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Pourquoi le réchauffement climatique aggrave-t-il le risque et l’intensité des inondations ?
10/02/2025

À Malestroit (Morbihan), des bénévoles de la Réserve communale distribuent des parpaings et aident les habitants à relever leurs meubles. | THIERRY CREUX, OUEST-FRANCE
Un défilé de dépressions chargées d’humidité explique le niveau des crues relevé dans l’Ouest. Le réchauffement de l’atmosphère imputable aux activités humaines a augmenté la fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations.
L’Ille-et-Vilaine « devrait connaître le mois de janvier le plus pluvieux depuis 1945 », souligne Simon Mittelberger, climatologue chargé du suivi hydrique à Météo France. La station météorologique de Rennes (Ille-et-Vilaine), ouverte cette année-là, a enregistré des niveaux records. « Il est tombé 170 mm de pluie du 1er janvier au 27, alors que la normale climatologique est de 70 mm. » Cette mesure correspond à 170 litres d’eau déversés sur un mètre carré. Sur la même période, les compteurs ont relevé 190 mm à Brest (Finistère), 180 mm à Vannes (Morbihan) et 162 à Nantes (Loire-Atlantique). Ces pluies arrosent des sols artificialisés ou déjà saturés en eau. Résultat : elles ruissellent. « Les cours d’eau réagissent plus rapidement et la décrue est plus lente. » C’est ce qui explique l’apparition d’inondations notables.
Qu’est qui explique ces records ?
Un rail de dépressions océaniques chargées d’humidité poussées vers l’Europe. « Il s’agit d’un défilé classique pour l’hiver mais ce qui est caractéristique, c’est la récurrence de passages de forte intensité », explique le climatologue.
Faut-il y voir une conséquence du réchauffement climatique ?
Le rapport remis en 2021 par les scientifiques chargés d’évaluer l’impact des activités humaines sur le changement climatique (Giec) est formel. Le réchauffement moyen de l’atmosphère « a augmenté la fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations depuis les années 1950 ». Plus la température augmente, plus l’atmosphère se charge de vapeur d’eau. « Elle transporte en moyenne 7 % d’humidité supplémentaire » par degré de réchauffement, mais avec de fortes disparités locales. « C’est comme une éponge qui devient de plus en plus efficace, résume Davide Faranda, climatologue au CNRS. La capacité d’une tempête ou d’un orage à aspirer de l’humidité et à la décharger est plus élevée. » Il rappelle que l’année 2024 a été l’année la plus chaude enregistrée : +1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.
La France est-elle bien préparée ?
« La question de l’adaptation à des années tantôt très sèches, tantôt très humides, est posée », ajoute le scientifique. Un rapport du Haut conseil pour le climat publié en 2021 a mis en lumière les risques associés à la multiplication des inondations. Trente-huit ont eu lieu entre 1964 et 1990, contre 103 entre 1991 et 2015. Avec des conséquences sur le rendement des cultures et de gros dégâts dans des habitations, des entreprises, des écoles… Et des bilans parfois catastrophiques. Chez nos voisins, les crues extrêmes qui ont frappé la province de Valence en Espagne, les 29 et 30 octobre 2024, ont fait 222 morts. On en a compté 185 dans le sillage des intempéries qui ont frappé l’ouest de l’Allemagne, en 2021.