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« Plus écologiques et moins chers » : ce chimiste d’Angers élabore les semi-conducteurs de demain

20/02/2025

« Plus écologiques et moins chers » : ce chimiste d’Angers élabore les semi-conducteurs de demain

Alexandre Abhervé, chimiste au Moltech Anjou, à Angers. Il travaille sur de nouveaux semi-conducteurs. | OUEST-FRANCE

Depuis deux ans, Alexandre Abhervé, chercheur en chimie au laboratoire Moltech Anjou, à l’université d’Angers (Maine-et-Loire), travaille au développement d’un nouveau type de semi-conducteurs. Plus faciles à produire, moins coûteux pour la planète, ils pourraient révolutionner les technologies du quotidien.

Ils sont dans les ordinateurs, les écrans, les téléphones, mais aussi dans les appareils photos ou encore les imprimantes. Ce sont les semi-conducteurs, ces tout petits appareils intégrés aux puces électroniques, qui permettent de transmettre et d’amplifier le signal électrique. Sans eux, pas d’informatique.

Alexandre Abhervé, chercheur à Angers (Maine-et-Loire), au sein du laboratoire Moltech Anjou, spécialisé dans l’étude des molécules, a mis sur pied des semi-conducteurs d’un nouveau genre, qui pourraient révolutionner le secteur. Depuis le début du mois de janvier 2025, il est soutenu par l’Agence nationale de la recherche.

En quoi sa découverte est-elle intéressante ?

Tout simplement parce qu’elle répond à deux enjeux majeurs auxquels est actuellement confrontée l’informatique : avoir des systèmes plus faciles et moins chers à produire, tout en économisant les ressources à disposition. « Si l’on veut produire plus et répondre aux usages, il faut passer à autre chose » , explique Alexandre Abhervé.

Pour l’heure, la majorité des semi-conducteurs sont faits en silicium. « Mais il faut le fondre à plus de 1 000 degrés pour l’utiliser. » Sa découverte permet de produire les appareils en utilisant des matériaux « que l’on peut facilement trouver, produire, et non toxiques ».

En quoi sont faits ces semi-conducteurs ?

Les recherches se poursuivent, mais un premier alliage concluant vient d’être trouvé. « De l’argent, du bismuth et du brome, sur lequel on vient ajouter des molécules non organiques : du carbone, de l’azote et de l’oxygène » , détaille le chimiste. Un mélange qui ne nécessite pas de manipulations coûteuses pour être obtenu et qui pourrait être produit plus facilement pas des entreprises françaises. Ne reste ensuite « plus » qu’à intégrer lesdits matériaux dans les composés électroniques du quotidien.

Pourquoi sont-ils plus performants ?

Parce qu’ils s’appuient sur deux propriétés physiques complémentaires, dont la polarisation du courant, qui permet de donner une information supplémentaire dans un courant électrique. « Au final, cela permet de transporter plus d’informations » , résume Alexandre Abhervé. Et donc de communiquer plus vite. Un enjeu crucial à l’heure où tout se fait par ordinateur. « Ce sera moins cher mais aussi plus écologique, puisque l’on aura besoin de moins d’énergie pour donner la même quantité d’informations et les pièces pourront être plus petites. »

Quand sa découverte sera-t-elle commercialisée ?

Comme tout projet de recherche, difficile de donner une date butoir, même si Alexandre Abhervé espère « que, d’ici dix ans, la production s’appuiera sur ce type de semi-conducteurs » . Pour l’heure, il essaye encore d’optimiser le processus.

Mais c’est aussi, à terme, une question de souveraineté technologique tricolore qui pourrait se jouer. Les plus grosses entreprises productrices de semi-conducteurs se situent aux États-Unis et en Asie. Ce qui explique sans doute que le projet du chercheur angevin est soutenu à la fois par la Région Pays de la Loire, mais aussi, depuis janvier 2025, par l’Agence nationale de la recherche, afin de lui permettre de passer de la théorie à la pratique.

ouest-france

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