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L'effondrement de ce courant dans l'Atlantique va provoquer un dangereux refroidissement dans certaines régions
27/10/2024
L'effondrement du courant Amoc pourrait provoquer un refroidissement de certains pays. © kansak01, Adobe Stock
Quarante-quatre experts scientifiques en provenance de 15 pays différents ont rédigé et signé une lettre sur les dangers de l’effondrement du courant Amoc. Le réchauffement climatique affaiblit le méga-courant, ce qui risque de provoquer un refroidissement lourd de conséquences dans certaines régions du monde.
Cette lettre explicative est destinée au Conseil nordique des ministres, une organisation intergouvernementale créée par les pays nordiques (Danemark, Islande, Norvège, Suède, Finlande) et leurs territoires autonomes (Groenland, îles Féroé et Åland). Parmi les signataires, des experts des pays scandinaves, mais aussi d'Australie, de Chine, d'Angleterre, d'Allemagne, des États-Unis, ainsi qu'un chercheur français, le Dr. Didier Swingedouw du CNRS. Tous alertent sur le franchissement d'un point de non-retour qui aura de lourdes conséquences sur le climat : l'effondrement du courant marin Amoc (la circulation méridienne de retournement atlantique).
Selon eux, « ce risque a été largement sous-estimé », et notamment par le Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). Dans son dernier rapport, le Giec explique « avoir une confiance assez moyenne concernant le fait que l'Amoc ne devrait pas s'effondrer brusquement avant 2100 ». Depuis cette publication, de nouvelles études estiment désormais que l'effondrement de ce courant pourrait se produire dans quelques dizaines d'années.
L’Amoc régule le climat européen, américain et africain
Le méga-courant Amoc transporte les eaux chaudes de l'océan Atlantique sud vers les hautes latitudes de l'océan Atlantique nord. Cette eau se refroidit alors et forme des « cellules » de différentes températures qui redistribuent la chaleur et le carbone dans plusieurs zones. Ce courant (dont le gulf stream constitue l'un des segments) influence donc fortement la météo de l'Europe, de l'Amérique, mais aussi de l'Afrique. Cependant, le réchauffement climatique est en train de tout bousculer : la hausse des températures en Antarctique affaiblit l'Amoc, qui joue alors de moins en moins son rôle de transport des eaux. Le réchauffement a réduit la quantité d'eaux froides de fond, mais aussi contribué à l'élévation du niveau de la mer.
Le parcours de l'Amoc de l'Antarctique à l'Arctique, avec en rouge les eaux de surface, en jaune les eaux intermédiaires, en bleu les eaux profondes et en violet les eaux abyssales. © Chidichimo et al., NOAA
Des phénomènes météo extrêmes sans précédent
« Un changement dans la circulation de l'océan serait dévastateur avec des conséquences irréversibles pour les pays nordiques et d'autres pays du monde », précise la lettre des scientifiques. « L'Amoc est le mécanisme dominant qui transporte de la chaleur à travers l'océan Atlantique, ce qui détermine la vie de tous les habitants de l'Arctique ». Un tel changement dans l'océan entraînerait « un refroidissement majeur » des régions nordiques, comme on le voit sur cette carte.
Le changement dans l'évolution des températures sur Terre en cas d'effondrement du courant Amoc : plus chaud sur la majeure partie du monde, mais beaucoup plus froid sur une partie de l'Arctique. La France se situe à la limite. © Science
La masse d'air froid, qui circule déjà au-dessus de ces régions, subirait alors une énorme extension, ce qui mènerait à « des phénomènes météo extrêmes sans précédent » qui influenceraient aussi les autres pays. Tout le nord-ouest de l'Europe pourrait alors être affecté par un changement de météo, pas seulement au niveau des températures, mais aussi au niveau des pluies, avec un impact important sur l'agriculture. En météorologie, tout est connecté dans l'atmosphère, voilà pourquoi les conséquences ne concerneront pas seulement les pays scandinaves. Les scientifiques précisent que « l'adaptation à des conditions climatiques aussi extrêmes n'est pas une option viable ». Les experts demandent donc au Conseil nordique des ministres de prendre toutes les mesures nécessaires pour que le réchauffement ne dépasse pas le seuil des +1,5 °C comparé au niveau préindustriel, un seuil a priori déjà atteint selon les dernières observations.