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COP16 sur la biodiversité à Rome : un accord de 200 milliards de dollars
04/03/2025

©Alain Audet/Pixabay
Les pays riches et les pays en développement sont parvenus à un compromis délicat sur la collecte et la distribution des milliards de dollars nécessaires à la protection des espèces, surmontant ainsi les profondes divisions qui avaient fait échouer leur précédente réunion en Colombie l'année dernière.
L'accord conclu à Rome est considéré comme crucial pour donner un élan à l'accord historique de 2022 visant à mettre un terme à la destruction endémique des espèces.
Le nouvel accord définit deux grands axes d'action pour les années à venir : trouver des milliards de dollars de financement supplémentaire pour la biodiversité et décider des institutions qui fourniront cet argent.
Les discussions, souvent très techniques, ont permis d'élaborer un plan de progrès en matière de financement jusqu'en 2030, avec des étapes importantes lors des prochaines réunions des Nations unies sur la nature, en 2026 et 2028.
Cela « aboutira à la sélection d'un mécanisme financier permanent conçu pour garantir que les fonds atteignent les endroits les plus riches en biodiversité de la planète », a déclaré Jill Hepp, responsable de la politique en matière de biodiversité à Conservation International.
Trouver des fonds
L'accord financier de 2022 prévoyait que les pays les plus riches versent 20 milliards de dollars par an aux pays les plus pauvres d'ici 2025, et 30 milliards de dollars par an d'ici 2030.
Le total pour 2022 était d'environ 15 milliards de dollars, selon l'OCDE.
Mais les besoins sont bien plus importants, les pays ayant convenu de « combler progressivement le déficit de financement de la biodiversité, qui s'élève à 700 milliards de dollars par an » d'ici à 2050.
À Rome, les pays ont accepté d'intensifier leurs efforts pour trouver des financements supplémentaires, notamment auprès des banques multilatérales et des entreprises privées.
Ils ont également convenu d'intensifier les efforts visant à réduire les subventions qui nuisent activement à la nature « d'au moins 500 milliards de dollars par an d'ici à 2030 ».
Le coût réel de la destruction des espèces naturelles, largement imputable à l'agriculture et à la consommation non durables, est souvent caché ou ignoré, ont averti des scientifiques l'année dernière dans un rapport historique pour le groupe d'experts des Nations unies sur la biodiversité.
Ils ont estimé que les combustibles fossiles, l'agriculture et la pêche pourraient infliger jusqu'à 25 000 milliards de dollars par an en coûts comptabilisés, soit l'équivalent d'un quart du PIB mondial.
Banque de la nature
L'un des principaux points d'achoppement à Cali, en Colombie, puis à Rome, a été la demande des pays en développement de créer un nouveau fonds.
Ils estiment qu'ils ne sont pas suffisamment représentés dans les mécanismes existants, qu'ils jugent également trop onéreux. Les pays riches, sous la houlette de l'Union européenne, ont déclaré que la création de plusieurs fonds fragmentait l'aide.
Elles préconisent plutôt de renforcer le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), qui supervise un Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF), créé en 2022 en tant qu'instrument temporaire pour atteindre les objectifs des Nations unies.
L'accord conclu à Rome ne prend pas parti.
Il laisse aux pourparlers des Nations unies de 2028 le soin de décider s'il convient de créer un nouveau fonds spécifique dans le cadre du processus des Nations unies sur la biodiversité ou de désigner un fonds existant potentiellement réformé pour jouer ce rôle.
D'autres décisions visaient à renforcer le suivi afin de garantir que les pays soient tenus responsables de leurs progrès dans la réalisation des objectifs en matière de biodiversité.
L'une des réalisations de Cali a été la création d'un nouveau fonds destiné à partager les bénéfices tirés des données génétiques des plantes et des animaux séquencés numériquement avec les communautés d'où ils proviennent.
Le fonds est conçu de manière à ce que les grandes entreprises puissent contribuer volontairement à une partie des bénéfices ou des revenus qu'elles génèrent en développant des produits tels que des médicaments et des cosmétiques à partir de ces données, qui peuvent s'élever à des milliards de dollars.
Les délégués de Cali ont également approuvé la création d'un organe permanent chargé de représenter les intérêts des peuples indigènes.