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Urgence écologique : agissons sur la cause primaire !

08/04/2024

Urgence écologique : agissons sur la cause primaire !

Par Fabrice BONNIFET

  • Face aux enjeux climatiques, deux solutions existent, estime Fabrice Bonnifet : "Celles qui agissent sur les symptômes et celles qui ciblent la cause primaire".
  • Malheureusement, déplore-t-il, les premières sont aujourd'hui les plus prisées.
  • Le président du C3D, le collège des directeurs du développement durable, nous livre son nouvel édito.

Les pourfendeurs de la réglementation écologique, brocardée souvent comme punitive, critiquent le caractère coercitif des mesures qui sont pourtant nécessaires pour diminuer rapidement les pressions des activités humaines non essentielles sur les écosystèmes naturels. L’alternative simpliste proposée est sans surprise d’innover technologiquement pour pouvoir continuer comme avant en générant soi-disant moins d’impact. Si la nature des progrès à réaliser pour revenir dans les clous des limites planétaires était limitée, nous pourrions envisager cette solution, à condition d’en maîtriser les effets rebonds. Oui mais voilà, pour atteindre la neutralité carbone planétaire, il va falloir se débarrasser de... 90% des émissions de GES en 25 ans, autant dire que la définition de l’écologie des solutions chérie par les donneurs de leçon techno-solutionnistes va devoir être révisée en profondeur. 

"Arrêtons donc de croire ou de faire croire qu’il va être possible de faire autrement, sans remettre fondamentalement en cause le mode de vie des pays à hauts revenus"  Fabrice Bonnifet

Pour faire simple, il y a deux catégories de solutions, celles qui agissent sur les symptômes et celles qui ciblent la cause primaire. Hélas, ce sont les premières qui sont les plus prisées par sa majesté le marché, car il est toujours plus facile et plus rémunérateur à court terme de faire semblant d’agir. Et puis en agissant uniquement sur les symptômes, on est certain de ne pas faire disparaître la rente associée à l’origine du problème. Ainsi, au lieu de réguler l’intolérable et d’accepter de ralentir l’économie du superflu, on contourne l’obstacle avec des pseudo-solutions vertes qui en coût carbone complet n’économisent rien et ne font que déporter les impacts ailleurs… Les exemples pullulent. Dans son dernier livre Sans transition (édition Seuil), Jean-Baptiste Fressoz explique d’une façon implacable, que loin de se substituer, les matières et les énergies sont reliées entre elles, croissent ensemble, s’accumulent les unes sur les autres. 

Urgence climatique : le syndrome du "Rubik's cube"

Arrêtons donc de croire ou de faire croire qu’il va être possible de faire autrement, sans remettre fondamentalement en cause le mode de vie des pays à hauts revenus. En réalité, pour faire advenir l’effet positif attendu pour l’humanité d’une resynchronisation de l’économie avec la biocapacité planétaire, les mesures à prendre pour éradiquer la cause primaire de la crise écologique et sociale se trouveront moins dans le déploiement d’une approche techno-centrée, que dans l’émergence d’un nouvel imaginaire du bien-être à dominante de suffisance et de low-tech, en harmonie avec toutes les formes de vie. Un récit collectif désirable promoteur de valeurs immatérielles qui s’encastrerait dans une économie régénérative et qui remplacerait l’illusion d’un "bonheur" consumériste issu d’un extractivisme prédateur des conditions d’habitabilité de la planète.

Fabrice BONNIFET

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