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Les entreprises sont-elles parées pour intégrer la transition environnementale dans leur ADN ?

02/06/2024

Les entreprises sont-elles parées pour intégrer la transition environnementale dans leur ADN ?

Crédit : Adobestock

Dans cette tribune, Pierre Maugery-Pons, vice-président d’Efeso Management Consultants, s’interroge sur la capacité des industries à pouvoir intégrer les critères ESG dans leur modèle. 

L’action des entreprises en faveur de la transition environnementale est déterminante. Les industriels ont en effet un rôle central à jouer dans notre dynamique commune. Elles contribuent à définir le cadre écologique des générations futures. Cependant, à y regarder de plus près, l’ESG est un rôle donné aux entreprises. Une fonction initialement politique qui s’est peu à peu intégrée dans l’ADN des industriels. Les acteurs de l’économie auraient ainsi, tout comme les États, un rôle à jouer.  

 Le hiatus entre les engagements et la réalité du terrain 

S’il est avéré, que les acteurs de l’économie ont un rôle a joué dans la transition environnementale, cette dynamique crée « un effet d’attente » : les entreprises doivent être, coûte que coûte, ESG compatibles et disposer d’ambitions fortes. Pour parer à cette situation, les organisations s’engagent pour la plupart dans une dynamique de surcommunication. Les professions de foi sont légion et certains acteurs vont même jusqu’à « embellir » leur engagement.  

 Nombre de grands groupes industriels, ayant publié des cibles de réduction de leurs émissions de gaz a effet de serre sur des horizons 2030 ou 2050, ont ainsi été amenées à relativiser leurs engagements à court terme par la suite. En cause, une conjoncture plus complexe, des choix stratégiques et économiques, des contraintes de production qui ont infléchi les calendriers de réalisation des objectifs. Les critères ESG intégrés dans les plans de développement des entreprises seront dès lors réalisés ou non en fonction de facteurs difficilement mesurables : le bon développement de l’entreprise, l’absence de crise, de tensions économiques, etc.  

 Les industries éprouvent encore des difficultés à fixer leurs objectifs 

Le point est que si les industries n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs, c’est qu’elles ont en fait du mal à les fixer. Pour parer à ce dilemme, il convient de reposer des principes clés éminemment pragmatiques. 

 Premièrement, intégrer que l’entreprise doit définir une trajectoire dans un environnement incertain et à un horizon lointain. La réflexion doit prendre en compte plusieurs scénarios d’évolution de l’activité. Il va donc nécessairement avoir de l’incertitude dans la résolution de cette équation qui nécessite de réconcilier des objectifs exprimés de manière absolue avec des objectifs corrélés à l’activité. 

 Deuxièmement, pour résoudre ce défi, le point central est la capacité de l’entreprise à s’adapter à la conjoncture pour atteindre sa cible. L’entreprise a-t-elle un plan d’action ? Cela nécessite d’avoir une connaissance intime des effets de son activité sur l’environnement. Les mieux placés pour avoir cette connaissance sont les opérationnels. Ces derniers ont la capacité d’établir quels seront les montants des émissions par type d’activité. Il convient donc de consulter ces opérationnels pour constituer un plan d’action réaliste. Trop peu d’entreprises établissent ce pont entre experts de l’ESG et acteurs terrain. L’entreprise dispose-t-elle enfin des ressources, pour mener à bien ce plan de transition ? Ces ressources sont humaines (compétences), organisationnelles (gouvernance et formation des équipes). 

 La raison d’être d’une entreprise doit faire le lien entre les plans de transition et les projections financières 

 Si ces critères sont remplis se pose la question centrale : l’entreprise dispose-t-elle des moyens financiers pour réaliser sa transition ? Car cette dernière aura un coût et il sera non négligeable. C’est là un point clé qui se révèle dès que l’on envisage pragmatiquement sa transition environnementale. L’entreprise va-t-elle devoir prendre sur la richesse qu’elle va créer, emprunter, faire évoluer le partage de la valeur créée (non-augmentation des salaires, maintien des dividendes, etc.) pour supporter cette transition ? Ce sont ces questions que les entreprises doivent trancher pour répondre aux attentes de leurs investisseurs. Car ces derniers sont éminemment pragmatiques.  

 Nous touchons là au nœud central de notre sujet : la capacité des entreprises à intégrer l’ESG au cœur de leur ADN et faire que la valeur créée ne soit plus uniquement capitalistique, mais extrafinancière. Faire que l’activité économique d’une entreprise soit intrinsèquement liée à une création de valeurs environnementale et sociale pour s’inscrire dans la durée. La part grandissante de la finance responsable devrait nous conforter sur la direction prise par l’économie capitaliste sur ces questions. Cependant, comme les différentes COP nous le démontrent, la partie n’est pas si aisée à jouer. Les industries et nations sont pour la plupart encore inscrites dans un modèle pré-ESG. 

environnement-magazine

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