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L'Ademe pointe du doigt les faiblesses du recyclage des métaux en France

18/03/2024

L'Ademe pointe du doigt les faiblesses du recyclage des métaux en France

La France est en retard en matière de recyclage des grands métaux par rapport à ses proches voisins européens.    © FreeProd

L'Ademe publie un état des lieux du recyclage de onze matières entre 2012 et 2021 avec un focus sur les plastiques, les textiles et les métaux. Pour ces derniers, de gros efforts restent à accomplir pour mieux recycler en France.

Ce mercredi 13 mars, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a présenté la nouvelle édition du Bilan national du recyclage (1) . Le document propose un panorama du recyclage de onze matières entre 2012 et 2021. En complément, elle présente une nouvelle étude sur le recyclage des grands métaux en France. L'Agence y dresse un état des lieux du recyclage de l'acier, de l'aluminium et du cuivre qui met en lumière les retards par rapport à nos proches voisins européens. Le rapport identifie aussi des leviers d'action pour augmenter la quantité de métaux provenant du recyclage et répondre aux besoins des acteurs hexagonaux.

Des chiffres soumis aux fluctuations des marchés

Il faut impérativement améliorer la chaîne du recyclage pour répondre aux enjeux économiques, géostratégiques, environnementaux ou encore sociaux posés par l'approvisionnement en matières premières, explique en introduction Hélène Bortoli Puig, cheffe du service écoconception et recyclage de l'Ademe. Ce constat s'appuie sur le bilan national du recyclage de l'agence qui rassemble les données disponibles tout au long de la chaîne de valeur du recyclage, de la collecte à l'incorporation.

Onze matériaux sont abordés : bois, verre, déchets inertes du bâtiment et des travaux publics (BTP), plastiques, textiles, papier-carton, métaux ferreux, aluminium, cuivre, zinc et plomb. Pour chacune de ces matières, le bilan fournit les flux aux différentes étapes du recyclage, les données socioéconomiques de la chaîne de valeur, les résultats environnementaux de chaque filière et les éléments de contexte.

Qu'en retenir ? Tout d'abord, les derniers chiffres disponibles font état d'une collecte pour recyclage de 66 millions de tonnes (Mt) pour l'ensemble des onze matériaux (pour une production de déchets de 370 Mt). La demande française en matière recyclée s'élève à 53 Mt.

Cela étant, ces chiffres globaux sont à prendre avec des pincettes, explique Hélène Bortoli Puig, tant l'activité dépend des fluctuations du marché européen et international. Avec la fermeture des frontières de la Chine et de certains autres pays importateurs de déchets à recycler depuis 2018, puis la crise sanitaire de 2020 et la reprise économique de 2021, les conditions de marché ont été chaotiques. Bien sûr, à cela s'ajoutent les évolutions réglementaires en faveur de la prévention, du recyclage et de l'incorporation qui impactent la disponibilité de certaines matières à recycler pour satisfaire la demande en matières recyclées.

Plastiques, textiles et métaux sur le devant de la scène

La demande en matières premières de recyclage des filières métallurgiques françaises est nettement inférieure aux matières premières de recyclage disponibles ” - Ademe

Cette année, l'Ademe met l'accent sur trois matériaux à forts enjeux. Il s'agit d'abord des plastiques, dont la collecte pour recyclage a progressé de 400 000 tonnes en 2012 pour atteindre 1,3 Mt en 2021. Pourtant, « malgré la progression, le recyclage des plastiques en France est encore trop faible au regard des objectifs nationaux et européens », résume l'Ademe, précisant que le taux de collecte affiche un petit 25 % (chiffre 2020). Pour y remédier, l'Agence appelle à une plus grande adhésion des trieurs, à plus d'écoconception et à plus de capacités de recyclage, notamment pour pouvoir traiter tous les types de résines vendus en France. L'incorporation d'une tonne de plastique recyclé permet d'éviter 2,7 tonnes d'équivalent CO2 (téqCO2).

Deuxième matière mise en avant, les textiles qui, pour la première fois, intègrent le bilan de l'Ademe. En 2021, 110 000 tonnes de matières ont été préparées pour incorporation en France, pour une collecte de 244 000 tonnes (le gisement est estimé à environ 800 000 tonnes par an). « Des progrès sont attendus pour recycler davantage de ces déchets grâce au développement de nouvelles technologies et débouchés », rappelle l'agence. Avec ce matériau, l'avantage en termes de décarbonation est de 7,1 téqCO2 par tonne incorporée.

Enfin, l'Ademe attire l'attention sur les métaux ferreux. Elle signale que le taux de collecte est stable à 90 % depuis plusieurs années, ce qui est élevé. Mais ce bon résultat masque un recul du taux d'incorporation de 5 points par rapport à 2012 (à 43 %, en 2021). Le problème est lié au tri qui ne permet pas de garantir un faible niveau d'impuretés dans l'acier recyclé, alors même que les industries consommatrices sont demandeuses d'acier de grande qualité.

Le recyclage des métaux loin d'être optimal en France

Ce dernier constat, ainsi que le caractère stratégique des métaux pour un grand nombre de secteurs économiques, justifient que l'Ademe publie aussi une étude sur le potentiel d'amélioration du recyclage des métaux en France (2) . Dans les grandes lignes, l'étude montre que, bien que la majorité des métaux soient collectés, leur recyclage en France « n'est pas encore optimal ». En cause, une chaîne de valeur peu performante qui aboutit au recyclage en boucle ouverte. Conséquence : « la demande en matières premières de recyclage des filières métallurgiques françaises est nettement inférieure aux matières premières de recyclage disponibles. »

Et faute de pouvoir répondre aux attentes de son industrie, la France est le principal exportateur net européen de métaux à recycler. Ces volumes bénéficient à l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et l'Italie qui disposent d'une industrie du recyclage plus performante capable d'accepter des métaux à teneurs élevées en matières résiduelles. En 2021, le France a ainsi exporté 5,5 Mt d'acier (45 % des volumes collectés), 342 000 tonnes d'aluminium (47 % de la collecte) et 280 000 tonnes de cuivre exportées (100 %).

Bien sûr, chaque métal a ses particularités. S'agissant de l'acier, le passage progressif de hauts fourneaux à des fours à arc électrique devrait sensiblement faire progresser l'incorporation. En effet, la filière sidérurgique électrique, qui ne représente que 30 % de la production d'acier en France en 2019, est la principale filière consommatrice de ferrailles puisqu'elle accepte des teneurs plus élevées de contaminants. Quant au recyclage du cuivre, il pâtit d'une filière d'affinage du cuivre « presque inexistante en France ».

1. Télécharger le bilan du recyclage en France

2. Télécharger l'étude sur le potentiel d'amélioration du recyclage des métaux

Philippe Collet / actu-environnement


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