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Coronavirus : en route vers une décrue historique des émissions de CO2

20/03/2020

Coronavirus : en route vers une décrue historique des émissions de CO2

Au-delà de la chute actuelle des émissions de gaz à effet de serre, la pandémie de Covid-19 pourrait accélérer des transformations structurelles des économies.

La crise sanitaire provoquée par la diffusion du Covid-19 a changé d'échelle. Le 11 mars, l'OMS reconnaissait l'état de pandémie mondiale. Tous les pays du monde sont désormais concernés, le principal foyer de propagation du virus étant, à l'heure qu'il est, l'Europe.

Cette extension s'est accompagnée d'un dévissement des marchés financiers qui constitue un nouveau vecteur de propagation de la récession dans le monde. À court terme, celle-ci générera une réduction des rejets atmosphériques de CO2 d'une ampleur inédite.

Notre anticipation est que 2019 va constituer le pic d'émissions mondial, car la crise sanitaire sera, à moyen terme, un vecteur d'accélération des transformations structurelles des économies.

Hypothèses sur la durée de la pandémie…

D'après les travaux de l'épidémiologiste Antoine Flahault, le monde contemporain a connu trois pandémies : la grippe espagnole de 1918-1919 et deux épisodes de grippe, en 1957 et 1968. Les impacts de cette quatrième pandémie vont dépendre de sa dangerosité – que l'on peut caractériser à partir de sa durée et de sa létalité.

À propos de la durée du Covid-19 : le pic épidémique semble avoir été dépassé en Chine et en Corée du Sud (27 % de la population mondiale). Si l'Europe (7 % de la population) parvient à circonscrire la propagation du virus au même rythme, le pic pourrait y être atteint d'ici la fin du mois d'avril.

Il est difficile d'anticiper la capacité de réaction des États-Unis (4 % de la population) du fait de la faiblesse du système de santé publique. L'incertitude la plus grande concerne l'Asie du Sud et l'Afrique où 42 % de la population mondiale doit affronter le virus avec des systèmes de soins très vulnérables.

Retenons l'hypothèse d'un pic mondial atteint d'ici fin juin et d'un retour graduel à la normale de l'économie mondiale à partir de l'été.

… et hypothèses sur son ampleur

Quid de la létalité du Covid-19 ? Lorsque les spécialistes étudient les effets économiques des pandémies les plus graves (peste noire, grippe espagnole), un effet majeur concerne l'amputation durable des ressources en travail du fait de la létalité (un quart de la population européenne au XIVe siècle ; probablement 40 millions de décès en 1918).

Il serait malvenu de faire ici la moindre anticipation de la létalité de la crise sanitaire actuelle.

L'hypothèse retenue est que cet impact restera secondaire au plan macroéconomique. Ce sont les effets économiques et environnementaux des mesures d'exception prises par les pouvoirs publics pour endiguer la crise sanitaire qui sont pris en compte dans l'analyse.

2020, année de recul sans précédent des émissions de CO2

Les récessions surviennent habituellement pour corriger des déséquilibres antérieurs ; un surendettement initial, par exemple, comme ce fut le cas en 2009, dernière grande crise économique.

La situation actuelle est très différente : les économies entrent brutalement en récession à la suite des restrictions à la mobilité des personnes. L'imagerie satellite témoigne de l'ampleur du mouvement en Chine et en Italie où les pollutions locales ont chuté à la suite du confinement des populations.

En Chine, ces mesures ont provoqué un recul inédit de l'activité économique : d'après les indicateurs officiels, une baisse de 20 % des ventes de détail sur les deux premiers mois de l'année et de 16 % de la production manufacturière.

À la mi-mars, le gros de la crise sanitaire semblant passé, le mot d'ordre est à la relance. Malgré l'ouverture des vannes du crédit par la banque centrale, la reprise de l'économie chinoise semble toutefois poussive. La confiance n'est pas revenue, ce qui plombe la demande des ménages (consommation et logements). Sur le front extérieur, la reprise des exportations bute sur la récession, frappant désormais les principaux clients de Pékin.

Lors de la récession de 2009, la croissance chinoise avait juste ralenti, occasionnant un effet à peine visible sur les émissions de CO2. Une tout autre évolution se dessine pour 2020.

D'après une toute récente étude de Lauri Myllyvirta, basée sur des indicateurs comme la production électrique (voir le graphique ci-dessous), la récession aurait déjà provoqué un recul de 200 millions de tonnes (Mt) des émissions de CO2 en février (- 25 %)… soit l'équivalent des deux tiers de ce que la France émet en un an !

Dans ce contexte, la Chine, à l'origine de 27 % des émissions mondiales, devrait connaître en 2020 une diminution de ses émissions d'une ampleur inédite, en contraste avec ce qui s'était produit au cours de la crise économique de 2009.

Par Christian de Perthuis (pour The Conversation France)

source : lepoint.fr

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