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En Moselle, Circa Group mise gros sur la production de solvant vert

26/08/2024

En Moselle, Circa Group mise gros sur la production de solvant vert

© La Semaine

Sur la plateforme pétrochimique de Carling-Saint-Avold, de grands équipements industriels sont arrivés. Ils serviront à la future usine de Circa Group. En Moselle, l’entreprise australo-norvégienne qui a déjà investi 73 millions d’euros dans son unité, envisage de produire 1 200 tonnes de solvant vert par an. Elle créera au passage 50 emplois directs et 250 indirects.

Sur la plateforme pétrochimique de Carling-Saint-Avold, de drôles d’équipements industriels arrivent par camion depuis le port d’Anvers en Belgique. Au global, il y en a pour 35 millions d’euros : tout un symbole. Parce que tout ce matériel vient concrétiser l’ambition de l’entreprise Circa Group. En Moselle, le groupe australo-norvégien prévoit de construire son usine ReSolute qui contribuera à la transformation vertueuse des activités industrielles de la plateforme de 600 hectares. Sur le site charbonnier de GazelÉnergie Émile Huchet, l’idée de l’industriel est de fabriquer un solvant vert obtenu à partir du bois issu des forêts vosgiennes et allemandes. Un procédé unique et novateur. « Nous utiliserons notamment la sciure de bois de l’usine de Norske Skog de Golbey localisée dans les Vosges », indique David-Alexandre Leduc, le représentant de Circa Group à l’occasion de la livraison du matériel fin juillet dernier. Le papetier norvégien Norske Skog est l’actionnaire majoritaire de l’entreprise innovante avec 26 % du capital.

Grâce à l’apport de 50 000 tonnes de sciure non traitée, coproduit des scieries (aucun arbre ne sera abattu spécifiquement pour les besoins de Circa), l’entreprise ambitionne de produire 1 200 tonnes de solvant vert à destination des industries cosmétique, pharmaceutique. En Australie, Circa Group exploite déjà une unité industrielle pilote dont la capacité de production culmine à 15 tonnes par an.

« L’idée est de remplacer progressivement les solvants issus des filières pétrochimiques identifiés par l’Union européenne comme hautement nocifs », explique encore David-Alexandre Leduc. Le marché des solvants serait de l’ordre d’un million de mètres cubes à l’année. « 350 000 tonnes pourraient être substituées par notre fabrication », argumente le conseiller pour rendre compte du potentiel du marché. Avec ça, Circa Group prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros et de générer 50 emplois directs et 250 indirects. Aucun client n’a été officialisé, mais les équipes de Circa Group assurent avoir reçu « plusieurs lettres d’intention. »

Mais avant de penser à la commercialisation, l’usine doit sortir de terre : « Les travaux devraient être terminés en 2025. Ensuite, notre phase de démarrage sera rapide », promet Philipp Morgenthaler, directeur industriel de Circa et responsable du projet ReSolute. Dès fin 2025, la production pourrait ainsi commencer. Avant ça, il reste quelques étapes et notamment l’obtention de l’autorisation environnementale par les services de l’État. « C’est prévu pour le mois d’octobre », confie le préfet de la Moselle Laurent Touvet.

Comment est financée l’usine ReSolute ?

Pour mener à bien son projet, Circa Group peut compter sur le soutien des collectivités. 27 % des financements proviennent de fonds publics : l’Union européenne, via le fonds BBI JU qui accompagne les activités de recherche et d’innovation dans le domaine de la bioéconomie, apporte neuf millions d’euros. Idem pour l’État (8,2 millions d’euros de France Relance et 850 000 euros du fonds charbon). La Région Grand Est débloque quant à elle 1,5 million d’euros et 500 000 euros arrivent de la communauté d’agglomération de Saint-Avold-Synergie.

(75 % des 20 millions d’euros d’aides publiques ont déjà été versés). Au global, l’investissement industriel pour ReSolute est de 73 millions d’euros. « Nous avons recours à nos fonds propres pour financer l’opération », assure Erik Berger, le directeur financier du groupe basé à Oslo en Norvège. « Nous aurons encore besoin de cash. Nous comptons sur des prêts bancaires ainsi que sur des levées de fonds. Une fois l’usine ReSolute en production, Circa Group se lancera dans la construction d’une deuxième usine, plus grande encore que celle qui s’apprête à voir le jour. » Pourrait-elle être localisée en Moselle elle aussi ? « Pourquoi pas », sourit Philipp Morgenthaler.

Une opportunité pour la centrale Émile Huchet ?

Pour ses activités, Circa Group dispose d’un terrain de trois hectares sur le site de la centrale à charbon Émile Huchet. « Nous travaillons ensemble depuis 2020 », rappelle Antonin Arnoux, le directeur du site Émile Huchet.

Cette implantation s’inscrit dans le renouveau de l’espace de ce site qui aura rendu tant de services à la Lorraine, mais qui aujourd’hui n’est plus en odeur de sainteté alors que le gouvernement souhaite sortir définitivement du charbon à horizon 2027. « Il est certain que la centrale ne fonctionnera pas dans les conditions actuelles pendant longtemps encore. La question est de savoir ce que nous y brûlerons demain pour produire de l’électricité », lâche Laurent Touvet.

Pour l’instant, plusieurs idées de reconversion imaginées par GazelÉnergie sont sur la table et entre les mains de l’État qui doit apporter des subventions. La plus crédible impliquerait une conversion de l’équipement au gaz, avec possibilité de sourcer le combustible vers du biogaz. Cette opération aurait un coût de 110 millions d’euros et permettrait de conserver les installations existantes. Par ailleurs, le projet Emil’Hy, qui vise à produire de l’hydrogène vert sur le site, avance. La demande d’autorisation environnementale et d’exploitation ainsi que le permis de construire viennent d’être déposés.

Sur la plateforme de Carling-Saint-Avold, les mois qui approchent s’annoncent décisifs !

La plateforme pétrochimique de Carling-Saint-Avold en chiffres

– 600 hectares

– 5 000 emplois dont 1 200 emplois directs

– Deux centres de Recherche & Développement chez Arkema et TotalÉnergies

L’info en plus

La plateforme de Carling-Saint-Avold compte plusieurs espèces protégées dont le pélobate brun, le crapaud commun, la coronelle lisse, le gobemouche gris ou encore le bouvreuil pivoine. Des vaches rustiques et robustes ont été accueillies sur le site exploité par TotalÉnergies, dans le cadre d’une nouvelle initiative en matière de biodiversité : un programme d’éco-pâturage.

lasemaine

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