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Éolien terrestre : la Bretagne face au défi de libérer du foncier

11/12/2020

Éolien terrestre : la Bretagne face au défi de libérer du foncier

La Dreal veut libérer une vingtaine de zones pour y installer des parcs de dix éoliennes            © Yves

Depuis une dizaine d'années, la distance minimale avec les zones d'habitations, conjuguée aux autres contraintes, a largement freiné le développement éolien en Bretagne. Des travaux inédits sont en cours pour libérer du foncier.

La Bretagne affiche, au 30 septembre 2020, un parc éolien terrestre de plus d'un gigawatt (GW). Avec ses 171 parcs éoliens, la région est la deuxième en termes de gisement de vent et la cinquième française en termes de capacité éolienne installée. Elle représente 6% du parc national.

Derrière ces données plutôt positives, se cache une autre réalité. Entre 2000 et 2010, le parc breton est passé de 9 MW installés à 653 MW. Depuis, le rythme de progression a ralenti. «Le parc éolien était en augmentation jusqu'en 2011 mais après le classement ICPE des éoliennes et la mise en place d'une distance minimum de 500 mètres avec les habitations , ce développement a connu un coup d'arrêt» , explique Philippe Baudry , chef de division climat, air, énergie, à la direction régionale de l'environnement (Dreal) Bretagne. S'ajoute à cette contrainte d'aménagement, une limitation de puissance de 2 MW par turbine sur 30% du territoire breton, liée aux servitudes militairesde vol basse altitude, et des difficultés d'implantation sur le littoral, liées à la loi pratique littoral et à la présence de radars de défense et de défense. Résultat: la Bretagne est loin de l'objectif fixé dans le pacte électrique breton de 1,8 GW d'éolien installé en 2020.

Aujourd'hui, on a tendance à éparpiller les mâts un peu partout où c'est possible, ce qui est contraire à une approche paysagère - Philippe Baudry, Dreal

 Pour relancer la dynamique, la région et l ' État ont signé, en 2018, une feuille de route pour le développement de l'éolien terrestre en Bretagne. L'un des objectifs principaux est de libérer du foncier pour installer de nouveaux parcs.

Un développement éparpillé, sur de petites zones

Dans un premier temps, «les parcs se sont naturellement développés dans les zones les moins contraintes (critères paysagers, naturels, culturels et patrimoniaux, servitudes d'usage ou économique) ayant pour conséquence une concentration de l'éolien sur un axe centre Bretagne. Ce développement au fil de l'eau atteint aujourd'hui ses limites » , souligne la feuille de route.

La quasi-totalité des zones sans contraintes sont désormais occupées. Sur les 27 000 km 2 que compte la Bretagne, 1 100 km 2 échappent à la règle des 500 mètres autour d'habitations, dont une grande en partie en forêt. Soit 4% du territoire. «Aujourd'hui, les dossiers proposés pour de nouveaux parcs portent sur deux, trois ou quatre machines, sur de petites zones, pour qu'il est difficile d'envisager différentes dispositions des turbines. On a donc tendance à éparpiller les mâts un peu partout où c'est possible, ce qui est contraire à une approche paysagère » , regrette Philippe Baudry.

Dans un scénario dit «réaliste» , la Dreal table sur 2 500 MW d'éolien développés d'ici 2040, avec notamment des opérations de renouvellement de l'existant avec augmentation de puissance lorsque c'est possible. Dans un scénario «ambitieux» , la région pourrait développer 4 000 MW. Mais cela suppose de s'appuyer sur des solutions innovantes et de lever certaines contraintes foncières.

Identifier une vingtaine de zones pour installer des parcs

La Dreal planche notamment sur deux axes de libération du foncier, dans l'objectif de trouver une vingtaine de zones d'environ 3 km 2 , où pourrait être installé des parcs de huit à dix machines de 2 MW.

Le premier axe vise à identifier les zones moins densément peuplées, où des logements sont isolés et vacants depuis plus de trois ans. Leur rachat pourrait permettre d'ouvrir de nouvelles zones. «Mais le nombre de zones concernées ou leur taille reste faible» , indique Philippe Baudry. «Cette année, nous travaillons sur un deuxième axe plus prometteur: l'obsolescence énergétique des logements» . L'idée est d'examiner les logements les plus énergivores, les construits avant 1975 et les premiers contenus thermiques, qui ont moins de valeur sur le marché de l'immobilier. Ceux-ci pourraient être rachetés, détruits, ou voir leur usage changer puisque la limite de 500 mètres concerne les bâtiments à usage d'habitation.«Cela pourrait multiplier par cinq le potentiel d'installation des éoliennes» , estime le chef de mission. La surface disponible passerait de 1100 km 2 à 5500 km 2 .

En 2021, les services de la Dreal vont s'atteler à l'élaboration d'une méthode de planification et de cartographie, qui doivent aller à la rencontre des territoires, des élus et des habitants pour identifier les meilleures zones possibles.

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