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Collectivités : à quoi ressemble leur ville verte idéale ?
11/01/2025
L’Observatoire des villes vertes, a mené une enquête auprès des décideurs locaux pour recueillir leur vision de l’avenir de la végétalisation urbaine. Face aux défis posés par le manque de foncier disponible et la densité croissante, les municipalités s’orientent vers des solutions innovantes et collaboratives en impliquant les particuliers, les copropriétés, et les entreprises privées.
Vers une ville interconnectée
A quoi ressemblera la ville verte de demain ? Plus précisément, de quelle ville verte rêvent les responsables nature en ville des collectivités, à horizon 2035 ? Cette échéance ne doit rien au hasard : alors que l’Observatoire des villes vertes va fêter ses 10 ans en 2025, un regard prospectif est proposé. Il propose un horizon aligné sur les grandes trajectoires climat et biodiversité. Comme le souligne Laurent Bizot, co-président « il est parfois important de savoir rêver pour trouver des solutions aux grands défis » et Anne Marchand ajoute « alors que les contingences matérielles sont prégnantes, oui, il nous faut rêver pour inventer concrètement notre futur ».
Selon la 16e vague de l’Observatoire des Villes Vertes, la priorité est de créer des corridors écologiques : c’est la priorité de la prochaine décennie, pour près de la moitié des répondants de l’enquête (45%). C’est le cas par exemple d’Angers, Brest, Limoges ou encore Sens.
« La création de continuités écologiques traduit une volonté de structurer un réseau vert cohérent qui relie les différents quartiers, encourageant une mise en réseau des espaces de nature dans la ville. Le défi réside dans l’articulation de ces continuités avec les infrastructures existantes, souvent contraintes par le manque de foncier. Les villes et l’ensemble des acteurs du vivant devront aussi convaincre les propriétaires privés, copropriétés, logements sociaux et entreprises, à participer à cette démarche : la ville verte de demain implique ainsi une collaboration à grande échelle de tous acteurs de la ville, publics, particuliers, et privés. La dimension écologique est également prégnante : il s’agit de concilier les services écosystémiques et de renforcer les trames vertes et bleues », commente Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire des villes vertes.
En arrivant en seconde position, l’augmentation du nombre d’espaces verts publics (parcs, jardins) reste la priorité pour près d’un tiers des villes (31%) comme à Paris, Metz ou Saint Brieuc. À contrario, dans les 10 ans à venir, les villes ne pensent pas que la priorité soit de favoriser la végétalisation du bâti (le fait d’intégrer du végétal aux infrastructures dites « grises ») (6,9%) ou de promouvoir l’agriculture urbaine (6,9%).
Des freins qui persistent, mais un travail de pédagogie qui porte ses fruits
Certains freins persistent toutefois, et sont identifiés par les collectivités répondantes comme des obstacles à franchir sur le chemin vers la ville verte idéale. Ainsi, les contraintes budgétaires et la concurrence avec d’autres priorités urbaines représentent des freins majeurs pour 58,6% des répondants. Ces enjeux limitent la capacité des villes à investir dans des projets de végétalisation à grande échelle, alors même que leur contribution au bien-être, à la résilience climatique et à l’attractivité de la ville est indéniable, et semble comprise de tous.
« L’enquête nous montre que les bénéfices du vert en ville sur la santé, la qualité de vie et la résilience écologique sont aujourd’hui bien compris. Les villes sont très minoritaires à déclarer que les freins à leur végétalisation qu’elles peuvent rencontrer sont liées à un manque de connaissance des bénéfices de la végétalisation. Cela traduit une avancée significative dans la perception de la végétalisation urbaine. Désormais, l’enjeu n’est plus pédagogique, mais pragmatique : passer de la compréhension à l’action publique et le déploiement de stratégies pour aller plus loin dans la transformation de la ville et dans sa végétalisation utile », commente Anne Marchand, co-présidente de l’Observatoire des villes vertes.
En tout cas, plusieurs défis sociétaux devront être surmontés pour réussir la transformation des villes en espaces plus verts : les villes répondantes citent en premier lieu la réconciliation entre urbanisation croissante et préservation des écosystèmes (65,5%), suivi de l’adaptation au changement climatique et à ses impacts sur l’environnement urbain (55,2%), et la création de plus d’harmonie entre développement économique et respect de l’environnement (51,7%).
Les espaces verts comme leviers de résilience climatique et de bien-être des habitants
Une chose est sûre, les espaces verts jouent un rôle central dans la ville d’aujourd’hui et de demain : pour près d’une ville répondante sur deux (48,3%), les espaces verts seront surtout un facteur d’amélioration de la qualité de vie et de bien-être dans la ville de demain. C’est le cas de Courbevoie, Paris ou Brest.
Dans un contexte de dérèglement climatique où les villes sont confrontées à des épisodes de chaleurs, sécheresse ou encore de pluie intense, un tiers des répondants (34,5%) déclare également que les espaces verts seront un levier concretpour lutter contre le réchauffement climatique, notamment pour les villes du Sud où les îlots de chaleur sont préoccupants à l’image de Nimes, Marseille, Valence et Perpignan.
Et demain ? 17% des villes imaginent que les espaces verts seront des lieux de plus en plus multifonctionnels, ouverts à tous, avec des fonctions ludiques, éducatives et écologiques. Cela reflète une réelle évolution de l’espace vert urbain, qui tend à devenir un centre de vie pour les résidents. Pour une majorité des villes (65,5%), les espaces verts seront surtout des parcs et jardins organisés en réseau vert, reliant différents quartiers par les continuités écologiques, sortant de la logique d’espaces verts satellites isolés dans la ville.
Enfin pour définir la ville verte idéale en un mot, les répondants s’accordent sur une ville verte qui sera résiliente, apaisée et vivante. La ville de demain sera écologique et durable, inclusive et accessible pour que chacun puisse avoir accès aux espaces verts, comme un refuge contre le stress de la ville – tout en restant fonctionnel pour répondre aux besoins des habitants.
Méthodologie : Réponses récoltées auprès d’un panel de villes sollicitées entre le 30 septembre et le 4 novembre 2024. Sur cette période, 29 villes ont répondu à cette vague d’enquête de l’Observatoire des villes vertes.