Le salon des Solutions
environnementales du Grand Ouest

Les Actualités

Bientôt une seconde vie pour le plastique non recyclé

30/07/2020

Bientôt une seconde vie pour le plastique non recyclé

photo : Les plastiques durs, non alimentaires, d’ordinaire jetés parmi les encombrants, pourront être valorisés après un tri manuel par type de résine. (Le Télégramme/Pierre Chapin)

L’entreprise brestoise Tribord et son partenaire morbihannais Retrilog lancent un projet de valorisation de plastiques durs, jusqu’ici enfouis ou incinérés. Ils visent, à terme, un déploiement régional.

La formule sonne juste et fort dans une période où les préoccupations environnementales et sociales remontent en première ligne : « Notre projet est low cost, low tech et local », assène Ronan Le Guen, président de Tribord. L’entreprise d’insertion, spécialisée dans la gestion des déchèteries (lire ci-dessous) s’apprête en effet à ouvrir, dans le Pays de Brest, un centre de tri dédié aux plastiques durs. Ces jardinières, seaux ou tubes PVC, jusqu’ici enfouis ou incinérés, y seraient valorisés en matière première secondaire. « On veut passer de l’économie du déchet à une économie de la ressource, pour fabriquer des produits neufs et créer de l’emploi à partir et au plus près de cette ressource ».

Dès 2018, Tribord a lancé une étude, avec l’Ademe, pour estimer précisément ce gisement de ressource potentiel, en triant plusieurs dizaines de bennes de déchetteries. « La difficulté, c’est que beaucoup de molécules différentes composent ces plastiques, et qu’elles sont rarement compatibles entre elles ». Pour espérer donner une seconde vie à ces plastiques, il convient donc de les trier en fonction de leur composition.

En test dans le bassin brestois

« Notre choix, c’est de le faire par l’homme. Et c’est finalement assez simple, car on se rend compte que c’est l’usage de l’objet en plastique qui fait qu’on a utilisé telle résine pour la fabriquer ». Pas besoin de robots et capteurs optiques, donc. Les plastiques triés, selon une dizaine de types de résines, seront compactés puis revendus à des industriels, qui s’en serviront comme matière première.

Avec son partenaire Retrilog, spécialiste du transport des déchets, Tribord a donc décidé de passer à l’étape suivante : l’expérimentation, pendant dix-huit mois, d’un projet industriel. « On va installer un centre de tri sur le Pays de Brest, à partir de novembre prochain, où on va pouvoir valider et affiner nos process, pour être en mesure de trouver des débouchés à nos résines ». La Région, l’Adem et la Direccte soutiennent le projet, tout comme Valorplast, une société à but non lucratif, spécialisée dans le recyclage des emballages plastiques, et Veolia Environnement.

Ambitions régionales

L’expérimentation devrait démarrer en novembre prochain, le choix du site d’installation du centre de tri n’étant pas encore définitivement arrêté. « Cette phase devrait permettre de créer cinq emplois, et de traiter à terme plus de mille tonnes de déchets », estime Ronan Le Guen. Mais l’objectif réel est bien de monter une filière régionale autour de ce projet. « Entre Retrilog et nous, on a une couverture territoriale, qui permet une collecte régionale. L’idée serait de créer plusieurs centres de tri, avant d’être au plus près de la ressource ».

« Tous les chefs d’entreprise vous diront que leur entreprise est particulière. Mais la nôtre l’est sans doute un peu plus », aime à dire Ronan Le Guen, au sujet de Tribord. Première originalité, cette société par actions simplifiées a été créée en 1990 par trois associations : Emmaüs Brest, Sato relais et l’Institut breton d’éducation populaire permanente. Surtout, il s’agit d’une des premières en France à avoir obtenu l’agrément Esus, pour Entreprise solidaire d’utilité sociale. « On est conventionnés par l’Etat pour intégrer, par l’activité économique, des personnes éloignées de l’emploi ».

La société est née à une époque où la gestion des déchèteries était encore balbutiante : « Les collectivités et associations y ont vu une source d’emploi importante ». Avec raison : Tribord, dont le siège demeure à Brest, emploie aujourd’hui quelque 220 personnes, de Plougonvelin à Saint-Mars-du-désert (44), un territoire où elle gère une soixantaine de déchèteries, mais aussi la collecte et le tri des déchets pour le compte de nombreuses collectivités.

Une filiale dans le numérique

En 2019, Tribord a réalisé un chiffre d’affaires de 7,5 M€, et renouvelé d’importants marchés, comme celui pour Rennes Métropole ou Sotraval, sur le nord-Finistère. « Aujourd’hui, on a une visibilité de trois à cinq ans pour toutes nos activités. Ce qui nous permet de nous lancer sur le projet Retriplast ».

Car Tribord aime innover. Mi-2018, après trois ans d’expérimentation, elle créait une filiale, Symetri, spécialisée dans les digitales de traçabilité des déchets. Aujourd’hui, la start-up, qui se développe à Brest et Rennes, emploie six salariés et compte quelque 120 clients, partout en France, dont les métropoles de Marseille, Lyon ou Toulon. « Une preuve que les structures de l’économie sociale et solidaire peuvent aussi se projeter sur le numérique », appuie Ronan Le Guen.

source : le telegramme


Annonce Publicitaire