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De la ferme à l’usine, les plastiques agricoles usagés se recyclent pour une deuxième vie

07/02/2022

De la ferme à l’usine, les plastiques agricoles usagés se recyclent pour une deuxième vie

Jean-Paul Touaille, éleveur laitier à Combrée (Maine-et-Loire), trie et stocke ses plastiques agricoles usagés avant de les transporter deux fois par an dans un point de collecte. | OUEST-FRANCE

Bâches d’ensilage, filets d’enrubannage, bidons, sacs d’engrais… Les trois quarts des plastiques agricoles usagés sont recyclés. De la ferme à l’usine, nous avons suivi leur parcours.

Bidons vides, ficelles de bottelage, bâches d’ensilage, sacs d’engrais… Chaque année, la ferme France génère 116 000 tonnes de déchets plastiques. Une filière de recyclage a été créée en 2001. Son nom : Adivalor. Traduire : agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles. Son objectif : éradiquer les mauvaises pratiques, devenues illégales, de brûler les déchets à la ferme ou de s’en débarrasser à la déchetterie communale. Financée à 75 % par l’écocontribution (inclue dans le prix du produit acheté) et à 25 % par la valorisation des plastiques issus du recyclage, elle réussit son pari : 300 000 exploitations sur 400 000 trient leurs déchets. 85 000 tonnes de plastiques usagés sont collectées. 90 % des déchets collectés sont recyclés​, assure Pierre de Lépinau, directeur général d’Adivalor.

300 000 agriculteurs trieurs

Deux fois par an, Jean-Paul Touaille, producteur laitier à Combrée (Maine-et-Loire), est informé par la société Pelé Agri-Conseil, son fournisseur en intrants, des dates de l’opération « Je trie ferme »​, pilotée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Après les avoir sommairement nettoyées, Jean-Paul a enroulé ses bâches d’ensilage et entassé dans des sacs ses ficelles de bottelage et ses bidons vides. C’est le tri à la source​, dit-il. Son butin annuel : 5 rouleaux de bâches, 120 kg de sacs d’engrais et de semences, 450 kg de ficelles et 4 à 5 sacs de bidons.​

8 000 points de collecte

8 000 points de collecte sont mis à disposition par les coopératives et les négociants, sur le territoire français. Basée à Combrée, Pelé Agri-Conseil mobilise quatre de ses douze dépôts. Nous récupérons 100 % des plastiques que nous vendons​, souligne Denis Pelé, le patron. Après la pesée de sa remorque sur le pont-bascule, Jean-Paul décharge ses déchets dans des compartiments distincts. Un salarié vérifie la conformité de la livraison, qui ne doit pas présenter de souillures excessives (terre, cailloux, corps étrangers, végétaux). Il remet à l’agriculteur un bordereau indiquant la catégorie et le poids des déchets collectés. En 2020, 16 000 tonnes de déchets plastiques ont été collectées dans les Pays de la Loire​, quantifie Nicolas Rubin, chargé de mission économie circulaire à la chambre d’agriculture.

Bruno Langlois, chauffeur-routier, s’apprête à convoyer les déchets emballés depuis le dépôt de Combrée jusqu’à une plateforme de pré-traitement à Saumur. | OUEST-FRANCE


Un chauffeur routier charge à la mini-grue son semi-remorque. Direction Saumur, où se situe l’un des 110 centres de pré-traitement. Ces grandes plateformes compactent les déchets sous la forme de balles.

60 usines de recyclage

Les déchets sont ensuite expédiés vers des usines de recyclage. Les filets de balles rondes et les ficelles, jusqu’à présent sans solution de traitement, car fortement souillées par les résidus de culture, sont convoyés vers la nouvelle usine RecyOuest, à Argentan (Calvados). Les bâches sont dirigées vers l’usine Suez Plastiques Ouest, à Landemont (Maine-et-Loire).

À Landemont, l’usine Suez transforme les déchets plastiques agricoles en granulés de plastique, ingrédient pour l’industrie plasturgique. | SUEZ


Là, elles sont déchiquetées, broyées. Les flocons obtenus sont lavés, essorés, fondus à 280 °C (extrusion). On obtient une sorte de pâte à modeler qui est découpée en spaghettis, puis en granulés​, décrit Yann Ménigaud, le directeur de l’usine.

Une matière première pour la plasturgie

Les granulés sont vendus aux industriels de la plasturgie. Le polyéthylène basse densité des bâches recyclées sert à fabriquer de nouvelles bâches, des sacs-poubelles, des gaines techniques, des pare-chocs… Le polypropylène des ficelles redevient ficelles. Le polyéthylène haute densité des filets de balles rondes revivra sous forme d’emballages.

Granulés plastiques issus de l’usine de recyclage. | OUEST-FRANCE


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