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La technologie de cette entreprise d’Ille-et-Vilaine permet de filtrer les polluants éternels

24/01/2025

La technologie de cette entreprise d’Ille-et-Vilaine permet de filtrer les polluants éternels

Julien Blanvillain, directeur de Semeo, devant une unité mobile de traitement des eaux. | OUEST-FRANCE

Semeo, petite entreprise basée à Bréal-sous-Vitré (Ille-et-Vilaine), entre Rennes et Laval (Mayenne), loue aux industriels une machine permettant de filtrer les PFAS, ces composants chimiques nocifs pour la santé. Répondant à une forte demande, l’innovation technologique tire la croissance de la PME en plein développement.

Filtrer de l’eau contenant des polluants éternels de façon à la rejeter avec des seuils inférieurs à la réglementation. C’est la prouesse que propose Semeo, une entreprise basée à Bréal-sous-Vitré, en Ille-et-Vilaine, à la frontière de la Mayenne. La PME a mis au point une machine basée sur la technologie de l’osmose inversée, comme « un gros filtre ». « Il faut imaginer qu’on prend du café et qu’on rejette de l’eau cristalline », illustre son directeur, Julien Blanvillain.

Les « per » et « polyfluoroalkylées » (PFAS) – ces composants chimiques largement utilisés par l’industrie dont certains sont nocifs pour la santé et l’environnement – ne sont pas éliminés, mais filtrés plusieurs fois, captés et réduits. « Ce qu’il reste, le concentrât, est évacué vers des filières d’incinération », ajoute le dirigeant.

À destination des industriels

Originaire de Mayenne, Julien Blanvillain a fait toute sa carrière dans l’environnement. « Je suis passionné par ce que je fais, et j’en ai marre de voir qu’on fait du mal à notre planète », lâche-t-il. Il dirige depuis sa création, en 2011 à La Gravelle (Mayenne), cette filiale du groupe Semosia dont le siège est à Angers (Maine-et-Loire).

Azote, métaux lourds, hydrocarbures… L’activité de Semeo ne se limite pas à la décontamination des polluants éternels. Elle propose la location de solutions mobiles, comme des conteneurs tout équipés, permettant de dépolluer l’eau et la boue. Notamment lors de besoins urgents, après un incendie par exemple. Ses clients se trouvent dans toute la France et sont principalement des acteurs industriels : papeterie, pharmacie, raffineurs, pétrochimie, agroalimentaire… Ainsi que quelques collectivités.

Les pollutions sont captées et concentrées, ce qui permet d’en réduire leur quantité. « Les avantages sont à la fois économiques et environnementaux : ça coûte moins cher à détruire et il y a moins de camions sur les routes. »

L’intérieur de ces conteneurs est optimisé pour les louer à des acteurs industriels souhaitant dépolluer de l’eau ou de la boue. | OUEST-FRANCE

« Un sujet de santé publique »

Julien Blanvillain a vu la problématique des polluants éternels monter dans le débat public. « Même à des niveaux infimes et dilués, on voit que c’est une pollution dangereuse. Il n’y a pas un Français qui n’en a pas dans les cheveux », pointe-t-il, voyant là « un sujet de santé publique » comme l’a été l’amiante.

Semeo s’attend à « une forte demande » pour filtrer les polluants éternels dans les années à venir. Depuis 2023, certaines installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) sont dans l’obligation de mesurer, dans les eaux qu’ils rejettent, le taux de 28 polluants éternels. Mais de nombreux autres PFAS sont suspectés d’être nocifs et pourraient s’ajouter à la liste. « Notre technologie permet de capter ces 28 PFAS et les faire passer sous le seuil réglementaire. On a bon espoir de pouvoir en filtrer d’autres », indique le directeur de Semeo.

Son chiffre d’affaires a doublé

Tout laisse en effet à penser qu’après avoir mesuré les PFAS, les industriels auront l’obligation de les traiter. Et la facture devrait être salée. Une enquête d’un consortium de médias dont Le Monde vient en effet d’estimer à 100 milliards d’euros par an le coût de la dépollution à venir en Europe.

Un marché « nouveau » et « de niche » se lance donc, tirant la croissance de l’entreprise bretillienne. La PME a en effet doublé son chiffre d’affaires en quelques années, passant de 5 millions d’euros en 2022 à 9,3 millions en 2024, et visant les 12 millions en 2025. De même, les salariés sont passés d’une vingtaine à une quarantaine. Si bien que Semeo prévoit de quitter ses locaux de Bréal-sous-Vitré, qu’elle loue depuis 2019. Une installation est envisagée en Mayenne, près de Laval, d’ici fin 2026.

ouest-france

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