Produire des panneaux solaires en France, un pari difficile mais tenable

L'entreprise Reden vient de moderniser son usine pour tripler sa capacité de production et sortir 300 000 panneaux solaires par an. Face à la concurrence asiatique, l'entreprise résiste grâce à un modèle d'entreprise particulier.

Le producteur indépendant d'énergies renouvelables Reden croit au « Fabriqué en France ». À la fois développeur de centrales solaires et fabriquant de panneaux photovoltaïques, à Roquefort, près d'Agen (Lot-et-Garonne), l'entreprise vient de moderniser son outil de production. Elle peut dorénavant produire trois fois plus de panneaux photovoltaïques avec une technologie dernier cri. Et sortir plusieurs types de panneaux pour ensuite les adapter à des centrales au sol, sur toitures ou sur serres.

Cette production, plus chère que les panneaux asiatiques (+ 70 %), est destinée à équiper ses projets développés en France. En évitant le transport et les taxes d'importation, ce surcoût est absorbé à l'échelle du projet et, finalement, s'élève à 6 à 8 % par rapport à une centrale équipée de panneaux asiatiques, ce qui reste acceptable pour une rentabilité assurée par trente à quarante ans de production d'électricité. Explications dans le reportage vidéo.

L'argument du « fabriqué en France » est un atout pour le marché national. Reden s'offre ainsi une indépendance et apporte de la flexibilité. L'usine lui fournit environ 20 % de ses besoins pour construire ses centrales. Elle importe le reste pour ses projets à l'étranger.

Bientôt des gigafactories vont apparaître sur le territoire français : Carbon, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), DAS Solar, près de Montbéliard (Drôme), et losolis, à Sarreguemines (Moselle). Elles apportent une réponse à la directive européenne Net Zero Industrial Act (NZIA) notamment, qui impose que 40 % des panneaux photovoltaïques installés à partir de 2030 soient fabriqués en Europe. La France prévoit, quant à elle, de multiplier par cinq la production d'électricité photovoltaïque, selon la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Le marché devrait donc connaître une profonde mutation.

Baptiste Clarke / actu-environnement