côté de l’action climatique apparaît aujourd’hui comme un impératif alors que de nombreuses entreprises mais aussi Etats renoncent à leurs objectifs. En avril dernier, l’Ecosse avait ainsi officiellement abandonné son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 75 % dès 2030 par rapport au niveau de 1990 car il a été jugé “hors de portée”. Du côté des entreprises, Shell a supprimé en mars ses objectifs climatiques à l’horizon 2035 et abaissé ceux à 2030, tandis que Bank of America est revenu sur sa promesse de ne pas financer de nouvelles mines de charbon ou de nouvelles centrales électriques. Unilever, qui fait partie de Mission 2025, a quant à elle réduit ses engagements dans la baisse d’utilisation de plastique vierge et la mise en place d’un salaire décent à l’ensemble des fournisseurs directs.

Il y a quelques mois, la Science based target initiative (SBTi), cadre de référence mondial pour valider les objectifs climatiques des entreprises, a fait le ménage dans sa base de données. Résultat : 29% des entreprises n’ont pas vu leurs objectifs validés. Parmi les principaux freins cités par les entreprises, plus de 54% estiment en effet que le Scope 3 (émissions indirectes) est “trop challengeant” et la même proportion que “la technologie future est trop incertaine”. On constate aussi, aux Etats-Unis, un mouvement de retrait des banques et des assurances des coalitions Net Zero. Après de multiples départs, l’Alliance pour la neutralité carbone de l’assurance (NZIA) a été dissoute et remplacée par le Forum for insurance transition to net zero (FIT), une organisation plus large et moins contraignante.

“Le lancement aujourd’hui de la Mission 2025 constitue une réfutation claire de tous ceux qui prétendent qu’il est trop difficile, trop impopulaire ou trop coûteux d’agir plus rapidement pour lutter contre la crise climatique”, a déclaré Christiana Figueres. Face à ces défections, la coalition Mission 2025 préfère brandir les 55 plus grandes multinationales mondiales, avec un chiffre d’affaires annuel combiné de plus de 4 400 milliards de dollars, qui ont publié des plans de transition alignés sur un scénario 1,5°C. Ou encore les 31 000 milliards de dollars, soit plus des deux tiers des revenus annuels des plus grandes entreprises du monde, qui sont désormais alignés sur l’objectif d’émissions nettes nulles, en hausse de 45% sur deux ans, selon les données de l’Energy & Climate Intelligence Unit, un groupe de réflexion indépendant sur le climat.

Trois fois plus d’ambition

Une nouvelle analyse de l’Energy transitions commission (ETC) montre en outre que la baisse des coûts des technologies bas-carbone (éolien, solaire…) et la levée des blocages technologiques signifient que les plans climatiques des gouvernements pourraient être au moins trois fois plus ambitieux que les versions existantes, et pourraient nous placer sous la barre des 2°C de réchauffement. Pour rappel, les dernières NDC (NDC 2.0) nous mènent vers un réchauffement compris entre 2,4 et 3°C.

L’ETC recommande que les prochaines NDC (NDC 3.0) définissent des feuilles de route claires et détaillées comme par exemple, des objectifs quantitatifs pour les énergies renouvelables, des dates d’élimination progressive des interdictions de vente de véhicules à essence ou à moteur diesel. Mais aussi des objectifs mesurables et complets, couvrant tous les secteurs et tous les gaz à effet de serre, pour les réductions d’émissions, ainsi que des plans d’investissement, en particulier pour les marchés émergents, indiquant clairement les financements nécessaires pour atteindre les objectifs déclarés.

Selon un sondage mondial publié le 20 juin par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 80% des habitants de la planète – 75 000 personnes dans 6 pays ont été interrogées – veulent des engagements climatiques plus forts de leurs gouvernements face aux impacts du changement climatique. “Le changement climatique est à notre porte, et les gens le savent“, a commenté Cassie Flynn, responsable climat du PNUD. La semaine dernière, selon le Washington Post, le monde a battu 1 400 records de température. Plus de 1 000 personnes ont péri lors du pèlerinage du Hajj vers La Mecque, tandis que 100 millions de personnes étaient soumises à des alertes de chaleur aux États-Unis.

novethic

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