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Le voilier-cargo devient une réalité pour décarboner le transport maritime

09/04/2024

Le transport maritime représente environ 3 % des émissions de CO2 mondiales. Or les flux devraient être multipliés par deux d'ici à 2050. Une des solutions serait de développer des flottes de voiliers-cargos.

Le transport maritime, c'est avant tout le fret, le transport de marchandises, le plus polluant, avec 57 000 navires qui parcourent les océans : cargos, porte-conteneurs, vraquiers, pétroliers, chimiquiers… Ils utilisent globalement tous du pétrole lourd pour se déplacer, un des carburants les plus nocifs et néfastes pour l'environnement lors de sa combustion. La grande majorité du commerce international de marchandises (90 %) repose sur ce mode de transport et les perspectives montrent un possible doublement des flux d'ici à 2050.

Les solutions alternatives au pétrole lourd sont encore très peu développées, mais des initiatives concrètes émergent, comme les voiliers-cargos. La société de transport TOWT, par exemple, s'est spécialisée dans le transport de marchandises et opère depuis plus de dix ans avec des voiliers emblématiques comme le Tres-Hombres. Aujourd'hui, l'entreprise passe un cap, avec la construction de voiliers-cargos comme l'Anemos, 80 mètres de long et 15 de large, et surtout deux mâts de 55 mètres de haut pour déployer 3 000 mètres carrés de voilure. Voir la vidéo.

Un importateur de café et chocolat s'en empare

Ce navire sera capable de transporter environ 1 200 tonnes de marchandises à une vitesse moyenne de 10,5 nœuds (19 km/h). En comparaison, un porte-conteneurs classique navigue entre 15 et 23 nœuds (27 et 41 km/h).

L'Anemos se déplace donc beaucoup plus lentement. Mais un porte-conteneur est beaucoup plus gros et pour remplir son chargement, puis livrer les marchandises, il devra effectuer une succession d'arrêts, très chronophages.

C'est pourquoi Belco, un sourceur et importateur de café et chocolat, qui veut réduire son impact environnemental, a signé un contrat d'exclusivité avec la société de transport TOWT. En chargeant l'intégralité des cales du bateau en une seule fois, puis avec une seule livraison, le cargo à voiles serait pratiquement « deux fois plus rapide » qu'un porte-conteneurs, selon Louis Mayaud, chargée du transport bas carbone chez Belco. Et même si la météo est défavorable et le vent n'est pas au rendez-vous de façon optimale. Sur une transatlantique prévue en dix-huit jours, « un manque de vent pourrait entrainer au maximum cinq jours supplémentaires de navigation ». Et, cerise sur le gâteau, l'entreprise réduit de 90 % ses émissions de CO2 liées au transport.

Plus rapide, plus propre, mais plus cher

Certes, une économie est réalisée sur le pétrole non consommé et le vent est gratuit, mais le voilier-cargo est beaucoup plus petit qu'un porte-conteneur. Si l'Anémos peut transporter 1 200 tonnes de marchandises, un porte-conteneurs en transporte 300 000, ce qui lui permet d'être plus intéressant grâce à des économies d'échelle. En outre, il faut charger des palettes sur le voilier-cargo et non de grands conteneurs : c'est plus de temps et de manutention, sans oublier l'équipage de sept personnes pour mener le bateau. Avec ses innovations et technologies, l'Anemos a coûté environ 20 millions d'euros, un gros investissement à amortir pour TOWT...

Selon le P-DG de Belco, Alexandre Bellangé, le surcoût lié à l'usage de la voile sera répercuté sur le paquet de café de 250 grammes vendu au consommateur. « De l'ordre de 20 centimes » sur un produit qui coûte entre 7 et 8 euros. Une dépense acceptable, selon lui. Il considère que le consommateur peut comprendre et adhérer aux enjeux. « Il peut aussi en consommer un peu moins » pour pallier cette hausse de tarif. Le mode de transport figurera sur le paquet pour mettre en avant la démarche.

Tout récemment, dans le cadre de la planification écologique, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, et Hervé Berville, secrétaire d'État chargé de la Mer et la Biodiversité, ont signé le pacte vélique avec l'ensemble des acteurs du transport maritime. Le Gouvernement confirme ainsi son soutien aux acteurs de la propulsion des navires par le vent engagés dans la réduction de l'empreinte environnementale du secteur maritime, qui ont l'ambition de conquérir 30 % des parts du marché mondial dans les prochaines années.

Baptiste Clarke / actu-environnement

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