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Centrale nucléaire de Gravelines : un risque de submersion sous-estimé selon Greenpeace
10/10/2024
© Pixavril
Dans un nouveau rapport consacré à la centrale nucléaire de Gravelines (1) (Nord), l'ONG Greenpeace dénonce la sous-estimation du risque de submersion marine. Construite dans le delta de l'Aa, un polder gagné sur la mer accueillant 450 000 habitants, le plus habité de France, la centrale est implantée sur un site dit « à risque important d'inondation » identifié dans le cadre de la directive européenne de 2007 relative à ce risque. Avec l'évolution du niveau de la mer et le recul du trait de côte, la centrale pourrait être fortement exposée lors d'événements extrêmes, sa protection ne reposant que sur les digues qui l'entourent. « Des digues dimensionnées par le calcul d'une surcote millénale au tournant des années 1970-1980, il y a donc plus de quarante-cinq ans ! », rappelle Greenpeace.
Or, le gouvernement français veut construire sur ce site deux nouveaux EPR. Greenpeace estime que les procédures actuelles d'autorisation de ces projets ne prennent pas en compte ce risque de manière anticipée. « Le processus global d'autorisations de construction de tels projets et le schéma de pensée qui le sous-tend n'a pas évolué à la mesure de la menace croissante que fait peser l'aggravation du dérèglement climatique sur nos sociétés. » L'ONG exhorte les acteurs de la sûreté nucléaire et de la filière en général à « faire preuve de lucidité » et « à sortir de processus obsolètes au regard de l'avancée de la crise climatique ».
Surtout qu'EDF a déjà investi beaucoup d'argent pour adapter la centrale aux niveaux d'exigence rehaussés après la catastrophe de Fukushima, en 2011. La hauteur de la protection contre les inondations, qui était de 6,12 mètres, aurait ainsi été portée à 7,48 mètres, pour un coût total de 44 millions d'euros et des travaux qui se termineront en 2025. Pour les deux prochains EPR, EDF prévoit, selon l'association, de construire ces derniers sur une plateforme de 11 mètres de haut. Une solution « risquée » pour Greenpeace, pour une zone qui pourrait se retrouver entourée d'eau et isolée comme une île. « Cette situation d'isolement potentiel de la centrale EPR2 sur une île doit être considérée comme une limite de conception à ne pas franchir », défend l'association.
1. Télécharger le rapport de Greenpeace
Florence Roussel / actu-environnement