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Pays de la Loire : vers des usines plus frugales

13/08/2020

Pays de la Loire : vers des usines plus frugales

Spécialiste de la brique en terre cuite, Bouyer Leroux veut réduire à 10 % la part d’énergie fossile dans sa production.

Dans la région Pays de la Loire, deux outsiders tentent de réinventer les process cimentiers tandis que, dans la brique en terre cuite, Bouyer Leroux entend s’affranchir de l’énergie fossile.

Il faut de l’audace pour s’attaquer à une industrie cimentière aussi oligopolistique que gourmande en capitaux. Dans les Pays de la Loire, deux outsiders relèvent ce défi. Cem’In’Eu, fondé en 2014 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), prévoit la création de six usines en Europe, d’une capacité de 250 000 tonnes pour la plupart.

La société développe de petites unités de production compactes, modulables et standardisées, implantées au plus près des bassins économiques régionaux, avec un rayon d’intervention d’environ 200 kilomètres et une desserte ferroviaire et par voie d’eau. À la différence des grandes cimenteries portuaires, l’entreprise ne fabriquera pas le clinker, matière première du ciment faite de calcaire et d’argile. Elle l’importera pour ne réaliser que le mélange du clinker et du gypse, puis le broyage et le conditionnement. Après Aliénor Ciments, à Tonneins (Lot-et-Garonne), ouvert l’an passé, Cem’In’Eu va poursuivre son développement, avec cinq autres unités, dont celle de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). Après une première levée de fonds de 40 millions d’euros en 2017, l’entreprise mène un deuxième tour de financement de même envergure pour mener tous ces projets.

Ciment décarboné

L’autre franc-tireur du ciment est le vendéen Hoffmann Green Cement Technologies (HGCT), qui a levé 65 millions d’euros en 2019 sur le marché Euronext Growth pour accélérer la montée en puissance de son ciment "vert" ou décarboné, par opposition au gris, à base de clinker issu de la cuisson. Les technologies mises en œuvre reposent sur les concepts de géopolymérisation et d’activation alcaline. "Le principe est de reconstituer des particules de manière moléculaire via des liaisons covalentes et non cristallines", résume Julien Blanchard, cofondateur de la société avec le chimiste David Hoffmann. Après l’extension du premier atelier de production à Bournezeau (Vendée), doté d’une capacité de 50 000 tonnes, l’industriel envisage la construction d’une deuxième usine (250 000 tonnes) sur le même site, le top départ de ce pari industriel n’étant pas encore donné.

Photovoltaïque et biomasse

Quant à Bouyer Leroux, dans le secteur connexe de la brique en terre cuite, son intention est d’effacer littéralement sa facture électrique. Ce groupe coopératif choletais a programmé 60 millions d’euros d’investissement d’ici à 2025 pour réduire de 60 à 10 % la part de l’énergie fossile dans sa production de briques, énergivore, pour la remplacer par du photovoltaïque et de la biomasse. Le groupe, fort de 23 sites, ne cesse parallèlement de se diversifier par croissance externe, notamment dans le béton. Dernièrement, c’est le breton Panaget, spécialiste des parquets en chêne d’origine française, qu’il a racheté. Selon Roland Besnard, le président de Bouyer Leroux, l’argile et le bois présentent plus de points communs qu’on ne l’imagine, dans une logique "de solutions d’éco­-construction performante". Ces matériaux "impliquent une relation circulaire avec les forestiers, les agriculteurs, les collectivités. Ils impliquent le séchage et la transformation en continu, avec une notion de variabilité liée à la matière première".

La performance énergétique demeure une constante dans la menuiserie, secteur industriel prépondérant dans la région. Mais le défi du moment est aussi la connectivité des ouvertures. Aux Herbiers (Vendée), K-Line, leader français de la fenêtre alu, multiplie les innovations, comme ces fenêtres oscillobattantes pilotées dont l’ouverture en soufflet permet de favoriser l’aération naturelle. Ce produit, l’entreprise l’a conçu avec l’allemand Siegenia, son partenaire en serrurerie. Sur le même principe, mais avec Somfy, K-Line a lancé une baie coulissante également automatisée, pilotable à distance et programmable. Cette innovation fait suite à d’autres technologies connectées, en partenariat cette fois avec Delta Dore, lequel incorpore un détecteur de verrouillage consultable sur smartphone avec, en option, une fonction alarme.

Les enjeux de rénovation énergétique et la bonne tenue de la construction neuve dans l’ouest de la France ont poussé Isover (Saint-Gobain) à investir 35 millions d’euros l’an passé dans une capacité additionnelle de 30 000 tonnes de laine de verre, dont une gamme de produits soufflés, dans son usine de Chemillé (Maine-et-Loire). Sur une tout autre échelle, l’alternative proposée par Cavac Biomatériaux a trouvé son marché. Ouverte il y a dix ans à Sainte-Gemme-la-Plaine (Vendée), cette usine de 45 salariés produit sous la marque Biofib une gamme d’isolants biosourcés à base de chanvre et de lin. La croissance est telle que le groupe envisage déjà une deuxième usine, offrant un débouché supplémentaire aux agriculteurs de ce groupe coopératif vendéen.

France Énergie traque les microsources de chaleur

France Énergie, à Laval (Mayenne), décline désormais dans l’habitat sa solution de pompes à chaleur sur boucle d’eau tempérée, jusqu’à présent destinée aux immeubles de bureaux. Le principe est de chauffer les logements à partir de la chaleur en excès récupérée via un double tuyau circulant dans l’immeuble ou même à l’échelle du quartier. La chaleur émise dans la cuisine, la salle de bains, une chambre exposée au soleil ou une boutique en bas de l’immeuble est captée et redistribuée en fonction des besoins de chaque logement. Les calories perdues dans les bureaux pourront, par exemple, chauffer l’eau sanitaire des appartements voisins. "La récupération de ces microsources de chaleur fatale dans l’ensemble du bâtiment et la production de chaleur à partir de l’eau de la boucle permettent de réduire jusqu’à 40 % la consommation d’énergie des logements collectifs", assure Henri Marraché, le directeur général de France Énergie, qui veut équiper 4 000 logements d’ici à 2023. Filiale du groupe Muller, la PME, forte de 65 salariés, table sur un chiffre d’affaires de 12 à 14 millions d’euros cette année, 20 % du chiffre d’affaires étant réinvesti en R & D.

Armor - Le film photovoltaïque organique Asca

Toit de la Cité des congrès de Nantes, serres maraîchères, mobilier urbain... Le groupe nantais aimerait revêtir toutes les surfaces qui s’y prêtent de son film photovoltaïque organique, un support presque aussi flexible qu’une feuille de papier et bien plus léger que les panneaux classiques en silicium. Nul besoin de renforcer le toit pour le poser. Asca est une déclinaison du savoir-faire d’Armor dans la formulation et l’enduction de couches minces sur films minces. Le groupe a investi 100 millions d’euros en dix ans dans cette diversification et installé une capacité de production annuelle de 1 million de m² de film dans son usine de La Chevrolière (Loire-Atlantique). Reste à trouver le marché pour de tels volumes. Hubert de Boisredon, le PDG, envisage pour Asca un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros et "plusieurs centaines d’emplois" créés d’ici à cinq à sept ans.

source : usinenouvelle.com

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