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Et si l’hydrogène vert devenait la prochaine grande fierté française grâce à Lhyfe ?

05/02/2025

Et si l’hydrogène vert devenait la prochaine grande fierté française grâce à Lhyfe ?

En forte croissance, la société nantaise vient de signer un partenariat décisif avec un investisseur émirati qui pourrait décupler son développement. Un signal positif dont pourrait bénéficier aussi les océans…

Pour respecter les engagements climatiques de l’Union européenne d’ici 2050, l’hydrogène dit « vert », « renouvelable » ou « décarboné », est nécessaire pour décarboner des pans entiers de l’industrie lourde, pétrochimie, sidérurgie, ciments, chaux, engrais, ainsi que des transports lourds dans le maritime ou l’aérien notamment. Or en décembre 2024, seule « 60% de l’ambition européenne en matière de capacité de production d’ici 2030 était couverte » par les stratégies nationales des États membres, indique un rapport du cabinet EY publié le 24 janvier. Adoptée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la stratégie énergétique européenne RepowerEu a prévu la mise en place d’un marché de l’hydrogène dans l’Union Européenne d’ici 2030. Elle a fixé des objectifs de production de 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable et d’importations équivalentes de 10 millions de tonnes d’ici 2030. Une ambition qui patine à cause d’un manque de coordination européenne et de fiabilité des technologies existantes.

Un partenariat décisif

Avec un chiffre d’affaires de 1,7 M€ au 1er semestre 2024, multiplié par 4 par rapport au 1er semestre 2023, 200 collaborateurs dans 12 pays, 5 sites inaugurés (4 onshore, 1 offshore) et plusieurs en construction : Lhyfe n’a plus rien d’une start-up et joue désormais dans la cour des grands, avec d’importants clients dans la mobilité et la chimie. Née en 2019, introduite en bourse en 2022, l’entreprise nantaise fait partie des 10 premiers producteurs d’hydrogène vert dans le monde. Et elle ne compte pas s’arrêter là. « Nous sommes les outsiders qui bousculent le marché. Nous voulons réussir à hacker le système pour le combattre de l’intérieur. Nous le faisons pour nos enfants. Pour y parvenir, nous devons convaincre les investisseurs », explique Matthieu Guesné, fondateur et président de Lhyfe. Cet ingénieur en électronique et informatique, spécialiste des batteries et du stockage d’électricité, a des arguments qui séduisent. Le 17 janvier, il vient de signer un protocole d’accord avec Masdar, filiale du Mubadala Investment Company, le fonds souverain appartenant à l’émirat d’Abou Dhabi chargé depuis 2017 d’investir dans les énergies renouvelables pour diversifier l’économie des Émirats arabes unis et réduire leur dépendance aux hydrocarbures. « Avec Masdar nous avons une ambition commune : décarboner l’industrie à grande échelle et le plus rapidement possible grâce à l’hydrogène vert. En combinant nos expertises, nous voulons accélérer le déploiement des grands sites, ceux qui ont la capacité de faire la différence en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre », précise Matthieu Guesné. Un partenariat qui pourrait s’avérer stratégique et déterminant pour décupler la croissance de la société.

Une solution à l’anoxie marine

Actuellement, Lhyfe compte une dizaine d’usines européennes de production d’hydrogène vert. Le coup d’après ? « Produire l’hydrogène en mer à grande échelle », lâche l’entrepreneur de 43 ans. La société possède déjà une plateforme pilote de production d’hydrogène vert en mer -la toute première mondiale- inaugurée en 2022. Le rapprochement avec Masdar pourrait permettre son industrialisation. Un projet qui viendrait aussi apporter une solution à la « désoxygénation » croissante des océans -ou anoxie marine-, observée depuis les années 50. Une situation principalement due à l’eutrophisation, causée par des apports excessifs de nutriments (engrais, eaux usées), entraînant une prolifération d’algues qui, en se décomposant, consomment l’oxygène disponible. L’anoxie a des conséquences néfastes sur l’écosystème marin, notamment la mort de nombreuses espèces aquatiques. La mer Baltique est l’une des régions les plus touchées au monde par les zones mortes dues à l’eutrophisation. Pour y remédier, Lhyfe s’est associé en 2023 à Flexens, une entreprise finlandaise spécialisée dans les solutions énergétiques durables, et l’Université de Stockholm pour imaginer un projet pilote d’injection d’oxygène en mer. Baptisé « BOxIn » (Baltic Sea Pilot for Pure Oxygen Injection), il débutera d’ici quelques mois et devrait durer environ six ans. Le projet BOxHy a reçu le soutien des Nations Unies dans le cadre de la Décennie des sciences océaniques pour le développement durable 2021-2030. « Chez Lhyfe, nous faisons partie de cette nouvelle génération d’industriels qui veulent avoir un impact résolument positif sur l’environnement. La réoxygénation est au cœur de notre projet », affirme Matthieu Guesné.

L’appel aux investisseurs et aux industriels

Reste pour le quarantenaire à espérer que le gouvernement français soutiendra la croissance de Lhyfe, comme le fait l’Allemagne avec son plan « Stratégie Nationale de l’Hydrogène » depuis 2020. En 2023, la KfW (Kreditanstalt für Wiederaufbau), banque de développement publique allemande, avait annoncé un plan de financement de 24 milliards d’euros pour la création d’un réseau de transport d’hydrogène vert. Il est en effet regrettable que Lhyfe manque de fonds publics plus importants pour se développer à grande échelle. Un coup de pouce serait aussi le bienvenu de la part des industriels français et européens pour décarboner leurs activités grâce à l’hydrogène vert.

Emilie Kovacs / thegood

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