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Une autre valorisation des mandrins carton

09/08/2021

Une autre valorisation des mandrins carton

Le contexte

L’origine de la demande

Le Pays Thur Doller s’est interessé à plusieurs entreprises de son territoire qui ont comme déchets des mandrins en carton, sur lesquels sont enroulés les tissus qu’elles transforment.

Ces mandrins, élaborés à partir de papier enduit de colle et enroulés sur eux-mêmes sont recyclés. Ils sont de longueur, de diamètre et d’épaisseur variables selon les entreprises, et peuvent être différents au sein d’une même entreprise.

Le plus souvent, ces mandrins, qui sont encombrants en raison de leur géométrie variable, sont stockés dans une benne spécifique, qui nécessite un enlèvement fréquent.

Les entreprises concernées sont principalement les entreprises du secteur textile, mais aussi celles liées à l’imprimerie (cœur de bobine papier). Dans une moindre mesure, on peut retrouver ce type de déchet dans les entreprises de l’agroalimentaire (mandrins des rouleaux d’étiquettes, souvent moins longs) et dans les surfaces de bricolage vendant des revêtements de sol au mètre.

Des contraintes de terrain

Bien que ces mandrins en carton soient recyclables, la gestion de ce type de déchet engendre des frais importants pour les entreprises :

Une location de benne spécifique : les mandrins trop durs pour être mis dans une presse à déchets, et prenant beaucoup de place pour peu de poids dans la benne dédiée au papiers/cartons,

Rotation fréquente par le prestataire déchets de cette benne,

Valeur marchande plus faible que le carton normal car nécessitant un prétraitement réalisé par un prestataire (broyage) payé en sus quand le coût de rachat du carton est trop bas.

D’un point de vue environnemental, ce type de gestion engendre un trafic routier important (rotation des bennes), émetteur de gaz à effet de serre et contribue à l’émission de pollution.

Un projet de collaboration entre les deux PETR

Si le territoire Thur Doller bénéficie de l’appellation « Alsace, terre de textile », pour ses entreprises, les territoires limitrophes accueillent aussi des entreprises confrontées à la même difficulté de gestion de ces mandrins devenus déchets, qu’elles appartiennent au secteur textile ou de l’imprimerie.

Ainsi, sur le territoire du PETR du Pays Rhin Vignoble Grand Ballon, l’animateur d’Écologie Industrielle et Territoriale, a également détecté des entreprises qui ont les mêmes contraintes sur les communes où il intervient.

Ces deux PETR ont collaboré pour lancer une étude sur le gisement de mandrins dans les entreprises situées sur leurs territoires, le but étant de pouvoir leur proposer des solutions techniques, économiques et environnementales plus performantes.

Ces structures bénéficiant de fonds LEADER[2], l’étape préalable d’étude de terrain peut être en partie financée dans le cadre d’une « coopération », ce qui concerne leur territoire respectif.

Le projet consiste à la création d’une unité mobile de prétraitement des mandrins cartons, permettant de réaliser une prestation in-situ dans les entreprises et visant à réduire le volume de ces déchets. Les morceaux de mandrin ainsi obtenus seraient alors déposés dans une benne à carton classique.

Il est prévu que la création de l’unité de prétraitement mobile, ainsi que la réalisation des prestations en entreprises, soient idéalement réalisées par une structure issue du secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS).

Ainsi, comptablement pour les entreprises, le coût de cette prestation pourrait être déduit de la contribution versée AGEFIPH (Association de GEstion du Fonds pour l'Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées).

Des essais de broyage, via un broyeur à végétaux sont prometteurs.

Bénéfices de la prestation 

Pour l’entreprise détentrice de mandrins une diminution des coûts liés :

  • A l’arrêt de la location de la benne dédiée aux mandrins,
  • A l’arrêt des rotations fréquentes de cette benne,
  • Substitution des coûts de broyage du prestataire par ceux de l’entreprise de l’ESS
  • Possibilité de « défiscaliser » en partie les coûts d’intervention (entreprise du secteur l’ESS)

Pour l’entreprise d’ESS

  • Nouvelle prestation en extérieur auprès d’entreprises,
  • Contribution à l’économie locale.
  • Possibilité d’amortir un investissement sur deux prestations dont une non-saisonnière

Pour l’environnement

  • Moins de transport en camion, et donc d’émission de gaz à effet de serre et de particules,
  • Recyclage facilité.

 Planning réalisé

Juillet aout 2020              : Etablissement du cahier de consultation

10 septembre                  : Lancement de la consultation (3 bureaux d’études contactés)

16 octobre                       : Limite pour la remise des offres (3)

22 octobre                       : Commission d’évaluation des offres

En décembre                   : Validation du choix de la commission par les Comités syndicaux des Pays

7 janvier 2021                  : Réunion de lancement de l’étude

9 juillet 2021                     : Restitution de l’étude

Les résultats

113 entreprises sur les deux territoires ont été contactées. Une vingtaine ont fait l’objet d’un RDV d’approfondissement

La problématique de la gestion des mandrins est très différente dans les entreprises selon la nature des mandrins : quantité, longueur, mais aussi diamètre et surtout épaisseur (résistance au pressage).

Avec cette étude, aujourd’hui nous avons une bonne connaissance du gisement et de ces caractéristiques physiques ainsi que de sa gestion par entreprises. Cette connaissance précise du gisement nous permet d’éliminer certaines solutions et d’envisager la suite :

Le réemploi est difficile à mettre en œuvre au vu :

  • De la grande diversité des mandrins utilisés, parfois au sein même d'une entreprise
  • De la nécessité des entreprises à offrir à leurs clients des mandrins intacts pour ne pas mettre en cause leur fonctionnalité (pas d’écrasement des extrémités afin de permettre de les enfiler sur des dévidoirs)
  • Du très faible coût d’achat en neuf
  • D’une logistique très vite couteuse (faible tonnage pour un gros volume)
  • Un conditionnement rigoureux sous peine de foisonnement.

De plus, la gestion des mandrins dans les entreprises est déjà dans le cercle vertueux de la valorisation matière (recyclage), et les industriels ne ressentent pas forcément de besoin d’intervenir.

Cependant, si la proposition de broyage ne semble qu’une amélioration de la gestion actuelle, elle évite quand même de nombreuse rotations de camion par ce broyage nécessaire in situ.

Aussi il semble pertinent :

  • Dans un premier temps, de pouvoir proposer une prestation de broyage in situ aux entreprises qui en ressentent le besoin (des entreprises de l'ESS étudient d’ores et déjà ce type de prestation)
  • Dans un deuxième temps de proposer cette prestation d’amélioration aux autres entreprises
  • De regarder les possibilités de transformer ce broyat de carton en substitution de calage industriel type papier kraft neuf, ballonnet de PE, film bulles, …et de voir les débouchés sur le territoire. On pourra alors utilement s’inspirer du partenariat entre  USOCOME et l’ESAT/EA des ateliers de Sonnenhof dans le nord du Bas Rhin. Les contacts sont pris via le réseau RESILIAN

La feuille de route est là ! Il reste du travail, mais avec des pistes prometteuses

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