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Les industriels vont devoir s'adapter à des tempêtes plus violentes

03/09/2024

Les industriels vont devoir s'adapter à des tempêtes plus violentes

Les événements climatiques peuvent mettre en difficulté les ICPE.    © kaipts

Le bouleversement climatique a des incidences négatives sur les risques technologiques, non seulement du fait d'épisodes de fortes chaleurs mais aussi des tempêtes. Le retour d'expérience des événements de la fin 2023 est à cet égard instructif.

Les risques technologiques liés à des aléas naturels (risques Natech) sont en augmentation du fait des changements climatiques. Le Bureau d'analyse des risques et pollutions industrielles (Barpi) l'avait illustré dans son inventaire des incidents et accidents technologiques survenus en 2022 à travers les fortes chaleurs enregistrées cette année-là. Ce bureau, qui relève du ministère de la Transition écologique, le montre aujourd'hui, avec son inventaire pour l'année 2023 (1) publié courant août, à travers les tempêtes survenues à l'automne dernier.

« Il est important pour les sites industriels de se préparer à ce type d'événements climatiques violents, notamment en raison des pertes d'utilités qu'ils peuvent impliquer », explique Cédric Bourillet, directeur général de la Prévention des risques (DGPR). Même si ces tempêtes n'ont pas généré d'accidents industriels graves, elles ont donné lieu à 29 incidents ou accidents dans les installations classées (ICPE) soumises à autorisation, ce qui a conduit le Barpi à publier, en juin dernier, une synthèse (2) spécifique du retour d'expérience de ces événements.

Deux tempêtes violentes suivies d'une dépression

Il est important pour les sites industriels de se préparer à ce type d'événements climatiques violents, notamment en raison des pertes d'utilités qu'ils peuvent impliquer ” - Barpi

« Au mois de novembre 2023, la France métropolitaine a été touchée par deux violentes tempêtes : Ciarán et Domingos, suivies de la dépression Élisa, rappelle le Barpi dans sa synthèse. Ces épisodes météorologiques, très marquants pour la société civile, n'ont pas été sans impact sur les installations industrielles, que ce soit en raison des forts vents ou des pluies et/ou inondations conséquentes associées. »

Sur les 27 événements recensés au moment de l'établissement de la synthèse, six sont classés en « accidents », c'est-à-dire qu'ils portent atteinte aux intérêts protégés par le code de l'environnement, et les 21 autres en « incidents ». Parmi les phénomènes observés, le Barpi relève un rejet de biogaz estimé de 960 m3 lors de la déchirure de la membrane d'un casier d'une installation de stockage de déchets non dangereux ; un rejet de vapeurs d'acide chlorhydrique à la suite de l'arrachement du trou d'homme d'une cuve ; la défaillance d'une alarme empêchant l'exploitant d'un élevage de volailles d'être informé de la perte de son système de ventilation, causant la mort de 40 000 poulets ; l'impraticabilité d'une voie ferrée rendant impossible l'envoi de la production de produits dangereux et conduisant à un volume de stockage supérieur à celui prévu par l'autorisation.

29 - C'est le nombre d'incidents ou d'accidents en lien avec des tempêtes observés en 2023 dans les installations classées soumises à autorisation.

Ces événements ont eu des conséquences sociales (chômage technique, mise en place d'un périmètre de sécurité) pour quatre d'entre eux, des conséquences économiques (dommages matériels, pertes d'exploitation) pour 25 d'entre eux, et des conséquences environnementales (mort d'animaux) pour deux d'entre eux.

Difficultés liées à la perte d'alimentation électrique

Cet épisode a « mis en exergue les difficultés pouvant être rencontrées par les industriels à la suite de la perte de l'alimentation électrique, avec des systèmes de secours internes parfois limités et questionnant le caractère suffisant de leur autonomie, au regard de la durée de la crise, explique le Barpi. [Ces événements climatiques] ont rappelé également la disponibilité limitée des services de secours publics lorsqu'une crise naturelle concerne toute une zone géographique ».

Le bureau du ministère de la Transition écologique formule en conséquence un certain nombre de recommandations à l'attention des industriels : suivre les prévisions météorologiques (celles de Météo-France étaient fiables pour ces événements), identifier les installations critiques, prévoir une alimentation électrique de secours, prévoir l'approvisionnement en carburant suffisant pour les groupes électrogènes, anticiper les conséquences de la perte d'utilités électriques sur les process du site industriel et sur le système de défense incendie, anticiper l'indisponibilité des alarmes non secourues, veiller à l'accessibilité de tous les arrêts ou vannes d'urgence, anticiper les difficultés d'accès au site du personnel, adapter le planning de production et de livraison, planifier l'ordre de remise en service électrique des équipements, prendre en compte dans le programme de maintenance les équipements amenés à être utilisés en cas de tempêtes. À ces recommandations valables pour toutes les « agressions » climatiques, le Barpi en ajoute d'autres, propres aux grands vents, d'une part, et aux fortes pluies et inondations, d'autre part.

« Les exploitants doivent (…) renforcer leur culture de sécurité, apporter un soin particulier à l'identification des risques et veiller à la prise en compte des tempêtes dans leurs procédures d'exploitation, en prenant en compte le retour d'expérience de l'accidentologie », conclut le Bureau d'analyse des risques industriels. Pour cela, « l'information et la formation du personnel s'avèrent indispensables tout comme la réalisation d'exercices sur le sujet », précise-t-il.

1. Télécharger l'Inventaire du Barpi sur les incidents et accidents technologiques survenus en 2023

2. Télécharger la synthèse Retour d'expérience des tempêtes de novembre 2023 sur les installations industrielles

Laurent Radisson / actu-environnement



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