Le salon des Solutions
environnementales du Grand Ouest

Les Actualités

Interdire les vols à moins de 4 heures en train, c'est « possible » et bon pour le climat

21/06/2021

Interdire les vols à moins de 4 heures en train, c'est « possible » et bon pour le climat

                                                                                                                        © aapsky

Une étude du RAC montre la faisabilité de faire passer à 4 h contre 2 h 30 le seuil d'interdiction des vols intérieurs, prévu dans le projet de loi climat, lorsqu'une alternative existe par train. À la clé : une réduction par trois des émissions carbone.

Le Réseau Action Climat (RAC) revient à la charge pour soutenir la proposition de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) d'interdire les vols aériens intérieurs, dès lors qu'une alternative ferroviaire existe en moins de quatre heures. Le projet de loi climat, en cours d'examen au Sénat, reprend cette mesure mais la limite aux trajets réalisables en moins de deux heures et demie. Le texte exclut les vols de correspondance vers des vols internationaux. Dans une étude publiée ce mercredi 16 juin, le RAC montre que la proposition de la CCC est « possible » à mettre en œuvre et « sans impact majeur sur l'offre de train et les usagers ».

La limite à 2 heures 30 aboutirait à la suppression de seulement cinq lignes aériennes : Paris-Bordeaux, Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes et Lyon-Marseille. L'ONG cible 23 lignes qui pourraient être supprimées, pour lesquelles il existerait une alternative en train en moins de 4 h. Le RAC ajoute aussi dans son étude 14 lignes aériennes qui auraient une alternative en train en moins de 5 h. Son analyse porte également sur la ligne Paris-Nice « qui, avec Paris-Toulouse, est la liaison aérienne la plus empruntée et la plus émettrice de gaz à effet de serre à l'échelle métropolitaine ». Au total, l'étude du RAC a évalué la faisabilité technique du « report complet de la clientèle aérienne sur le train pour les 38 liaisons étudiées ».

Moins de 40 minutes de différence via le train

Résultats : l'alternative en train en moins de 4 h a la capacité d'absorber la demande du trafic aérien journalier pour 21 des 23 lignes concernées. Il n'y a que deux lignes pour lesquelles il faudrait améliorer l'offre ferroviaire : Paris-Biarritz et Lyon-Rennes. Par conséquent, « il suffirait de proposer des trains de plus grande capacité (type TGV Duplex double rames) pour absorber la clientèle aérienne », estime le RAC. En heure de pointe, le train serait aussi en capacité d'absorber le report des passagers aériens, « à créneaux horaires constants et avec des trains plus capacitaires pour la très grande majorité des lignes, ou avec l'engagement d'un train supplémentaire (cas de Paris - Marseille et Paris – Clermont Ferrand) ». La fermeture de ces 23 lignes aériennes « ne justifie donc aucun investissement supplémentaire sur le réseau », conclut l'ONG.

Synthèse de l'évaluation de la faisabilité du report modal pour les 38 lignes (copyright : Réseau Action Climat)© Réseau Action Climat

Sur ces liaisons, le temps de trajet total (porte à porte) est « moindre ou très proche » de celui de l'avion : moins de 40 minutes de différence, estime le RAC. Et le coût n'est « pas plus élevé ». L'ONG se réfère à l'étude de l'UFC-Que Choisir, parue en avril dernier, qui estime que les billets de train sont en moyenne 4 euros moins chers que ceux de l'avion sur ces lignes. La comparaison des tarifs établie par le RAC confirme ce résultat. « Les gains de confort et de temps de trajet "utile" sont également maximisés avec l'usage du train », met aussi en avant le RAC (sièges plus larges, accès à internet, etc.).

Un gain environnemental multiplié par trois

De même, la fermeture des lignes aériennes de 2 h 30 à 4 h permettrait de « multiplier par trois le bénéfice climatique de la mesure », calcule le RAC. L'ONG estime la réduction des émissions de CO2 issues des vols métropolitains à 33,2 %, contre 11,2 % (au seuil des 2 h 30). L'UFC-Que Choisir était aussi parvenu à une réduction par trois des émissions carbone, en augmentant de 2 h 30 à 4 h le seuil d'interdiction des vols intérieurs. Et en cas de fermeture de toutes les lignes intérieures, pour lesquelles il existe une alternative en train en moins de 5 h, la réduction des émissions serait également portée à 60,6 %, ajoute le RAC.

Adapter l'offre ferroviaire en heure de pointe pour les trajets de plus de 4 h

Pour les liaisons ferroviaires de plus de 4 h, le train demeure en mesure d'absorber « l'ensemble des voyageurs aériens journaliers sous réserve d'un léger renforcement de l'offre sur la ligne Paris-Toulouse », indique le RAC. C'est également le cas pour la ligne Paris-Nice (« un train supplémentaire par sens et par jour sur chacune des deux lignes »). En revanche, le temps de parcours plus élevé de ces liaisons nécessite une adaptation de l'offre en heure de pointe. L'ONG préconise donc l'ajout de créneaux horaires très tôt le matin, le développement de trains de nuit, ou encore l'amélioration ponctuelle de la performance du réseau.

Le RAC appelle les sénateurs, qui examinent en séance publique le projet de loi climat, à prendre en compte les résultats de son étude. En commission, les sénateurs ont néanmoins maintenu l'interdiction des lignes aériennes concernées quand une alternative en train existe en moins de 2 h 30. Ils ont par contre approuvé une baisse de la TVA sur les billets de train de 10 % à 5,5 % « pour encourager le report modal ».

www.actu-environnement.com

Annonce Publicitaire