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Européennes : que proposent les différentes listes pour l’écologie ?
29/05/2024
Les élections européennes se tiendront du 6 au 9 juin. © RICCARDO MILANI/AFP
Du 6 au 9 juin ont lieu les élections européennes. Pour connaître les principales propositions pour l’écologie des sept partis français les mieux classés dans les sondages, ID a déchiffré leurs programmes.
Al'approche des élections européennes, l’écologie est-elle réellement au cœur des préoccupations ? Dans une étude, menée par The Guardian, 380 auteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont été interrogés sur la capacité de l’humanité à freiner le réchauffement de la planète. 80 % d’entre eux estiment un réchauffement climatique d’au moins 2,5° C à la fin du siècle. L’Accord de Paris sur le climat prévoit pourtant un seuil de 2°C maximum.
Cette étude remet en question les efforts des politiques pour atteindre les objectifs internationaux. Alors que le Giec pointe également du doigt l'inaction des politiques, comment les différentes listes aux Européennes s'emparent-elles des sujets climatiques, et plus largement écologiques ? Pour le savoir, ID à décrypté les programmes des 7 partis français qui arrivent en tête des sondages. Attention cependant, cette liste est non-exhaustive et retient les principales propositions des candidats. Ces derniers sont classés et présentés dans l’ordre du sondage Viavoice réalisé pour Libération, les 20 et 21 mai 2024.
Rassemblement National
"Contre le Pacte vert, le retour de l’écologie raisonnable," prône Jordan Bardella pour les Européennes. La tête de liste du Rassemblement national (RN) considère que cette politique impose une "écologie punitive." Pour ce parti, la priorité est donc à la protection des agriculteurs et des pêcheurs. La stratégie "De la Ferme à la Fourchette," source de décroissance selon le RN, doit également être remise en cause. Une grande loi "Mangeons français" est aussi préconisée par la liste de Jordan Bardella, pour accorder la priorité d’accès aux marchés publics pour les producteurs.
Le parti souhaite également que l’Europe investisse dans les "technologies d’avenir," telles que l’hydrogène, le nucléaire de nouvelle génération, ou encore la géothermie. Pour lutter contre le changement climatique, la liste de Jordan Bardella compte aussi miser sur le local. Son programme rappelle qu’un tiers de l’empreinte de l’Union européenne (UE) vient des importations. "La mise en place du juste-échange, la relocalisation des activités et le raccourcissement des chaînes de valeur sont les conditions élémentaires de toute politique écologique," juge le RN.
Le parti entend aussi revoir l’interdiction des voitures thermiques en Europe, prévue pour 2035. A la place, "l’Europe doit favoriser l’innovation dans le secteur pour ne pénaliser ni les consommateurs ni les emplois industriels." Les mesures de protection des forêts devraient également être renforcées.
Renaissance - Modem - Horizons - UDI - Parti Radical
La liste commune de Renaissance, MoDem (Mouvement Démocratie), Udi, Parti radical et Horizons est représentée par Valérie Hayer. Son principal projet est le "Plan Europe 2030." Celui-ci complètera le Pacte vert et misera sur l’investissement pour une "écologie à l’européenne." Trois mots d’ordre pour ce projet : croissance, production et innovation. Pour cela, une enveloppe de 1 000 milliards d’euros est par exemple prévue, afin de faire face "aux chocs écologiques, technologiques et sécuritaires." La liste de Valérie Hayer prévoit également la fabrication de 10 millions de véhicules propres produits en Europe, d’un avion vert européen, ainsi que le doublement de la part du fret ferroviaire et des trains de nuit.
Côté agriculture, Renaissance et ses alliés prévoient de diviser par deux les pesticides d’ici 2030, d’accélérer la mise sur le marché des nouveaux produits utilisant des mécanismes naturels (biocontrôle) et les nouvelles techniques génomiques. La protection des eaux est aussi au programme de la liste. Cette dernière prévoit la mise en place d’un "Pacte bleu." Ce dernier consiste à ce que l’Europe s’oppose à tout exploitation minière des grands fonds marins et vise la fin des plastiques inutiles et nocifs.
Parti Socialiste - Place Publique
Raphaël Glucksmann est la tête de liste du Parti Socialiste (PS) avec son mouvement "Place Publique", lancé en 2018 aux côtés d’autres personnalités telles que Thomas Porcher, Jo Spiegel et Claire Nouvian. Parmi ses principales propositions concernant l’écologie, on trouve le développement massif des énergies renouvelables, afin de réduire la dépendance aux énergies fossiles et promouvoir une transition énergétique durable. Son programme indique aussi un "droit à la réparabilité" qui devrait permettre aux consommateurs de réparer leurs produits -même après l’expiration de la garantie- afin de lutter contre l’obsolescence programmée et de réduire les déchets électroniques.
