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Métha-Vie : un collectif de 19 agriculteurs engagés dans le bioGNV

14/10/2021

Métha-Vie : un collectif de 19 agriculteurs engagés dans le bioGNV

Les élus et le syndicat d’énergie vendéen (SyDEV) veulent associer aux productions renouvelables locales la distribution d’électricité, de GNV et d’hydrogène pour la mobilité. Ainsi, avec la station multi-énergies vertes qui sera prochainement inaugurée à La Roche-sur-Yon, le biogaz proviendrait de l’unité de méthanisation Métha-Vie installée au Poiré-sur-Vie.

En 2009, 19 exploitations agricoles se sont réunies au sein de la SAS Agriméthabel qui détient 55 % du capital de Métha-Vie, une autre société par actions simplifiée. « Cette majorité nous permet de maîtriser la composition du digestat que nous allons épandre dans nos champs à la suite du processus de méthanisation. Nous évitons ainsi les produits chargé en métaux lourds qui pourraient venir d’Europe de l’Est », a indiqué Didier Voineau, vice-président de Métha-Vie, aux participants du rallye des ambassadeurs.

Proposé par le SyDEV pour la promotion de la mobilité aux énergies alternatives, ce rallye des ambassadeurs s’inscrit dans le cadre du Vendée énergie Tour programmé mi-septembre dernier. Complètent le capital de Métha-Vie à hauteur de 13 % chacune : les deux coopératives agricoles Agrial et Cavac, ainsi que Vendée énergie, une société d’économie mixte créée à l’initiative du SyDEV. Trois banques participent également de façon plus symbolique.

             "La méthanisation, c’est d’abord un acte citoyen"

 En quoi consiste l’activité de Méthavie ? Tout simplement à produire du biogaz selon le processus de méthanisation. Et plus précisément du bioGNV lorsqu’il s’agit de l’employer pour la mobilité des voitures particulières, des utilitaires, des camions, des autobus et des autocars. « Il faut 60 jours pour obtenir du biométhane à partir du moment où les différentes matières rejoignent les méthaniseurs », a commenté Didier Voineau. Sont ici employés des produits impropres à la consommation parmi lesquels des huiles végétales, des déchets agricoles en provenance de la culture de céréales (blé, tournesol, maïs) et de l’élevage (fientes de volailles, fumier des bovins), et des résidus d’une laiterie locale. « Nous nous interdisons d’employer des produits qui pourraient servir à l’alimentation. L’Ademe conditionnait d’ailleurs à cette exigence les subventions que nous avons reçues », a souligné le vice-président de Métha-Vie.

 « Les matières qui étaient auparavant vues comme des déchets il y a dix ans sont valorisables aujourd’hui. La méthanisation, c’est d’abord un acte citoyen. Notre objectif premier est cette valorisation de nos déchets et non le rendement financier », a souligné l’agriculteur très diversement engagé dans la vie locale du Poiré-sur-Vie et de ses environs. « Ces matières n’ont pas toute le même pouvoir méthanogène. Les résidus de maïs, le fumier de chèvres puis de bovins sont parmi les meilleures. En revanche nous ne prenons pas les déchets verts en raison de leur pollution potentiel par du papier et des matières plastiques », a-t-il précisé. Le site qui est actif 24/7 mobilise 10 personnes dont 4 sont salariées. « Pour un chiffre d’affaires annuel de 2,4 millions d’euros, nous enregistrons 500 000 euros de frais de fonctionnement », a-t-il rapporté.

 Une technologie de pointe

« Nous disposons de machines, parfois des prototypes, qui découpent la fibre de certains déchets à une longueur inférieure à 3 centimètres. Ce qui permet d’accélérer le processus de méthanisation », a complété le dirigeant de Métha-Vie. « Les matières sont injectées automatiquement dans des cuves en inox de 8 mètres de hauteur selon une certaine cadence. Tout ce qui est particule est mélangé avant l’ajout des graisses, puis de l’eau. La soupe, composée de 70 % de matières liquides et de 30 % de résidus solides, est soumise à un brassage lent sous une température de 48° C. Avec une pression qui est alors de 0,5 bars, le gaz est ininflammable », a-t-il schématisé.

« En sortie de méthaniseur, et avant l’injection dans le réseau, le gaz est purifié et odorifié. Cette dernière action est indispensable afin que les ménagères puissent détecter les éventuelles fuites de gaz à la maison. Du fait de sa provenance agricole, notre produit est acheté 20 % plus haut que le gaz naturel », a-t-il détaillé.

 « Nous devons maintenir une production linéaire de 250 Nm3 par mois. C’est pourquoi nous avons mis en place 2 lignes de transformation. Si l’une tombe en panne, la seconde prend le relais », a expliqué Didier Voineau. « Nous recevons chaque jour 110 tonnes de fumier fournies par les 19 exploitations engagées dans Métha-Vie. La tonne est payée à l’agriculteur 2,60 euros. A l’année, chacun touche entre 3 000 et 4 000 euros. Toutes les livraisons sont consignées dans un registre », a-t-il poursuivi. « Les arrivées se font par camion et non par tracteur agricole, et de façon lissée sur le mois. Ceci, afin de gêner le moins possible les riverains. En outre nous faisons le maximum pour conserver le site et les camions propres. Une zone humide de 1,5 hectares entoure notre site », a-t-il mis en avant.

Digestat

« Auparavant, nous épandions du lisier dans les champs. Depuis que nos déchets sont exploités pour la méthanisation, nous l’avons remplacé par le digestat coproduit lors du processus de méthanisation. C’est mieux pour les riverains qui ne ressentent plus de mauvaises odeurs. Et plus besoin d’engrais complémentaires », s’est réjoui Didier Voineau.

« Le plan d’épandage et très suivi afin de ne pas risquer de diffuser des maladies à grande échelle. Les camions qui viennent récupérer le digestat en aspirent 24 000 litres en 3 minutes », a-t-il chiffré. En autre effet positif au fonctionnement de l’unité de méthanisation du Poirée-sur-Vie, il a glissé : « La coopérative agricole Cavac a déjà investi dans 3 camions qui fonctionnent au bioGNV. Globalement, le projet Métha-Vie, c’est un projet de territoire avec des retours sur le territoire ».


9 ans avant de démarrer la construction

« Il nous a fallu 9 ans d’étude avant de commencer la construction qui, elle, n’a duré qu’une année. Le même projet en Allemagne n’aurait pris que 2 ans. On peut dire que le principal frein à la création d’une unité de méthanisation, c’est la complexité administrative. On dirait que tout le monde veut mettre son grain de sel. Plus on dépoussière le chemin, plus il y a de nouvelles normes qui arrivent », a déploré Didier Voineau.

« Pour vendre le gaz, il faut être proche d’un point d’injection. Nous avons le nôtre par GRDF sur le site. D’autres projets de méthanisation exploitent le biométhane pour produire de l’électricité. Ca n’est rentable qu’avec une cogénération associée. Ainsi pour chauffer une piscine ou des serres de tomates », a-t-il comparé. « Les jeunes arrivent derrière nous. Ils n’auront pas tout ce travail de défrichage à réaliser. Ce qui ne les empêchent pas d’être eux aussi très motivés », a conclu le vice-président de Métha-Vie.

www.gaz-mobilite.fr

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