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Gel tardif, sécheresse intense, pluies diluviennes : comment les viticulteurs s’adaptent déjà au changement climatique

28/04/2022

Gel tardif, sécheresse intense, pluies diluviennes : comment les viticulteurs s’adaptent déjà au changement climatique

Certains viticulteurs optent pour des filets afin d'apporter de l'ombre sur leurs vignes.        @iStock / Franco Lo

Les viticulteurs français ont cette année encore été confrontés à un épisode de gel tardif, après un hiver particulièrement doux. Face à cette instabilité climatique croissante, ils sont nombreux à mettre en place des actions pour s'adapter au changement climatique. Filets ombragés, taille tardive, cépages plus résistants, les alternatives se mettent en place un peu partout en France. 

Le climat de Tunis en Corse. C’est ce que prévoit le Giec d’ici 2050 si le monde ne se place pas rapidement dans une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De quoi transformer radicalement la viticulture. "Le changement climatique a déjà changé notre vin, du fait de la baisse de la pluviométrie et de la hausse des températures. Nous sommes dans l’une des régions les plus durement impactées, on est obligés de réagir", témoigne Marc Andreia, un jeune vigneron de 30 ans. Il a repris l’exploitation familiale dans la région de Calvi. S’il est moins inquiet que son père quant à son avenir, il multiplie les initiatives pour s’adapter.

Depuis trois ans, il travaille avec le Centre de recherche viticole de Corse (CRVI). Il a notamment testé l’installation d’un filet de 1m50 de haut posé verticalement le long des vignes pour apporter de l’ombre à ses raisins et ainsi lutter contre les fortes chaleurs. "Nous avons eu des résultats immédiats et probants" affirme-t-il. Une autre solution consiste à planter des arbres mais ces-derniers empêcheraient la mécanisation, utilisée notamment pour le ramassage des raisins. "Nous vendons bien donc nous pouvons passer à quelque chose de plus manuel. Mais quand on vend son raisin à 70 centimes le kilogramme, c’est impossible", résume Marc Andreia.

Taille tardive, cépages plus résistants

La filière est l’une des rares à avoir publié une feuille de route pour s’adapter au changement climatique. Il faut dire que les événements climatiques extrêmes - comme les canicules ou les pluies diluviennes - devraient se répéter avec une ampleur et une fréquence sans précédent, a mis en garde le Giec.  "Outre l’augmentation de la température moyenne et la variation de la pluviométrie, le changement climatique a un troisième impact qui est l’instabilité. Cette instabilité croissante prend de plus en plus d’importance et nous avons beaucoup de mal à nous y préparer mais le sujet est au cœur du métier", explique Jean-Marc Touzard, Directeur de Recherche à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.

L’exemple typique est l'épisode que nous venons de connaître début avril et qui s’était déjà produit en 2021 : un hiver doux, qui provoque un démarrage de la végétation plus précoce, et puis des gels tardifs qui détruisent les bourgeons. Face à cela, outre les drones antigel ou les braseros qui ont fait la Une des journaux, certains optent pour une taille plus tardive afin de retarder la sortie des bourgeons, d’autres choisissent des cépages plus résistants ou des localisations moins exposées au gel ou à la sécheresse.

L'AOC Ventoux se dote d'une raison d'être

L’AOC Ventoux est allée plus loin. C’est la première en France à avoir adopté une raison d’être dans le sillage de la Loi Pacte et des entreprises à mission. Réunissant 150 caves, elle s’engage à protéger le vivant en plantant 30 000 arbres et en multipliant par trois le couvert végétal. Du côté du climat, l’AOC Ventoux vise une réduction de ses émissions de 30 % d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. Elle va notamment cibler le recyclage des bouteilles en verre qui constitue le principal poste d’émissions carbone avec la mise en place d’un réseau de consignes.

"Jusqu’à présent, nous avions plutôt bénéficié des impacts du changement climatique. Alors que nous étions parmi les derniers à vendanger dans le sud de la Vallée du Rhône, la hausse des températures nous permet désormais d’atteindre la maturité pleine des raisins plus tôt dans la saison", explique Frédéric Chaudière, président de l’AOC Ventoux. "Mais les épisodes extrêmes d’aléas climatiques récents ont précipité la réflexion. En 2021, nous avons été l’appellation du sud de la Vallée du Rhône la plus touchée avec plus de 20 % de la récolte perdue et jusqu’à 70 % à certains endroits. Nous assistons à une explosion de la prise de conscience et rares sont ceux qui regardent encore ailleurs".

Concepcion Alvarez / www.novethic.fr

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