Une des mesures phares du PS est aussi de créer un "Buy European Act" pour réserver en priorité les commandes publiques européennes dans tous les secteurs de la transition écologique. Le but, soutenir l’industrie locale et favoriser une économie plus verte et plus durable. Il souhaite également une transformation de la Politique agricole commune (PAC) en une Politique agricole et alimentaire commune et l’instauration d’un "Pacte Bleu" pour préserver les océans.
Les Écologistes
Pour Les Écologistes, c’est Marie Toussaint qui est la tête de liste. La candidate défend une série de propositions pour rendre l’Europe "féministe, sans toxiques et sans fossiles." Le parti plaide pour des mesures précises, telles que la protection des fonds marins contre les exploitations destructrices, l'interdiction des nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM), l'arrêt du chantier de l'A69, et la protection du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Les Écologistes souhaitent également inscrire dans les traités européens une obligation générale de protection du climat et de non-dépassement des limites planétaires. La cheffe de liste propose également de prendre le contrôle des six entreprises pétro-gazières européennes les plus polluantes. Pour cela, Marie Toussaint envisage que l'UE rachète 51 % de leurs actions, permettant ainsi de devenir majoritaire au capital et d’orienter leur transition vers des pratiques plus durables. Par ailleurs, la candidate veut créer un fonds de souveraineté écologique adossé à la Banque européenne d’investissement (BEI), transformant cette dernière en une véritable banque du climat.
La France Insoumise
Candidate en tête de liste pour La France Insoumise (LFI), Manon Aubry porte diverses propositions pour l’écologie. Elle milite notamment pour un futur énergétique basé à 100 % sur les énergies renouvelables, ce qui implique non seulement une transition massive vers ces sources d’énergie, mais aussi une réorientation des fonds actuellement utilisés pour le nucléaire.
LFI demande également la fin du marché européen de l’électricité, contre "la flambée des factures d'énergie." Manon Aubry souhaite aussi relocaliser les outils de production d’énergies renouvelables. En parallèle, la candidate propose de remplacer progressivement les voitures thermiques par des voitures électriques, une mesure clé, selon elle, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports.
Le développement des transports en commun et du rail figure également parmi les priorités de LFI, avec l’objectif de rendre ces moyens de transport plus accessibles et attractifs, tout en réduisant l'empreinte carbone. Le parti s’oppose à la ratification des accords de libre-échange, qu’elle considère comme étant une "triple-folie, sociale, écologique et sanitaire" et veut protéger le climat de l’influence des lobbys en défendant un "protectionnisme écologique".
Les Républicains
"Contre le changement climatique et pour la biodiversité, l’Europe doit encourager le progrès et la science." Tel est le mot d’ordre des Républicains, avec à la tête de leur liste François-Xavier Bellamy, pour leur programme écologique. Leur vision repose sur la "conciliation de la modernité et du progrès technique avec le respect de la nature et de la biodiversité."
Pour relever ce défi, le parti souhaite compléter la "Barrière verte" extérieure à l’UE. Cette barrière s’imposera progressivement à tous les produits importés au sein de l’Europe, en "aménageant certaines exceptions pour les matières premières." Le parti annonce aussi vouloir instaurer un principe de liberté technologique pour atteindre les objectifs environnementaux fixés au niveau européen. Selon Les Républicains, ce sont les ingénieurs, chercheurs et entreprises qui doivent permettre d’atteindre ces objectifs et non pas les fonctionnaires.
La construction de centrales nucléaires dans l’UE est aussi au programme de François-Xavier Bellamy. "Toutes les études scientifiques sérieuses montrent toutefois que nous ne pourrons pas nous passer de l’énergie nucléaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050," justifie le programme. Les Républicains visent également la fermeture des dix centrales à charbon les plus polluantes d’Europe.
Reconquête !
Au nom de l'écologie, Reconquête ! prévoit de financer un grand plan européen pour le fret ferroviaire et fluvial, dans le cadre du mécanisme d’interconnexion européen. Marion Maréchal, tête de liste du parti, souhaite "créer les grandes connexions portuaires et ferroviaires pour massifier le report modal et retirer des millions de camions de nos routes." Une décision qui vise à "réduire considérablement la pollution atmosphérique."
La liste favorise aussi la souveraineté énergétique et minière de l’Europe. Par exemple, le parti prévoit de réformer la législation européenne sur l’eau, et de renforcer les politiques publiques de stockage et de recyclage de l’eau. Pour cela, la liste de Marion Maréchal souhaite construire des bassines et des retenues collinaires, rénover le réseau d’eau potable et traiter et recycler les eaux usées.
Le parti prévoit aussi de revoir à la baisse divers objectifs déjà mis en place en Europe, au nom de la protection des agriculteurs et de la défense de la France rurale. Le tout permettrait de "soutenir les agriculteurs dans leurs efforts de transition," sans les "pénaliser."