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La Vendée stocke de l'eau en prévision de tensions sur la ressource

15/04/2022

La Vendée stocke de l'eau en prévision de tensions sur la ressource

L'ancienne carrière des Clouzeaux commence à se remplir pour constituer une réserve d'eau.    © Vendée Eau

Le déficit de pluie menace les Pays de la Loire. En Vendée, certaines mesures du plan de sécurisation de l'accès à l'eau potable avancent, comme la transformation de carrières en retenues. La réutilisation des eaux épurées attend encore des financements.

Le constat est quasiment généralisable à l'ensemble de la France : le début de l'année est trop peu pluvieux. Mais ce constat est plus marqué dans certaines régions. « La sécheresse du début de l'année fait peser de réelles menaces pour la suite de ce printemps et sur l'été prochain. Des précipitations importantes vont être rapidement nécessaires afin de nous éviter une prochaine saison estivale difficile », pointe Météo-France à propos des Pays de la Loire, dans son résumé climatologique du mois de mars.

Depuis plusieurs années, la région se prépare à affronter des sécheresses et des étiages plus marqués, notamment à travers des documents globaux, comme le plan d'adaptation au changement climatique du bassin Loire-Bretagne, ou plus locaux, comme le contrat d'avenir des Pays de la Loire suivi du plan de reconquête de la qualité des eaux.

Plus localement encore, dans le département de la Vendée, un plan a été lancé pour encore plus sécuriser l'alimentation en eau potable. Outre les interconnexions entre réseaux d'eau potable, il prévoit de maîtriser les consommations d'eau et de réduire les fuites. Mais le syndicat Vendée eau s'est également tourné vers de potentielles nouvelles ressources, autres que l'eau superficielle stockée dont il dépend majoritairement.

Un besoin supplémentaire annuel de 500 000 m3

Première étape : le syndicat compte transformer les carrières en fin de vie en réservoirs d'eau. « Nous produisons et distribuons environ 50 millions de mètres cubes et nous avons estimé que les besoins supplémentaires annuels sont de plus 500 000 m3, explique Jérôme Bortoli, directeur général de Vendée Eau. Nous devions passer d'un stockage annuel, puisque toutes les retenues sont utilisées chaque année, à un stockage qui nous permet de faire face à une année ou deux de sécheresse consécutive. Dans le schéma régional d'utilisation des carrières, nous prévoyons de mettre en exploitation au moins une carrière par décennie. » 

Nous avons commencé à mettre en eau l'ancienne carrière des Clouzeaux, dont la capacité est de 2,5 millions de mètres cubes

 Jérôme Bortoli, directeur général de Vendée Eau

 Une première carrière avait déjà été aménagée, en 2014, à proximité du barrage de Mervent et un autre chantier de plus grande ampleur s'est ouvert, fin mars. « Nous avons commencé à mettre en eau l'ancienne carrière des Clouzeaux, dont la capacité est de 2,5 millions de mètres cubes », pointe Jérôme Bortoli. Pour cela, elle a été connectée, grâce à des canalisations de gros diamètres, à la retenue du Jaunay pour être alimentée en hiver et vidangée lors des tensions en été. « Nous réalisons ce stockage supplémentaire avec les trop-pleins hivernaux, inutiles au milieu par rapport aux débits considérés et qui, sinon, iraient rapidement à la mer, développe Jérôme Bortoli. Le barrage du Jaunay dispose de 3,8 millions de mètres cubes, cette nouvelle réserve est donc significative pour la sécurisation de l'alimentation en eau. »

À plus long terme, le syndicat vise également l'exploitation d'une autre ressource : la réutilisation des eaux usées épurées. Il a lancé dans cette optique l'expérimentation Jourdain. La première étape de ce projet est désormais bien engagée, avec le démarrage de la construction de l'unité d'affinage, un des ouvrages principaux qui complète le traitement des eaux en sortie de station d'épuration des Sables-d'Olonne.

Le financement de la seconde phase reste incertain

« Sur un projet de 20 à 22 millions d'euros, nous avons engagé un peu moins de 10 millions, avec un accompagnement des acteurs du comité de pilotage, en particulier l'agence de l'eau, le conseil départemental et le conseil régional, précise Jérôme Bortoli. Le projet est financé aujourd'hui à 35 % par Vendée eau, en autofinancement, et à 65 % par ses partenaires. »

Pour la seconde phase de travaux, les garanties de financement ne sont pas encore acquises. « En France, il est très difficile pour les collectivités de financer de la recherche et développement, en particulier dans le domaine de l'eau, pointe Jérôme Bortoli, qui précise avoir eu toutefois des réunions très productives avec le Département, la Région et l'agence de l'eau. Nous avons bon espoir que ces discussions soient suivies d'effets. L'hypothèse basse, ce serait un financement de la seconde tranche à 50 % des 12 millions d'euros restants et l'hypothèse la plus favorable serait à 65 %, comme pour la première tranche. Dans le cas où nous n'ayons pas l'effet d'entraînement souhaité, il restera à Vendée Eau à se prononcer sur sa capacité, ou non, à mener au bout le projet dans des conditions de financement dégradées. » La réponse est attendue à la fin du mois de juin.

Dorothée Laperche / www.actu-environnement.com

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