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Énergie. La forêt française, une ressource abondante, renouvelable… mais fragile

17/08/2024

Énergie. La forêt française, une ressource abondante, renouvelable… mais fragile

La filière bois en Bretagne représente 23 600 emplois. De l’arbre à son exploitation (récolte, transformation, bois de construction, de chauffage, emballage), tous les acteurs sont interdépendants. | NEOSYLVA

Le bois, ressource locale et abondante, fait de l’ombre aux énergies fossiles. Mais si la forêt française progresse en surface, elle est fragilisée par le réchauffement climatique. De la scierie Josso en passant par les menuiseries Helleux ou le gestionnaire de forêts Neosylva, tous les acteurs de la filière se mobilisent pour la préserver. Ces entreprises de l’Ouest concourent toutes au Prix de l’Entrepreneur de l’année, organisé par EY.

La forêt française couvre 31 % du territoire, soit 17 millions d’hectares. Elle est la 4e forêt européenne en termes de surfaces, après la Suède, la Finlande et l’Espagne. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle continue de s’étendre.  Chaque année, elle progresse d’environ 80 000 hectares , confirme Saïd Bakhtous, PDG de la scierie Josso, basée au Val-d’Oust (Morbihan). À l’heure des crises énergétiques et des conflits mondiaux qui pénalisent les importations en matière première, cette ressource renouvelable et locale a une valeur inestimable. Particuliers, entreprises ou collectivités, tous réfléchissent à intégrer cette énergie dans leur usage, notamment au niveau de leur mix énergie.

Pour certains, cela ne date d’ailleurs pas d’hier. Par exemple, le fabricant de menuiseries bois, PVC et aluminium Helleux, basé à Fougères (35) réemploie depuis des années les copeaux et poussières issus de son atelier bois pour se chauffer en hiver, en étant totalement autosuffisant. Et en raison de l’envol des cours de l’énergie en 2022-2023, l’entreprise réalise désormais des buchettes comprimées de ces chutes durant l’été, pour les utiliser en hiver, dans son 2e atelier de Guichen (35).  Au prix de l’énergie, c’était vital ! , ajoute Guillaume Lucas, l’un des trois dirigeants des Menuiseries Helleux.

Jean-Guénolé Cornet accompagne les propriétaires à gérer durablement leurs parcelles. En Bretagne, 95 % des forêts sont privées. | NEOSYLVA

À Nantes, depuis 2018, Neosylva propose ses services de gestion aux propriétaires privés de forêts, qui détiennent 95 % des surfaces boisées en Bretagne (75 % à l’échelle de la France). Profil type de leurs clients ?  Des urbains qui possèdent une parcelle de moins d’un hectare, indique Jean-Guénolé Cornet, président de Neosylva. Ces personnes ont souvent un attachement familial, presque affectif à leur terrain, mais n’ont ni le temps ni les compétences pour l’entretenir. C’est là qu’on intervient .

Une ressource à gérer durablement

Neosylva établit un diagnostic avec les propriétaires en listant les essences présentes pour établir un plan d’entretien et d’exploitation des arbres qui peut s’étaler de  30 à plus de 100 ans . Grâce à un contrat, Neosylva a les droits de gestion des parcelles, sans en être propriétaire.  Ce dernier monétise son patrimoine , souligne Jean-Guénolé Cornet, tandis que Neosylva perçoit la moitié des recettes du bois des parcelles, labélisé PEFC. À travers cette gestion durable, l’entreprise participe au défi majeur d’approvisionner en bois une filière qui pèse 440 000 emplois en France, tout en contribuant au maintien de la biodiversité.

Saïd Bakhtous (à gauche) et David Manceau sont tous deux dirigeants de la scierie Josso, établie à Val-d’Oust depuis 1910. | JOSSO

Dans le Morbihan, l’entreprise Josso produit 1,5 million de palettes en bois par an. Leader régional sur ce marché, celle-ci maîtrise l’ensemble de la chaine de transformation du bois : exploitation forestière, production de palettes ou commercialisation de sous-produits (copeaux, plaquettes…). Fondée en 1910, l’entreprise mesure pleinement la valeur d’une gestion durable de cette ressource :  Notre activité dépend directement de la capacité des propriétaires privés à reboiser. On doit donc conserver des prix à l’achat suffisamment haut pour qu’ils puissent le faire. On n’a aucun intérêt à tirer les prix vers le bas pour nos approvisionneurs , confirme Saïd Bakhtous. Avec d’autres acteurs de la filière, l’ONF (Office national des forêts) et le Centre régional de la propriété forestière (CNPF), Josso accompagne donc les propriétaires dans cette gestion durable pour pouvoir ensuite exploiter le bois arrivé à maturité : pins maritimes et épicéas de Sitka en grande majorité.


La forêt se fragilise

Ces deux dirigeants sont portés par la même conviction : la préservation de la forêt.  Déjà à mes débuts, il y a 32 ans, je voyais des transformations dans les bois,  se souvient Saïd Bakhtous. On ne parlait pas encore de changement climatique, mais on commençait à voir des insectes et des maladies auxquels on n’avait jamais été confronté . La forêt bretonne se fragilise.  On constate également qu’elle n’arrive plus à capter autant de carbone qu’avant , commente Saïd Bakhtous. Jean-Guénolé Cornet a la même préoccupation, depuis le début de sa carrière commencé à l’ONF.  La gestion des forêts publiques est bien faite. Mais j’avais fait le constat qu’il y avait un vide dans le privé. D’autant que le besoin de protection est croissant. Les épisodes de sécheresse et les incendies sont aujourd’hui une vraie menace en Bretagne . En juillet 2022, un incendie de grande ampleur a détruit plus de 2 208 hectares de landes et de forêt au cœur des Monts d’Arrée.

Pour s’adapter aux changements climatiques, c’est toute la filière qui cherche désormais des solutions. Josso expérimente la plantation sur ses parcelles exploitées de nouvelles essences, plus résistantes, comme le pin méditerranéen. Sans oublier de capitaliser sur cette ressource : l’entreprise morbihannaise porte actuellement un projet de chaufferie bois… afin de réduire sa dépendance à l’électrice et au gaz.

ouest-france

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